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Billet de blog 8 juin 2016

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En attendant un nouveau camp, avec un film de F. Roy sur l'évacuation d'Eole

Un film sur l'évacuation d'Eole le 6 juin 2016, qui s'est moins mal passée que d'habitude malgré l'incertitude des destinations, le manque de professionnalisme et la négligence des autorités, qui n'ont d'égal que la suffisance et l'arrogance du préfet...Bilan: malgré un plan com "réussi", des dizaines de migrants sont à nouveau laissés sur le carreau, annonçant déjà un nouveau campement.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A 13h les pelleteuses nous débarrassent déjà des traces de vie du campement d’Eole, ou pendant 1 mois, jusqu'à 1800 personnes dont des familles entières, femmes enceintes, bébé, ont vécu sous nos yeux. L’évacuation "pour cause sanitaire" s'est déroulée de 7 h à 12h, dans le calme, malgré la masse humaine impressionnante qui n'en finissait pas de sortir du campement de la honte. Une quarantaine de bus les ont emmenés vers des destinations inconnues.

"Eole après l'évac" (9'35") © Florence Roy

Sans attendre, les soutiens et les riverains sont restés sur place et ont enclenché une nouvelle phase de travail pour tenter de les retrouver en appelant les migrants, puisque la Prefecture qui avait la charge de cette évacuation ne collabore pas avec eux pour faire un suivi correct des réfugiés et les accompagner, dans leur langue, dans leur nouvelle vie. Si certains ont eu de la chance et sont très satisfaits de leur hébergement, la moitié sont logés en gymnase. Soit environ 800 personnes en gymnase. Un réfugié nous montre son numéro de lit au gymnase de Lagny ou, dit-il, "on est plus de 400, il y a 4 douches et 1 toilette".
A 13 h les médias-porte-paroles gouvernementaux nous arrosaient d'images choc, de courageux flics avec masques de protection anti-tuberculose gérant une veritable masse humaine qui semblait sortie de nulle part. On a vu des gens en costume, une ministre, et malgré le caractère sanitaire de l'évacuation il n’y avait aucun pompier. Très peu de ces "huiles" se sont aventurées à dépasser le niveau des bus et encore moins à mettre un pied dans le campement. Pareil pour les medias, regroupés dans une rue proche à l'entrée des bus pour faire de l'image avant l’édition de 13h. Pendant que les bus partaient pour des longs trajets, 1 ou 2 heures de paris, les journalistes les plus téméraires allaient filmer les chanceux réfugiés logés au lycée Jean Quarré à Paris. Belle opération de communication au profit de la Préfecture et de la Mairie qui travaillent « main dans la main ». Pour répéter unanimement que "tout s'est très bien passé », « ils sont tous montés dans les bus », "ils ont tous été logés"... "pour un mois".
"Mais ou vont-ils aller? Que fait l'Etat?" se demande un riverain qui regarde les pelleteuses pressées de faire disparaitre la politique migratoire de notre pays. "on est débordés" constate une femme du quartier. « Il n'y a pas de solution ».
A 18h les soutiens vidaient la benne installée par la Mairie Place des Fetes, empaquetant les couvertures et tentes pour les laver, et les ré-utiliser. Notre « trésor de guerre » dit un soutien.
A 22 h une trentaine d'Afghans, soudanais, somaliens, etc... à nouveau à la rue ou fraichement arrivés, tentaient de s'installer un coin de bitume au Quai de Jemmapes, jusqu'à ce que la police les déloge. A une soutien qui leur demandaient où  ils pouvaient aller, les policiers répondent en procèdant à un contrôle d'identité en bonne et due forme et assorti d'un: " c'est votre boulot de trouver un lieu. Si vous n’êtes pas contente allez voir la Mairie!".
Aujourd’hui besoin de monde pour aider à laver les tentes autour du chapiteau… Ce soir ils seront sûrement le triple...

(le 7 juin 2016)

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