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Billet de blog 19 janvier 2022

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LFI ou l'imposture écologique

Il n'y a que les éternels naïfs et les militants LFI à croire que ce mouvement est dirigé par des gens de bonne foi, ou peuplé de gentils bienfaiteurs des exclus. Mais au-delà de cette critique facile, parce qu'ils occupent l'espace de quelques bonnes idées en les vidant de leur contenu, il est vital de les combattre au même titre que tous les autres tartuffes, quitte à passer pour un nihiliste.

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J'ai la chance, du moins au moment et dans le contexte de cet article, de ne pas avoir trop de lecteurs. La probabilité est faible que la meute de chiens de garde du parti, ou tout simplement ceux qui ont préféré se laisser tomber dans le panneau, me tombe dessus pour montrer d'abord leur force et leur détermination, ensuite leur nombre. Je commence par ça, car s'il y a bien quelque chose qui m'a définitivement convaincu de l'imposture que représente LFI, c'est bien ce fonctionnement de meute de timbrés, absolument similaire à leurs semblables fachos, ou macronistes, entre autres. Pas qu'une fois j'ai pu observer un aveuglement religieux, une absence totale de recul, une mauvaise foi sans limites dès qu'on émet la moindre critique construite et factuelle sur ce mouvement ou son chef, le seul génie des Carpathes comme on dirait de par chez moi.

Ceux qui ont côtoyé un parti quelconque, connaissent bien cet état d'esprit militant qui n'a rien à envier à un membre du parti communiste chinois, qu'on observe aussi bien à droite, qu'à gauche. Ceci dit, s'il s'agit d'une misère commune, on pourrait espérer qu'un jour se lève un mouvement de gens honnêtes, d'abord honnêtes intellectuellement, capables de dire simplement "on a merdé", suffisamment sûrs de leur fait pour pouvoir changer d'avis, assez fermes sur leurs bases pour pouvoir accepter d'avoir tort.

S'il est vital que ce mouvement, a priori utopiste, existe, c'est parce que tout le reste en découle. L'hypocrisie et l'incohérence, bien humaines par ailleurs, ne peuvent servir de socle à des idées pour un monde nouveau. Ceux qui prétendent vouloir guider le peuple, tout en déclarant faussement en être la seule voix, soit dit en passant, ne peuvent espérer mériter la confiance que s'ils peuvent se prévaloir d'un degré supérieur d'honnêteté et d'intégrité. Ainsi, la question n'est pas si la compagne du chef s'est rempli les poches, mais comment est-il possible qu'il décide qu'elle soit la seule à pouvoir faire le job, alors qu'il sait pouvoir être sous influence de sa propre libido, ou de son amour pour elle, diraient ceux qui ne veulent pas choquer.

A dire vrai, ces petites péripéties de LFI ne m'intéressent pas, même si elles méritent l'attention normale qu'on doit accorder aux normes morales que ce parti s'applique, avant de vouloir en appliquer à d'autres.Ce qui m'intéresse et me met bien plus en colère c'est l'hypocrisie sur des sujets fondamentaux comme "qu'allons nous faire du monde de nos enfants ?".

Nous avons deux phénomènes de nature quasi apocalyptique en cours: la sixième extinction des espèces et le changement climatique. Certains ne voient que le deuxième problème et, déjà, ceux-là sont pas mal nombreux dans le parti, c'est un fait. Qu'on ne vienne pas me dire qu'à tel endroit, tel ou tel, ou tous ensemble, ils ont écrit que. Il suffit d'observer les faits et les mots de tous les jours, ainsi que le public qui peuple les rangs. S'il existe une large variété de profils, on peut constater un gros bloc de gamers, geeks frustrés et autres techno-béats, qui se mélangent d'ailleurs allégrement à leurs alter-égo fachos sur les forums à la mode. Le dernier meeting "immersif", "innovant", "première mondiale" du gourou, me fait plutôt penser à un rassemblement d'une secte en devenir, une secte dont la bouillie intellectuelle va de "on va sauver la planète grâce à la gentille technologie" (parce que vous savez, il y a la bonne technologie, et la mauvaise technologie) à "oh mon Dieu, vous avez vu comment on est des gens "culturés" ?". Au mieux, cela pourrait être un show d'Elon Musk, de Xavien Niel ou tout autre chef d'entreprise qui veut promouvoir ses petites affaires en se cachant derrière l'émerveillement du nouveau inutile.

