Face à la baisse du prix des métaux et de la concurrence des pays de l'Est d'une part, et, d'autre part, de l'établissement de normes environnementales, la société Penarroya (propriétaire du site minier depuis 1920) se trouve en grande difficulté dès 1980. Aussi, en 1988, elle s'associe à la branche des métaux non ferreux du groupe Preussag pour former Metaleurop. Sa spécialisation : la production, transformation et valorisation des métaux non ferreux tels que le zinc, le plomb et divers métaux aussi rares que spéciaux (l'indium, par exemple, est utilisé dans les écrans plats ou les roulements à billes du matériel aéronautique militaire). De l'or aussi. Une fusion résultant d'une stratégie industrielle savamment pensée, pourrait-on dire, mais loin de toutes préoccupations écologiques.
Des efforts d'assainissement sont toutefois réalisés sans pour autant empêcher des accidents mortels. En 1993 et 1994, deux explosions sur la colonne de purification de zinc font onze morts. En 1996, Preussag se retire du capital de Metaleurop, laissant la place à Glencore, un groupe suisse de courtage en matières premières. Faut-il n’y voir qu’une simple suite de causes à effets ?

Dès lors que Glencore devient l’actionnaire majoritaire, Metaleurop fractionne toutes ses activités et les filialise en plusieurs sociétés. L’établissement de Noyelles-Godault devient Metaleurop Noyelles, puis Metaleurop Nord. Rien d’illégal jusqu’ici. Juste une question juridique et d’écriture comptable signées de la main du trader, assurément.
Or, la filiation de Metaleurop Nord se fait de manière rétroactive, situant sa date de création au 1er octobre 1993 – ce qui est fort pratique pour y transférer les frais liés aux accidents mortels (soit la modique somme de 250 000 000,00 fr., à laquelle s’ajoute celle liée aux assurances : 190 000 000,00 fr.). Metaleurop SA ne s’arrête pas en si bon chemin. Elle transfère également sur le compte de Metaleurop Nord les actifs nauséabonds que sont les 100 000t. de déchets industriels.
Ce n’est pas tout
Le service commercial de Metaleurop SA se filialise également, et devient Metaleurop Commercial SA. Dans la manœuvre, les commerciaux sont licenciés au profit de personnes jugées plus proches de Glencore. Pour preuve : Metaleurop Commercial SA signe dans la foulée deux contrats d’exclusivité avec Metaleurop Nord. Ils stipulent que l’achat des matières premières et la revente des produits manufacturés dans le Pas-de-Calais relèvent de la seule responsabilité de Metaleurop Commercial SA. Si jamais on aurait voulu placer sous tutelle Metaleurop Nord, on ne se serait pas pris autrement. En résumé, Metaleurop Nord est désormais sous patronage de Metaleurop Commercial SA, filiale de Metaleurop SA dont l’actionnaire majoritaire est Glencore.
Là encore, ce n’est pas tout. [...]