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Billet de blog 27 octobre 2016

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Guide des égarés, Jean d'Ormesson, Gallimard

Guide des égarés, signé par Jean d’Ormesson, membre de la vieille Académie française, s’adresse semble-t-il, à tout le monde. Or, il n’en est rien. N’allez pas croire cependant qu’il se destine à une poignée d’élites, la lecture y est agréable, aisée et nous tire même un brin de plaisir. Mais ce plaisir fugace est saboté au dernier tiers de l’ouvrage. Un essai malmené par un académicien fort bien

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Guide des égarés, signé par Jean d’Ormesson, membre de la vieille Académie française, s’adresse semble-t-il, à tout le monde. Or, il n’en est rien. N’allez pas croire cependant qu’il se destine à une poignée d’élites, la lecture y est agréable, aisée et nous tire même un brin de plaisir. Mais ce plaisir fugace est saboté au dernier tiers de l’ouvrage. Un essai malmené par un académicien fort bien assis dans un fauteuil d’où son esprit sommeille.

Illustration 1

« C’est à la question : « Qu’est-ce que je fais là ? » que s’efforce de répondre ce manuel de poche qui n’a pas d’autre ambition que de décrire avec audace, avec naïveté, avec gaieté ce monde peu vraisemblable où nous avons été jetés malgré nous et de fournir vaille que vaille quelques brèves indications sur les moyens d’en tirer à la fois un peu de plaisir et, s’il se peut, de hauteur. » Aussi, ce guide se veut être un guide dont les égarés pourront tirer des réflexions qui, de fait, les aideront à mieux arpenter le chemin de Compostel.

Alors comment fait-il, l’auteur, pour prendre de la hauteur sur l’invraisemblance du monde ? Trente chapitres fractionnent sa pensée pour mieux la déplier et, par-là, nous transmettre sa vision du monde. Trente chapitres en 110 pages – soit 3 pages et demie par chapitre. M’est avis que son fauteuil est plutôt bien fourni en plumes de canard, ce qui le rend douillet à souhait.

Trente chapitres donc, tenu par le fil rouge « Qu’est-ce que je fais là ? ». C’est pourquoi le premier d’entres eux se nomme L’étonnement (passons le Mode d’emploi qui, en lieu et place de nous fournir une notice inutile, oblige le lecteur à rejoindre les égarés d’ormessonniens).

À L’étonnement d’être là, vivant, sur cette planète minuscule mais non moins la plus importante de l’univers à nos yeux, succède une série de chapitres dont l’enchainement relève du génie. Ainsi, après La disparition – où la mort de toutes matières est une règle immuable, même l’univer n’y échappera pas – L’angoisse impose La question : Qu’y a-t-il après la mort ?
Et Jean, de nous livrer ses trois réponses : « La première : il n’y a rien. La deuxième : il y a autre chose – par exemple une infinité d’histoires, d’univers et d’esprits. La troisième : il y a Dieu. » Il en manque une : le chaos. La déliquescence. Nos particules organiques se désagrègent en absorbant l’humidité de l’air et deviennent liquides. Se faisant, de nouvelles bactéries s’activent dans un bouillon de culture pour nous métamorphoser en un troupeau de ténias affamés.

Force est de constater que nous ne savons pas si l’esprit survit à la mort du corps. Une énigme ? Un mystère ? Une quête intellectuelle plutôt. Les nombres « jettent un peu de lumière sur le mystère » assurément. Comme la plume de Jean d’Ormesson frise le subtil, la maîtrise, dans les chapitres qui suivent ! On y verrait même l’amorce d’une cosmogonie contenporaine tant l’auteur s’appuie sur la science. Faut dire que les récents résultats de cette dernière dépassent les imaginaires les plus fertiles. Les pages s’avalent, s’ingurgitent... jusqu’ au chapitre sur La justice. [...]

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