AVERTISSEMENT
Ayant abandonné une écriture inclusive rendant la lecture illisible, je préfère choisir de féminiser le neutre afin de rendre compte de la domination masculine et de l'invisibilisation des femmes dans la langue française. Curieusement, cela produit un sentiment de stigmatisation à leur encontre. Une expérience intéressante que j'invite la lectrice, à partager…
En attendant que d'autres scandales ne surviennent dans les institutions religieuses des anciennes colonies françaises qui n'ont aucune raison d'être épargnées par ces affaires, pourquoi ne pas s'intéresser aussi, aux violences pratiquées par certaines exerçant dans des établissements publiques ?
Je souhaite évoquer ici mon expérience personnelle survenue dans les années 70. Les faits sont donc prescrits, son auteur à la retraite et, je le souhaite, mort et enterré.
Le personnage, vieux garçon, passionné par l'île de Ceylan dont il nous faisait profiter de ses voyages avec des projections de photos de statues de Bouddhas assis, debouts, orteils écartés ou non, mais pas vraiment bouddhiste en vérité.
Pendant un an, durant ma 5ème, c'est donc la boule au ventre que je me rendais du lundi au samedi matin à l'école Pierre Brossolette, non loin de la mairie de Châtenay-Malabry dans les Hauts-de-Seine. Nous devions être un trentaine dans ce cas, terrorisées à l'idée de supporter l'humeur du jour de l'enseignant.
Lorsqu'il nous rendait les résultats d'exercices en classe, il lui arrivait de nous les jeter à la figure à travers la pièce s'ils étaient mauvais. sinon nous pouvions aller sans risques, les récupérer à sont bureau.
Incapables d'appréhender ses réactions, nous redoutions ses interrogations orales ou écrites. Je me souviens, par exemple, d'une copine sur laquelle il s'était acharné un jour pour des peccadilles. Après qu'il fût retourné à son bureau et constaté qu'elle pleurait encore, lui avoir hurler dessus pour lui demander "ce qu'elle avait encore". Et la gamine en larmes, de tendre sa main dans laquelle elle tenait une importante poignée de cheveux arrachés.
Pour ma part je retiens les nombreuses fois où ce sadique me souleva de ma chaise en me tirant l'oreille, la gauche qui en garde depuis les stigmates.
Son comportement était connu de tout l'établissement, depuis les enfants bien sûr, jusqu'au directeur avec lequel il entretenait d'excellents rapports. Avec la plupart de ses collègues aussi. Mon précédent instituteur, un gars très sympa, le rejoignait avec sa classe pour l'affronter sur l'un des terrains de foot du CREPS local. Ses colères lorsque son équipe perdait, était fréquentes et je me souviens aussi de mon instit cherchant à le calmer, sans jamais y parvenir. Je ne me doutais pas alors, de ce que ses élèves avaient à supporter de retour en classe
Cette totale acceptation de ses méthodes par la direction, n'avaient rien à envier avec celles des parents. Rares furent ceux osant le dénoncer, voir le menacer. La plupart étaient dans le respect de l'autorité qu'il représentait, comme si cela suffisait à justifier son comportement. Pour les gamines que nous étions, c'était forcément culpabilisant. Je n'ai jamais pour ma part, pu pardonner à mes parents de n'avoir jamais réagi. Je leur en parlais pourtant et la réputation de ce salopard était connue.
On ne peut parler ici de violence institutionnelle, mais "seulement" d'un comportement individuel. Cela ne retire en rien sa monstruosité ni le fait que cela a dû traumatiser des centaines d'enfants passés entre ses mains, c'est le cas de le dire…
Sans doute des types de ce genre ne peuvent plus exercer à présent. Question de génération et surtout de législation, les châtiments corporels étant interdits dorénavant, jusque dans la sphère privée.
Il n'empêche que je garde une profonde rancune vis à vis de l'établissement, de sa direction et de son personnel en général.
Je me souviens avoir fantasmé de le croisé un jour dans la rue pour lui foutre une bonne tannée. Et aussi d'avoir imaginer une histoire autour de son meurtre, où le personnage principal se rendant à son domicile pour exécuter sa vengeance, croisait dans l'ascenseur qui l'y menait, une jeune femme lui rappelant quelqu'une, une ancienne copine de classe en fait. Et de découvrir dans l'appartement, le corps sans vie et salement amoché de leur bourreau. Et de se voir arrêté par des flics prévenus après avoir fuit les lieux du crime…
Une histoire demeurée dans ma tête mais que la rédaction pourrait servir, à toute fin utile, d'expiation.