Que je m'en prenne aux gamers, ce n'est absolument pas un hasard. Il se trouve que de ma maison, dans un lieu perdu dans la montagne, au lieu du bruit des oiseaux et du vent dans les feuilles, j'entends le bruit des rotors de quelques éoliennes. Et très franchement, je trouve d'une stupidité absolue qu'on remplisse la nature de ce bruit pour que des millions d'abrutis continuent de s'abrutir devant leur écran, ou pour que d'autres puissent miner des crypto-monnaies. Il en serait pareil s'il s'agissait du nucléaire, et il en serait pareil s'il s'agissait de miraculeusement trouver une source d'énergie totalement non polluante. Le problème n'est pas d'où vient l'énergie, mais qu'est-ce qu'on en fait.

Il faut comprendre, et c'est un fait prouvé, que plus la consommation d'énergie d'un groupe, un pays, une région est importante, plus la pression sur l'environnement est élevée. Ne parler que de CO2, c'est se foutre de la gueule du reste du vivant et, parler du CO2 quand on est gamer, c'est une insulte à l'intelligence, un peu comme ce maire écolo qui milite contre les bassines dans le 79, mais qui vient de se construire une piscine, déclarant ainsi implicitement que son droit à prendre du bon temps au dépend de la Vie est supérieur au droit de la FNSEA de voler l'eau du bien commun.

La volonté de modernité de Mélenchon, dans le seul but avoué d'attirer les jeunes vers la politique, donc de préférence remplir ses rangs de lobotomisés qu'on amadoue à travers leurs pires faiblesses, se heurte à un fait simple: la croissance, le progrès, la modernité sont les principales causes de tous les désastres écologiques. Pour faire simple, je dirais que l'écologie c'est la décroissance. Point.

Certes, il y a des personnages comme Ruffin qui en sont de toute évidence conscients, et on entend bien de temps en temps un cadre rappeler quelques vérités de base. Mais si je ne doute pas de la sincérité d'un Ruffin, je ne vois dans l'ensemble de l'œuvre du parti qu'une pêche aux électeurs peu efficace et sans conséquences. LFI utilise surtout les méthodes marketing et linguistiques du monde capitaliste et de l'entreprise parce que cela paye à court terme: cela lui permet de paraître sérieux dans un monde où la langue de bois est gage d'appartenance à la caste des leaders.

Mais à quoi tout cela mène-t-il ? Faire de la stratégie à deux balles, même en faisant appel à ses propres amis du monde la com', n'est-ce pas juste se noyer dans la médiocrité et s'enfoncer dans le déni ? Certains pourraient arguer que c'est efficace et qu'après on verra ce qu'on verra. A combattre avec les mêmes armes, soit on perd parce qu'on est moins bon, soit on gagne le jour où on a vendu son âme. Tout de suite, là, ils sont partis pour se prendre une raclée.

Alors que devrait défendre LFI selon le méchant nihiliste que je suis ?

Un monde nouveau. Quitte à perdre lamentablement les élections, autant le faire avec un certain panache, mais aussi avec un peu plus d'espoir de faire bouger les lignes. Imaginons ce parti, qui a un poids tout de même dans la société, défendre tout à coup la décroissance de manière définitive, systématique et cohérente. Cela aurait une tout autre gueule que les mails de la Maison de la décroissance que je reçois dans ma boîte aux lettres.

Imaginons qu'au lieu de vouloir changer la Constitution pour qu'il n'y ait plus de roi, ils décident de défendre une nouvelle version des droits fondamentaux où on inscrit dans celle-ci des choses simples, comme le droit de ne pas avoir sa vie régentée par la technologie, le droit de pouvoir parler à un humain quand on gère justement nos droits, le droit au silence technologique (au-delà de mon rapport personnel à la chose,  il est insensé que si peu de gens s'insurgent contre le fait qu'il faille être de plus en plus riche pour pouvoir s'offrir les seuls bruits de la nature), le droit des autres espèces à nous survivre, le droit de nos enfants et petits enfants de connaître une Nature proche de celle offerte aux yeux de nos ancêtres...

Oui, si on lit le paragraphe trente-sept, alinéa dix, et qu'on fait du verlan, on verra que c'est exactement ce que LFI dit. Oui, si on dit ça, plus personne ne va voter pour nous. Oui, tu ne comprends rien à la politique. Oui, nous on a de meilleures solutions. Oui, tu es juste un haineux. Ok boomer.

Tout cela on l'a déjà vu. Mais le temps de la politique "innovante" ou "à l"ancienne", toutes deux faites de petits calculs faits par de petits stratèges ou de petits algorithmes, est révolu.

Y a-t-il même une chance de réussir ? Je ne sais pas. Mais il y a la dignité de se dire qu'on a pris le chemin le plus courageux, le plus honnête et, in fine, le plus beau. Vive la beauté !

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