
Les plus naïfs d’entre nous auraient pu croire à une soudaine prise de conscience de l’hégémonique syndicat d’exploitants agricoles qu’on ose encore appeler « paysans », après qu’elle ait appelé à la mobilisation de ses troupes contre l’autorisation de l’ouverture d’une usine Total© de production de « biocarburant » à base d’huile de palme importée. Greenpeace y allant également dans la dénonciation, on aurait pu le croire…
Mais c’est sans compter l’indécrottable bêtise du syndicat et de ses responsables dont l’un d’eux osait dénoncer sur l’antenne de France Inter, la faute écologique de cette décision encourageant la déforestation et le massacre des orang-outang. On croit rêver !
Parler de scandale écologique quand on prône une agriculture industrielle usant massivement de produits phytosanitaires, le colza n’y échappant pas, c'est proprement dégueulasse. Et ce d’autant plus qu’il est produit sur de très grandes surfaces1. S’agissant de surcroît d’une utilisation non-alimentaire, on peut alors se demander dans quelle mesure nos « braves paysans » se limitent en traitements. Il suffit de se rendre sur les forums professionnels où l’on peut lire les encouragements… à ne pas le cultiver du fait de l’abondance de parasites !
Instrumentaliser la question de la disparition des grands singes est d’autant plus cynique que ces criminels participent largement à celle des abeilles, de la plupart des insectes aussi et de ce fait, des oiseaux !
La FNSEA est définitivement un syndicat du crime. En promouvant le modèle mortifère de l’agriculture productiviste, il est le bras armé de l’industrie agro-alimentaire qui, de son côté, empoisonne nos assiettes. Il participe par ailleurs à cette formidable escroquerie que représente les « bio-carburants » qui n’ont de bio que le nom.
Réserver d’importantes surfaces cultivables à la production de plantes destinées à jeter toujours plus de véhicules sur les routes et dans les villes est un scandale quand on sait qu’en dédiant ces mêmes surfaces à la production de céréales ou de plantes maraîchères biologiques, on arriverait à nourrir les Français en réduisant dans le même temps la production et la consommation de viandes.
La FNSEA est bien à l’image de cette société marchant sur la tête. Agitant le mythe du petit paysan qu’elle méprise en vérité en ne défendant que les gros principaux bénéficiaires des substituts de l’État et de l’UE. Ces braves gens perçoivent pas moins de 15 milliards d’euros d’aide au revenu alors qu’il n’ont jamais autant gagné d’argent grâce à l’explosion des prix2.
Ajoutons à cela que ces pollueurs, non contents d’être grassement subventionnés, ne sont pas tenus d’indiquer les produits toxiques qu’ils utilisent tandis que la filière biologique se voit dans l’obligation de payer un label sur chacun de ses produits, depuis la matière première jusqu’à chacune de ses transformations pour dire qu’elle ne pollue pas, elle, alors que cela nécessite beaucoup plus de main-d’œuvre sans pour autant recevoir d’aides. Et de s’étonner ensuite de prix supérieurs au conventionnel…
KShOO
1 - La fréquence de traitement (doses par an) du colza est de 5,5 dont 1,6 pour les herbicides, 1,2 pour les fongicides, 2,4 pour les insecticides et 0,3 pour les autres (https://www.journaldunet.com/economie/agroalimentaire/aliments-et-pesticides.shtml). Soit en fertilisants et amendements environ 269 €/ha et produits phytosanitaires 226 €/ha.
2 - En France, environ 10000 agriculteurs se sont partagés près de 6 milliards d’euros, soit en moyenne 600000 euros par exploitation. (source Libération)