Mercredi dernier, suite à la signature en catimini à Bruxelles, d'accords UE-Afghanistan qui permettent désormais d'expulser d'Europe à minima 80 000 ressortissants afghans vers une mort possible, que celle-ci soit le fait des Talibans, de l'armée afghane ou de l'OTAN, des exilés du campement de rue de Jaurès ont organisé une manifestation vers l'Ambassade d'Afghanistan, avenue Raphaël. Devant celle-ci, il y avait davantage de CRS que de manifestants.
Vendredi dernier, lors d'une énième opération policière matinale (la 19ème depuis le 31 juillet dernier), une centaine de demandeurs d'asile et une personne solidaire ont été raflés sur le campement de l'avenue de Flandre et conduits aux antennes de police de la rue de l'Aubrac, de la rue de l'Évangile et au commissariat du XIXème arrondissement. Encore une fois, des OQTFs ont été délivrées aux migrants et deux d'entre eux ont été placés en rétention administrative. Rappelons que cette pratique est illégale à l'encontre des demandeurs d'asile mais que ceux-ci se font arrêter avant même de pouvoir déposer leur demande.
Hier, samedi 8 octobre, suite au massacre de dimanche dernier à Bishoftu qui a causé la mort de 678 personnes, des réfugiés Oromos ont défilé du Luxembourg à la Place Saint-Michel pour demander une protection de la communauté internationale et condamner le soutien de notre pays au régime éthiopien.
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À chaque reprise, nous avons adressé des communiqués de presse par mail à 489 journalistes et informé 129 d'entre eux par SMS sur leur téléphone portable.
PERSONNE n'a couvert ces 3 évènements.
Seule la presse britannique - le Guardian et la BBC notamment - a rempli son rôle de contre-pouvoir concernant la tuerie d'Ireecha. Il y a également eu quelques sujets sur la répression des Oromos (60 000 emprisonnés en Éthiopie l'an dernier) diffusés sur Al Jazeera. Au JT de France 2, une brève de 15 secondes a évoqué 52 morts à Bishoftu, relayant le chiffre diffusé par le pouvoir du TPLF.
Sans Philippe Wannesson, qui mène un travail remarquable sur son blog Passeurs d'Hospitalité et a relayé les fuites de Statewatch, et sans l'article de Carine Fouteau sur Mediapart, nous n'aurions pas été informés des deals mortifères entre l'Union Européenne et le gouvernement afghan. Les médias dits "mainstream" se sont tout simplement tus.
En France, les médias se contentent bien trop souvent de couvrir les évacuations dites de "mise à l'abri" coorganisées par les services de la Préfecture, du Ministère du Logement et de la Mairie, sans même enquêter sur les conditions, le coût et la durée de ces hébergements provisoires, sans même vérifier les chiffres annoncés par les pouvoirs publics et sans revenir sur le terrain lorsque le soir-même, une descente de police survient.
Quant au démantèlement de Calais, qui en parle avec une distance critique, exceptées Carine Fouteau, Haydée Sabéran et Maryline Baumard dans Mediapart, Libération et Le Monde ?
Qui donne véritablement la parole aux premiers concernés, dans le respect de leur propos, de leur pensée et de leur singularité, au lieu d'entretenir une perception de masse misérable, désincarnée et donc déshumanisée qui empêche toute possible empathie ?
Quelle presse, au lieu d'attiser la xénophobie qui gagne chaque jour du terrain et de constituer les migrants en problème, communique sur le fait qu'il y en ait extrêmement peu sur notre sol et que les moyens publics alloués à la répression dépassent très largement ceux de l'accueil ?
Qui articule la politique de fermeture du PS vis à vis des exilés avec la montée du FN et de la frange la plus raciste des Républicains, avec les lourdes conséquences qu'on connaît ?
Qui met en lumière la responsabilité toute particulière de François Hollande sur ce phénomène dans la mesure où s'il avait suivi Angela Merkel sur l'ouverture, les autres États membres et l'UE auraient été quasi-contraints d'embrayer et que des milliers de personnes auraient probablement échappé à la mort ?
Qui nous reparle des conséquences extrêmement lourdes de la guerre en Libye - initiative française s'il en est - sur ces exodes ?
Qui enquête sur le partenariat entre la ville de Lyon et celle d'Addis Abeba (Lire Grand Master Plan), responsable des évictions forcées des paysans Oromos, en lutte quotidienne depuis novembre 2014 malgré les attaques de l'armée nationale, dont les exilés sont déboutés de l'asile à près de 80% en France ?
Qui réalise des reportages sur la torture au Nord-Soudan et les ventes d'armes de la France au régime d'Omar El Beshir, permettant ainsi d'exercer une pression sur l'OFPRA afin que les opposants soudanais obtiennent l'asile ?
Qui parle de la criminalisation de la solidarité, des 7 soutiens et du demandeur d'asile poursuivis en justice, signe révélateur d'une crise de l'état de droit dans notre pays ?
Qui est là la nuit, quand des policiers arrachent des tentes à des familles avec des enfants en bas âge à Stalingrad, et des sacs de couchage aux hommes seuls ?
FAITES DONC VOTRE TRAVAIL ! NOUS MILITANT.E.S ON VOUS ALERTE DEPUIS UN AN ET DEMI MAIS ON N'EN PEUT PLUS !