Habitant depuis 2004, année de sa livraison, l'immeuble qui jouxte une partie des bâtiments du lycée professionnel Jean Jaurès qui s'étend entre l'avenue Simon Bolivar et la rue Clavel, dans le dix-neuvième arrondissement de Paris, je témoigne des faits suivants :
Le dit lycée, récent puisque construit en 1993 par l'architecte Philippe Gazeau, est fermé depuis maintenant cinq ou six ans* : la mémoire des habitants de l'immeuble varie mais la Région, dont dépend le lycée (qui se consacrait avant sa fermeture aux métiers de la pierre) connaît évidemment la date exacte. La personne qui a "informé" la journaliste du Figaro (article du 25.04.2016) a donc donné des informations erronées puisque l'article fait état d'un lycée inoccupé depuis "quelques mois".
Quand le lycée a fermé, il nous a été dit, entre autres par le dernier directeur de l'école et quelques professeurs, que le lycée devait fermer deux ans "pour travaux" et qu'il rouvrirait ce délai écoulé. On peut s'étonner qu'un bâtiment quasiment neuf se voit contraint de fermer pour travaux pendant un délai si long (mise à jour de nouvelles normes ?) mais l'architecte et/ou les services compétents doivent être à même de fournir les explications nécessaires.
Plusieurs années se sont donc écoulées sans que cette réouverture ait lieu ; quelques travaux ont bien eu lieu par intermittence : notre appartement traversant, situé au 5ème étage, donne à la fois sur l'avenue et sur l'intérieur des bâtiments du lycée. Et nous avons pu nous rendre compte, de temps à autre, d'une certaine activité en ce domaine sans qu'un ensemble suivi ait jamais eu lieu.
Notre immeuble a d'ailleurs eu des problèmes à ce sujet avec le lycée : il a fallu attendre le début de cette année, soit douze ans, pour qu'un couvert en zinc qui revêt au faîte le mur qui nous sépare de l'établissement soit enfin remis en place (le mur très dégradé au-dessous en témoigne).
Mais Monsieur Dayot, en charge de l'exécution de ces travaux, doit pouvoir fournir toutes les informations utiles à ce sujet.
L'an dernier, au printemps 2015, si mes souvenirs sont exacts, il m'a été donné de rencontrer et de bavarder, devant le lycée, rue Clavel, avec quelques compagnons qui oeuvraient à l'intérieur du bâtiment : je leur ai demandé si ces travaux étaient enfin terminés et si l'établissement allait bien rouvrir à la prochaine rentrée, soit celle de l'année scolaire 2015-2016. Un des membres de l'équipe qui semblait en être le chef me répondit alors quelque chose du genre : "Oh ! non ! Le budget est épuisé. Y a plus de sous. Faudra attendre ! "
Et, effectivement, la dernière rentrée 2015-2016 a eu lieu sans voir la réouverture du lycée.
Ce dernier a servi épisodiquement, notamment à la fin de la précédente année scolaire : un incendie ayant endommagé une école de la rue Fessart, Jean Jaurès a accueilli pendant quelques semaines plusieurs de ses classes.
Avis personnel devant le scandale que constituent :
- l'inutilisation de ces bâtiments,
- l'indifférence des pouvoirs publics à cet égard,
- le gaspillage de l'argent public,
- le manque de locaux éducatifs dont se plaint régulièrement le corps enseignant,
on ne peut que se féliciter de voir enfin ce lycée servir à des êtres humains dans le plus grand dénuement. Et réclamer son aménagement pour qu'il leur soit le plus commode et le plus utile possible.
Heidegger disait, si je me souviens bien : "La loi est faite pour l'homme et non l'homme pour la loi".
La Région et la Ville s'honoreraient de faire triompher l'humain en accomplissant cette mission.
Fait pour valoir ce que de droit,
A Paris, le 27 avril 2016
* En fait, c'est depuis sept ans, nous semble-t-il, que Jaurès est fermé. Quant à sa réouverture prochaine : c'est une plaisanterie quand on voit dans quel état se trouvent certaines parties du bâtiment (notamment les ateliers pierre qui sont apparemment restés tels qu'ils étaient au moment de la fermeture ; blocs de pierre, gravats sont toujours en place, etc.)
On pouvait espérer que la bonté et l'esprit de charité attribués de longue date (à tort ou à raison ?) à la gent féminine conduiraient Mmes Pécresse et Hidalgo (fille d'immigrés, ai-je cru comprendre) à plus de mansuétude...
Bon dimanche,
Claudine Rulleau