Je ne vais pas vous la faire avec le classique: "si tu veux la paix, prépare la guerre". Trop usé, trop détourné, trop utilisé par les va-t-en guerre qui se cacheraient en Suisse s'ils devaient y aller personnellement.
Parlons plutôt avec des métaphores simples, comme celle du bon père de famille.
Imaginons un bon père de famille, non violent, qui, un jour, finit par être entouré de voisins mafieux et de petits caïds terrorisant le voisinage. Imaginons que la police soit absente et que l'Etat ne fasse plus rien pour lui. Mettons-nous à la place de ce brave type: il doit défendre sa dignité, éviter de devenir un esclave, éviter que le salopard du coin ne viole sa fille, éviter une vie de racket et de harcèlement, bref, trouver une solution à cette situation qu'il n'a jamais souhaité. Imaginons qu'il n'y ait aucun endroit où fuir (oui, où pourraient donc migrer un européen ? question ironique, n'est-il pas ?).
Il y a les soumis qui essaieraient de payer pour leur relative tranquillité, mais étant donné la folie de la violence, finiraient chaque jour par vendre un peu plus de leur âme jusqu'à devenir esclaves et avoir leurs enfants violés quand même au nom du droit de cuissage.
Et il y a les rationnels qui savent que incliner sa tête volontairement devant le bourreau n'enlèvera pas à celui-ci le plaisir de la couper.
On vit des temps étranges, certes, mais la tranquillité de jadis n'était que le résultat de pères de famille courageux qui se sont révoltés jusqu'à créer un mode de paix (certes, toute relative, certes plus pour nous que pour d'autres).
J'ai souvent été critique de l'Occident et on a pu ainsi me confondre avec ces gens qui s'appellent "insoumis" mais qui sont juste l'alter égo prétentieux d'une extrême droite bêtement arrogante. Oui, nous sommes coupables de bien des choses, nous autres Occidentaux. Oui, beaucoup se délectent de notre situation en nous rappelant notre arrogance passée. Mais je suis Français. Oui, je le suis devenu, mais par adhésion à un rêve qui, s'il ne correspond pas à la réalité de ce que j'ai trouvé en France, a fait de moi ce que je suis aujourd'hui.
Et mon monde, ma vie, ma famille sont maintenant intimement, structurellement, viscéralement liés à la France. Mon sort et le sien ne peuvent se dissocier, même si je n'y vis plus majoritairement.
Quoique je puisse penser donc de l'Histoire, j'ai le minimum de sagesse de comprendre qu'il n'existe de peuple parfait. Vous avez, j'espère, un minimum de sagesse pour comprendre que la critique est vitale au dépassement et, de plus, la critique de soi est une composante essentielle de l'âme française qui, en fait et n'en déplaise aux faux patriotes, constitue l'une des ses grandes forces.
Mais revenons aux bons pères de famille et aux mafieux. Le taré dans son bureau ovale avec sa cour n'est rien d'autre qu'un mafieux demandant soumission au bon gars qui cherche juste à faire survivre les siens. On en est là. Ceux qui croient que les caïds se contentent d'une fois sont simplement des idiots. Ceux qui croient qu'on peut discuter avec les psychopathes, n'en ont jamais fait vraiment l'expérience. Se déclarer non violent sur le dos du voisin en espérant que son sacrifice calmera les timbrés et les empêchera de continuer, sont juste, comme dire,... je n'ai pas vraiment de mots. Cela me prend aux tripes.
En fait, passer quinze minutes sur Internet dans la mélasse de la connerie humaine c'est se rendre compte, comme je l'ai dit de nombreuses fois, qu'il ne reste que très très peu de gens raisonnables, rationnels et la tête sur les épaules.
Oui, le danger est la Russie, le fascisme, donc maintenant les Etats-Unis, mais l'imbécilité vient définitivement en premier. Ces gens qui votent me font peur. Si chute il risque d'y avoir, c'est d'abord par eux.
Alors je vais mettre ici des mots terribles qui me font peur à moi-même, mais je me dois: les fachos prétendent que l'immigration est le mal. Les "progressistes", appelons cela comme-ça faute de mieux, prétendent au contraire que c'est la meilleure chose qui puisse nous arriver.
A observer LFI, devenu clairement un parti communautariste, je constate que l'immigration c'est juste une démultiplication (avec un coefficient à discuter) de nos propres tares. Les immigrants ne sont ni pires ni meilleurs. Ils sont comme nous, minables. En étant souvent plus fragiles socialement et économiquement de par le rejet, ils sont encore plus susceptibles d'agir sur la base d'instincts mauvais conseillers comme la peur. Ainsi la peur de ceux qui votent facho et la peur de ceux qui votent LFI sont, dans les deux cas, affaire de survie. Dans les deux cas il s'agit de votes de haine, puisque la peur et la haine sont les deux faces d'une même pièce.
Structurellement, la société se délite puisque ces deux camps n'ont pas de principes et que les principes sont, au fond, la seule chose qui peut véritablement nous unir. Les principes constituent les lignes rouges qu'on ne laisse pas franchir aux "méchants" de manière à nous protéger de la violence en pratiquant tous les jours les rites nécessaires à une vie saine en communauté.
Les fachos risquent de gagner parce que dans leur faiblesse ils ont la force de la violence des mafieux avec qui ils s'allient, le temps d'en être eux-même victimes. Je ne suis pas sûr que le miroir de ce scénario nous serait plus bénéfique.
Pour ceux qui ont lu "Les cinq stades de l'effondrement" de Dimitri Orlov, il y a certaines évidences qu'il énonce qui se vérifient en ce moment même. Je n'ai pas aimé ce livre, car il prétend beaucoup de choses en se basant, sommes toutes, sur des analyses à l'emporte pièce. Mais beaucoup de ses prédictions se réalisent et en particulier le fait que l'Etat capitaliste finit par s'allier à la mafia ne pouvant plus lui résister dans son effondrement. C'est au fond de cela qu'il s'agit et c'est pour cela que la métaphore du père de famille est juste. Nous faisons face à l'avènement d'un nouveau monde où les criminels sont plébiscités parce que les alternatives sont irréalisables. En tout cas, en apparence.
Comment alors se battre ?
Là, tout de suite, le désespoir des gens sensés est profond. Mais nous n'avons pas le droit de baisser les bras. Quitte à faire alliance avec ceux qui sont les plus aptes à tenir tête à la folie, fusse-t-il par intérêt. Exactement comme lorsqu'il s'est agit de lutter contre le nazisme. Je n'oublie pas ce que j'ai vu et ce que je pense, mais puis-je cracher sur ceux qui, aujourd'hui comme moi, mettent la priorité sur notre survie en tant que nation et européens ? Puis-je aller gueuler avec les idiots qui croient attendre leur heure en espérant un destruction rapide de notre société ? Toute est une question d'intérêt, n'est il pas ? Nous avons tous le même, mais la peur fait disjoncter les plus faibles. Restons donc forts.
Oui, je fais partie de ceux qui pensent que le système ne peut être modifié que par l'effondrement, mais je ne veux pas "m'effondrer tout seul" pour autant. Une Europe effondrée en premier, c'est, à cet instant précis et de part les données disponibles, laisser libre court au pire du pire. Je préfèrerais encore juste le pire.
J'ai des enfants. Est-ce qu'un seul instant je voudrais les voir aller à la guerre ? Qui ose prétendre cela de moi ? C'est pour éviter à mes enfants toute possibilité de sacrifice inutile que je dis, aujourd'hui, que c'est maintenant où jamais.
Et les faibles? Qu'ils aillent vivre en Russie.