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Billet de blog 11 juin 2014

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Pas de victime, pas de crime !

En août 1937, l'État du Colorado (USA) était le premier à appliquer le Marijuana Tax Act que venait d'adopter l'État Fédéral. Une Loi inique, raciste et xénophobe, adoptée par une administration nord-américaine alors ségrégationniste, et fortement influencée par un puissant lobby industriel.

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En août 1937, l'État du Colorado (USA) était le premier à appliquer le Marijuana Tax Act que venait d'adopter l'État Fédéral. Une Loi inique, raciste et xénophobe, adoptée par une administration nord-américaine alors ségrégationniste, et fortement influencée par un puissant lobby industriel.

Le MTA prohibant la production, la vente et la consommation, il visait surtout à interdir désormais aux agriculteurs américains, de cultiver le chanvre pour ses fibres, sa cellulose et ses graines. Ainsi l'industrie pétrochimique et celle du papier voyaient-elles ainsi éliminé un sérieux concurrent. C'est ce même État Fédéral qui dût produire un court-métrage de propagande à l'attention des paysans américains, les incitant… à produire du chanvre. Diabolisée cinq ans auparavant, la plante se voyait présentée tout à coup en sauveuse comme le titre du documentaire l'indiquait : Hemp for victory ! (Du chanvre pour la victoire !).

L'ironie de l'histoire nous vient une nouvelle fois des États-Unis d'Amérique, car depuis le 1er janvier 2014, le Colorado est aussi devenu le premier État à légaliser la filière du chanvre récréatif. La boucle est bouclée pourrait-on dire sans trop s'avancer, d'autres États comme celui de Washington embrayant en ce sens suivit bientôt par 9 autres en cour d'examen du processus.

En Amérique du Sud, c'est un tout petit pays, l'Uruguay, qui a choisi lui aussi d'accorder des Droits aux cannabinophiles ainsi qu'aux cannabiculteur(trice)s en devenant la première nation à légaliser le cannabis. On en parle de plus en plus au Mexique où les conséquences de sa prohibition sont peut-être plus abominables que partout ailleurs. Les gangs y règnent en maîtres, monopolisant le marché, semant la terreur et corrompant la plupart des institutions du pays. Mais ceci n'est pas le privilège du Mexique non plus.

Nous voici à l'aube d'une formidable révolution… verte celle-ci. Après 80 années de propagande haineuse, raciste, mensongère et stupide, nous assistons enfin à la chute d'un des dogmes les plus criminogène que l'esprit humain ait pu inventer. Comment qualifier autrement un système institutionalisant la délation, inventant le crime là où il n'y a même pas de victime ? Aucun(e) consommateur(trice) de drogues n'a jamais été contraint à en prendre. Il s'agit bien d'un comportement individuel n'impliquant, qui plus est, aucun danger pour autrui dans la mesure où il est pratiqué en dehors de toute activité à risque (conduite de véhicule entre autres).

Alors quoi ? La France va-t-elle demeurer encore longtemps, tel le fameux village gaulois, le seul pays d'Europe à résister à ce que certain(e)s présentent comme un « très mauvais message » à adresser à LA jeunesse ?

« LA » jeunesse, parlons-en. Ce chiffon rouge, une population devenue la fondation, l'incontournable argument des prohibitionniste pour justifier l'injustifiable. Cette jeunesse que l'État prétend protéger tout en attribuant à une grande partie d'entre elle, le statut de délinquant. Le « bouclier humain » des adeptes de la répression.

Quelle ironie de constater aussi que tout ce que nous promettait la prohibition est un échec. Ne prétendait-elle pas de contenir l'usage, d'empêcher le trafic, d'offrir plus de sécurité ? Jamais la consommation n'a été aussi élevée dans notre pays battant tous les records en Europe. Jamais les réseaux criminels ne se sont aussi bien portés. Jamais les citoyen(ne)s n'ont vus leurs libertés et leur sécurité aussi précarisées.

Souvent moquées, régulièrement tournées à la dérision, les thèses antiprohibitionnistes n'ont pourtant, elles, jamais promis l'abstinence, la disparition des drogues, de leur usage, commerce et production. Ce que prétend la légalisation des différentes filières en des modalités différentes selon chaque substance, c'est de réduire les risques chez les consommateur(trice)s, de limiter l'impact sur le reste de la société. C'est aussi de reconnaîtres des Droits aux amateur(trice)s d'états de conscience modifiés. C'est d'offrir un choix aux citoyen(ne)s, en les responsabilisant et non en les infantilisant. C'est aussi de leur faire confiance pour juger de ce qui est bon ou non pour eux/elles. Et de les aider et non de les punir si ce choix s'avère mauvais.

En matière de drogues en général et de chanvre récréatif en particulier, c'est d'intelligence et non d'hystérie dont nous avons besoin. De pragmatisme et non de fantasmagorie.

C'est ce que de plus en plus de personnes réclament, à travers notamment la tenue d'un débat sur le sujet. Des voix appelant à l'organisation d'états généraux des drogues où pourraient être partagées les expériences de pays n'ayant pas fait le seul choix de la répression dans la gestion de ce phénomène.

Le sujet est suffisamment grave pour qu'il soit enfin pris au sérieux, suffisament sérieux pour ne pas être laissé aux seules mains de politicien(ne)s démagogues et de médecins fanatiques.

Parce qu'il est temps, sortons de la prohibition !

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