J'ai photographié un chat dans une couverture de survie.
Il parait que les chats ça mobilise.
Ce soir, il y a eu une averse sur le camp à pajol. Nos bâches étaient coincées dans le local de Syndex, une entreprise qui nous soutient.
On a négocié avec l'auberge de jeunesse le fait... d'avoir le droit d'occuper une partie du jardin de la halle Pajol histoire d'avoir un toit sur la tête.
Par la suite, il a fallu négocier, puis réclamer l'ouverture de grille à des agents de la mairie de Paris pour faire rentrer, notamment Abbas, un soudanais de 57 ans hémiplégique et cardiaque dans le dit jardin.
Négocier pour le foutre sur un banc, seul...
Négocier avant d' aller mendier des couvertures de survie dans des hotels, des hostos.
Bilan, 30 couvertures à Lariboisière + 3 grace au 115.
Ce soir on a de quoi être fier-es de nous.
Parce qu on a limité les dégats, que la solidarité entre migrant-es et soutiens sous la pluie battante alors qu on avait pas bouffé, pour escalader une grille, se repartir des couvertures était dans la lignée de l' AG unitaire de cette aprém', et que c' est le genre de chose qui font chaud au coeur.
C' est toujours étonnant et impressionant de voir ces sourires de migrants et cette décontraction générale dans une situation si pourrie.
Ce soir, en dépit des inimitiés, des frustrations, on s' est serré les coudes et on a encore fait attention les un-es aux autres.
On veille d' autant plus sur nous que trop peu le font.
Pendant que la mairie "communique" sur le fait de "mettre à l' abri" certains, nous on apprend à s' abriter tous ensemble.
Demain, il nous faudra des K-way, des duvets, et des tapis de sols.
Ce soir on a aussi de quoi avoir la rage.
Parce que les pompiers ont refusé une fois encore de se déplacer.
Parce qu' un hotel, un restau, et un hopital nous ont royalement ignoré.
Parce que devoir ramper,supplier quand tout le monde s' efforce de rester debout ou de se relever ça fait mal.
C'est grave de devoir mettre un chat pour parler de gens.
Lorsque qu'un homme assiste sans broncher à une injustice, les étoiles déraillent. »Bertolt Brecht
Ce soir, à la Chapelle, les astres pourront prendre le métro.