A la suite du communiqué de Médecins Sans Frontières du 7 janvier, nous voulons aussi témoigner de l'absurdité des manœuvres policières visant à empêcher "les migrants" de s'installer dans l'espace public, à proximité du "Centre Humanitaire" de Porte de la Chapelle (Paris 18ème) ; manœuvres observées lors de notre maraude du lundi 9 janvier aux alentours de 21h30. A notre arrivée à Pte de la Chapelle, une 30aine de personnes venait en effet de se faire évacuer d'une grille de soufflage d'air chaud (située sur le terre-plein du Bd Ney), par des CRS ayant visiblement usé de gaz lacrymogènes. La plupart de ces personnes ayant dû -dans la précipitation- laisser sur place leurs affaires (sacs de voyage, duvets/couvertures...), et alors qu'il pleuvait et qu'il faisait froid, certaines d'entre elles tentaient de revenir pour les récupérer -mais elles étaient repoussées par de nouvelles "charges" (4 CRS sortant précipitamment de leur fourgonnette, menaçants, et gazeuses à la main ); d'autres attendaient à quelques mètres de là que les agents partent; d'autres encore tentaient d'initier un blocage de la circulation en direction de St Denis -blocage de colère et d'indignation, mais redonnant de fait aux CRS leur légitimité pour intervenir (dispersion)... De notre côté, arrivés là "comme une fleur", il nous a néanmoins semblé que notre présence a pu faire hésiter les CRS dans la poursuite de leur manœuvre. Nous nous sommes d'ailleurs demandés s'ils agissaient réellement sous un commandement précis : à la question (réitérée) "vous avez reçu l'ordre d'évacuer ces personnes?", le CRS interrogé n'a pas voulu répondre clairement (bafouille); à la question : "elles n'ont pas le droit de rester là?" il nous a répondu (dans sa barbe) "non"; à la question : "vous voudriez qu'elles aillent où?", un agent (un autre) a répondu : "qu'ils se démerdent". En retour, ils nous ont demandé : "vous venez faire une distribution? Vous deviez vous installer où? - Bah... là!" Du coup, on a ouvert notre camion (en impro, parce que ce n'était pas vraiment prévu) et servi une 10aine de barquettes de riz-thon-haricots verts, 15-20 soupes et cafés, quelques sandwiches, des pains au fromage, des chocolats de Noël... et aucun agent n'est intervenu pendant notre (très modeste) service. Mais nous n'allons pas succomber à la jovialité pour clore ce témoignage. En réalité, nous ne sommes pas étonnés de ces manœuvres/méthodes/manières policières, stupidement brutales et violentes -faute d'être réellement dissuasives : nous ne sommes étonnés ni par leur absurdité fondamentale, ni par leur inutilité effective. A Paris, capitale minuscule, on dissuade les gens d'être quelque part; ce n'est pas nouveau, et ce n'est pas réservé aux seuls "migrants". On dissuade -on tente de dissuader- les gens d'avoir une place -même temporairement, même dans la queue, même près de la sortie. C'est évidemment un problème de visibilité, mais comment fait-on pour disparaître de partout? Nous aimerions qu'à la suite du communiqué de MSF, et suite à nos témoignages (et je pense que nous pouvons être nombreux à témoigner), ces "manœuvres" policières s'arrêtent, tout simplement. Pour le reste: ne soyons pas trop naïfs.
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