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Billet de blog 12 avril 2016

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LES RÉPUBLICAINS ONT NADINE MORANO, LE PARTI SOCIALISTE, SAMIA GHALI…

Et il en faut des élu(e)s qui, de temps en temps, se chargent de la pousser un peu plus forte que les autres histoire de se faire entendre, d’exister politiquement, quitte à se mettre du monde à dos. Tant pis, si ça passe, c’est tout bénéf. Et quelques soient les énormités exprimées, il y a toujours des oreilles attentives, des cerveaux biaisés capables de gober leurs âneries.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’est donc la députée-maire de Marseille, Mme Samia Ghali, qui a cette fois-ci endossé le tablier de marchande à la criée en réagissant à la courageuse sortie de son « camarade » du parti socialiste, M Patrick Mennucci. Nous étions en droit d’attendre les cris de la Droite, mais c’est de la Gauche qu’est venue l’attaque. Et nous n’avons pas été déçu(e)s.
Samia Ghali est l’exemple même du personnage politique prêt à tout pour exister. Usant de ses origines sociales et populaires, elle s’en sert pour légitimer ses propos. Tout ce qu’elle dit, elle le sait parce qu’elle l’a vécu. Forcément, elle en vient… du peuple. Et la sagesse populaire, on le sait, c’est évidement le bon sens incarné.
Et la voici à raconter n’importe quoi, prétendre les pires bêtises, répéter des âneries que nos adversaires habituels n’oseraient peut-être pas reprendre à leur compte. On vole à raz du sol pour ce qui est du discours politiques, mais en haute altitude niveau démagogie. Mais ça fait parler. La preuve !
Décidément la question des drogues est un sujet bien trop complexe pour être laissé aux seul(e)s politicien(ne)s. Voyez ce que peut faire une élue d’une question abordant aussi bien la santé, la sécurité et la citoyenneté. Comment ensuite parvenir à organiser des débats sereins, comment dépassionner un thème de campagne aussi récurrent.
Cette omniprésence des drogues lors des campagnes électorales n’a d’autre raison d’être que la prohibition. Dès lors que nos société auront fait le pas et choisi de s’emparer de la question en décidant de la gérer du début à la fin. En organisant la production, le contrôle de la qualité, la mise à disposition des produits pour des usages divers, récréatifs ou thérapeutiques. En intervenant auprès des usagers problématiques, en favorisant une consommation à moindres risques. Dès lors il ne faudra pas bien longtemps pour qu’on observe que les conditions de vie des usagers les plus précaires se sont améliorés. Qu’ils s’en sortent mieux et parviennent désormais à mener une existence « normale », du moins dans la mesure du possible dans une société telle que la nôtre.
En légalisant le cannabis par exemple, on pourrait espérer que les autorités saisissent cette opportunité pour choisir d’intégrer une population jusqu’ici méprisée et conduite à vivre de négoces illicites. Sans caricaturer, ces jeunes sont capables d’ouvrir kebabs, magasin de vapo, de streetwear, de téléphonie mobile, alors, avec des formulaires simple de « licence cannabis », pourquoi ne tiendraient-ils pas des « cannabistrots » ?
Une régulation intelligente se doit d’intégrer les actuels acteurs de la filière. Il ne faut pas éliminer le marché noir mais le verdir. Éliminer celles et ceux qui ne respectent pas le droit désormais en vigueur en la matière, celui qui protège aussi bien les consommateur(trice)s que les producteur(trice)s et les employé(e)s. Finis les règlements de compte à l’arme lourde. Les conflits se résolveraient devant des tribunaux de commerce ou des Prudhommes !
On saurait aussi à quoi sert l’argent généré. Les professionnel(le)s paieraient des taxes que l’État récupèrerait pour financer divers projets sociaux-culturels. Les sous ne manquent-ils pas en matière de santé, d’éducation et de loisirs ?
Quant à la police, toujours à se plaindre d’être mal aimée, méprisée par une majorité de la population et par une non moins importante partie de la jeunesse… sans doute la verrions-nous moins mal considérée. Si ses agents ne sont plus à traquer ou harceler principalement les jeunes issus des quartiers populaires et de l’immigration, sans doute là aussi verront-ils leur image de marque regagner en popularité. Ne soyons pas trop optimistes. Gageons qu’il y aura toujours matière à se faire détester en occupant une profession chargée de maintenir une société aussi inégalitaire et injuste…
L’utopie est du côté de ceux qui prétendent qu’une société sans drogues est possible. La commission des stupéfiants de l’ONU en a déjà fait l’expérience quand en 1998, elle prévoyait pour les 10 ans à venir, une éradication pure et simple des plantes à drogues de la surface de la planète. Sans l’ombre d’un sourire… En 2008, tout avait progressé en matière de stupéfiants. La production, le trafic, l’enrichissement et l’influence des réseaux criminels. La consommation aussi, évidement. Et ne parlons des effets concomitants (comportements à risques, agressions liées à l’approvisionnement difficiles, diffusion de virus…).
