
Une première édition de 2006 qui déjà - encore, pourrait dire désormais - invite le lecteur à méditer sur son mode de consommation. Ce texte aussi court qu'efficace, rédigé deux ans avant la crise financière de 2008 - celle qui a vu le sauvetage des banques par les pouvoirs publics sans contrepartie aucune (ce qui, au passage, a aggravé la dette des États, lesquels ne reçoivent, aujourd'hui, aucun cadeau de leur part) - établit un diagnostique si malheureux qu'il propose une solution dépourvue de l'aide des mêmes pouvoirs publics asséchés par ses bourreaux.
Un constat historicisé, d'abord.
Il y a 200 ans à peine, Napoléon Bonaparte ne pouvait pas aller plus vite qu'Alexandre le Grand, Jules César ou Gengis Khan, car tous étaient subordonnés à la vitesse du canasson. La nature imposait limites et cadences. Comme c'est bon de le rappeler !
Avec l'ère industrielle et celle du thermodynamique, l'humanité est passée du cheval canasson au cheval vapeur - non sans l'aide de la conjonction de plusieurs facteurs : le « génie inventif de l'Occident » dans la physique, la mécanique, la chimie, l'électromagnétique et du capital financier provenant des bas de laine paysans d'une part, et, d'autre part, des riches sous-sols des empires coloniaux conquis par la force militaire - et celle de leurs esclaves. Aussi, dans ce type de société, une structure pyramidale de dominance s'impose. Au diable la coopération ! C'est pourquoi la souffrance humaine s'accroît, mais j'y reviendrai...
Enfin, édition de 2006 oblige, le diagnostique s'arrête sur ces énormes bénéfices dégagés en un temps record, au profit d'une infime minorité, laquelle, de surcroît, n'a aucune garantie sur leurs pérennités. Le pétrole n'est-il pas une ressource épuisable ?
La part du colibri, ensuite.
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s'active, allant chercher quelques gouttes d'eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d'un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n'es pas fou ? Tu crois que c'est avec ces gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu ? »
« Je sais, répond le colibri, mais je fais ma part. »
Ainsi Pierre Rabhi nous invite-t-il à faire notre part... Mais quelle est-elle ? [Lire la suite]