Le fameux "esprit du 11 janvier" va à nouveau occuper la place de la République ce dimanche à Paris. Avec Johnny, avec les choeurs de l'armée française (sans blague ?), avec François Hollande. Une seule tâche pour le pouvoir dans ce tableau édifiant des "valeurs de la République" : les migrantEs qui campent sur la place.

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Alors par trois fois le pouvoir a essayé de les chasser. Temporairement le score est 2-1 en faveur des migrantEs contre la police.
Le lundi 28 décembre en fin d'après-midi les flics ont encerclé une soixantaine de migrantEs menaçant d'utiliser la force pour les disperser et les forcer à prendre le métro puis ont dû abandonner sous la pression d'autres migrants arrivés sur place.
Le mercredi 30 les flics sont revenus en force. A 7H00 du matin cette fois, prenant les migrants au réveil qui ont d'abord cru qu'il y avait des hébergements à la clef. Ils ont tous fini dans un commissariat... et remis à la rue.
Le soir même ils revenaient, avec un rassemblement de soutien. Des forces considérables de police ont alors été déployées pour faire une nasse. Mais 150 migrants et autant de soutiens ont refusé de bouger, les unEs - dans la nasse - chantant, lançant des slogans pendant plus de deux heures tandis que les autres prenaient les flics à leur propre piège en les encerclant et en tournant autour d'eux. Jusqu'à ce que les flics abandonnent.
Le réveillon des migrants a alors pu se tenir sur la place de la République avec une banderole hissée à minuit sous les acclamations. Deux jours plus tard des bâches ont été installées puis des dizaines de tentes ont poussé. Tout cela sans réaction des autorités.
Cela ne va pas durer et sera sans doute terminé quand vous lirez cet article. La place doit être nettoyée pour ne par ternir la "fête" nationaliste. La détermination des migrantEs va-t-elle encore payer avec des hébergements ou le pouvoir se permettra-t-il une expulsion de force ? Deux choses sont sûres. La première c'est que cela démontrera encore une fois l'hypocrisie des discours qui seront tenus dimanche sur cette même place. La seconde c'est que tout cela n'a rien à voir avec l'état d'urgence qui permet un concert de masse célébrant la nation et l'armée mais réprime ceux qui les contestent.
Décidément, comme le symbolisent leurs tentes sur une place de la République que les autorités voudraient "propre" et parée de drapeaux bleu-blanc-rouge, les migrantEs sont les herbes folles d'une République hygiéniste. Raison de plus d'être avec eux et elles.