Cette année, l’ONU se réunie à nouveau sur la question des conventions internationales sur les stupéfiants. Une AG extraordinaire se tiendra à New-York City du 19 au 21 avril. Elle a été convoquée à l’initiative de pays d’Amérique désireux de remettre en cause ces accords. Ses conclusions ne devraient cependant pas faire progresser notre cause tant que ça. De nombreux États ne démordent pas du dogme prohibitionniste. Certains d’entre eux appliquent la peine de mort et autres actes de barbarie à l’encontre des usagers et des « trafiquants ». Et nous ne parlerons pas des conditions sanitaires et de la réduction des risques…
La politique des drogues y est menée de manière martiale, sans que la société civile ne puisse s’exprimer semble-t-il. La sagesse a cédé la place à l’idéologie.
C’est assez ironique dans la mesure où c’est souvent ce que nous reprochent nos adversaires ici en France. Du moins les moins virulents d’entre eux. D’être trop « idéologue ». Curieusement l’antiprohibition serait une « idéologie » tandis que la prohibition, non ? L’origine étymologique identique n’empêcherait pas la distinction ? Étrange.
On nage ici en plein dans la novlangue chère à Georges Orwell. Les mots ont un sens mais celui-ci peut être modifié, être interprété différemment selon les intérêts de chacun(e).
On nous parle d’utopie, d’un monde bisounours, d’angélisme aussi. Ne l’entendez-vous pas souvent répété ce mot « angélisme » ? Il est la plupart du temps employé pour dénoncer des politiques sociales n’ayant pas eu le temps ou les moyens de faire leurs preuves. Si ça ne marche pas avec les programmes sociaux, c’est qu’on a fait preuve de trop d’angélisme. Seule la fermeté fonctionne alors. L’ordre et la matraque pour aplanir les différences, contenir les conflits sociaux, réduire au silence les contestations.
L’utopie c’est de croire qu’un monde sans drogues est possible. Qu’il ne peut y avoir de comportements déviants chez l’être humain, que nous sommes tou(te)s égaux(ales) face aux produits psychotropes. Et bien non, ça n’est pas le cas. Certain(e)s ont besoin de modifier leur état de consciences, ne supportant pas leur condition, d’autre simplement pour se détendre. Certain(e)s aussi le vivent très bien tandis que d’autres en bavent, ne parvenant pas à maîtriser leur consommation. La plupart d’entre eux/elle ont en tout cas une furieuse envie de vivre, même si leur conception de la chose ne correspond pas à la grande majorité de notre espèce. Là n’est pas la question.
La question est de savoir si chacun(e) d’entre-nous peut avoir sa place dans cette société humaine ? Cela semble évident tant elle est déjà diverse et variée. Composée essentiellement de minorités au seins desquelles se trouvent d’autres minorités, d’autres communautés. Ainsi la notion même de « communauté » devient-elle complètement abscons. On entend par communauté un groupe d’individu aux mêmes caractéristiques, non ? Mais de quelles caractéristiques s’agit-il ? Ethniques, culturelles, religieuses, sociales, sexuelles ? C’est vague de par leur profonde tendance à s’interpénétrer.  À quelle communauté appartiendrait un individu d’origine étrangère, très cultivé, chrétien, gagnant bien sa vie et homosexuel ? Il ferait parti de chacune de plusieurs communautés, et d’une minorité en chacune d’entre elles.
Voyez comme les mots ne suffisent pas à définir ou expliquer, qu’ils peuvent être aussi employer à tord et à travers, inconsciemment ou délibérément. Qu’ils ne sont jamais anodin et demande toujours d’être analysés.
Et quand on entend aussi que la question des drogues est un « petit sujet », qu’il n’a pas tant d’importance que ça, l’existence même de ce texte – loin de tout prétention – démontre le contraire. Partant du sujet des drogues, il en vient logiquement à des questions plus larges pouvant amener à une réflexion sur la société tout entière.
Des débats d’idées dont nos concitoyen(ne)s sont friand(e)s. Sans doute pas plus que les autres partout ailleurs, ne soyons pas ethno-centristes. Les Nuits Debouts qui fond suite aux rassemblements populaires espagnols notamment, sont là pour le rappeler. La question des drogues devraient y être abordées et personne d’autres que les usagers eux-mêmes n’est capable de s’y atteler. Une occasion magnifique pour que notre parole regagne en crédibilité.
Citoyen(ne)s de France et d’Europe, entre autre usagers de drogues, tu peux en ta qualité te rendre en ces assemblées. Tu dois pouvoir t’y exprimer et appeler à une réflexion globale sur le sujet qui te concerne. N’attends de personne d’autre d’encouragements pour le faire. Ni que d’autre ne lance l’initiative. Arme-toi de patience car il n’est pas dit que tu ne rencontres pas d’opposition, voire le même mépris que l’on observe ailleurs. Seulement là, on pourra lui opposer le bon sens. Il devrait bénéficier d’un climat bien moins passionné. Et de la profusion d’échanges qu’il devrait suscité, on devrait alors voir se dessiner une nouvelle approche des drogues.

KShoo

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