Pour la sécurité de Rayan, qui a peur de représailles, son prénom a été changé.
Comment vous sentez-vous ?
Je n'ai pas où dormir, je n'ai pas où manger, je suis maltraité. Je dors dans les ordures. Les robinets d'eau sont fermés dans le 18ème, je ne peux pas boire et j'ai très soif. L'église donne à manger mais sinon il n'y a rien à manger car les associations ne sont pas toutes ouvertes. Il n'y a pas de possibilités d'être hébergé en hôtel. Des personnes sont venues me voir, elles m'ont dit d'aller à la mairie me faire rembourser mais je n'ai pas d'argent pour payer en avance la chambre d'hôtel. Je sens que je n'ai pas de valeur, je me sens comme un chien, abandonné.
Comment se comporte la police avec vous depuis le début du confinement ?
La police ne se comporte pas très bien. Certains policiers nous frappent, d'autres sont gentils. Ils utilisent la bombe lacrymogène alors qu'on a rien fait et je leur réponds que je n'ai pas de maison. À chaque fois qu'ils me trouvent ils me gazent, comme un animal. Ils m'ont frappé avec des coups de pied, à la poitrine avec des coups de poing. Une fois, un d'entre eux, qui est vraiment très méchant, m'a cassé mes lunettes. Il m'a traité de fils de pute, Tous les jours, il y a des insultes. Si j'insiste sur le fait qu'il y en a des gentils, ils sont nombreux à nous insulter.
Vous pensez que l’État et la mairie devraient faire quoi pour vous ?
Je voudrais avoir de l'aide pour mes droits, pour trouver un emploi. Je voudrais avec un travail et que l'on me propose une formation, même si c'est pas possible pour aujourd'hui. La mairie ne vient pas, ils n'aident pas beaucoup les réfugiés. Au Portugal, en Espagne, ils traitent mieux les réfugiés. Nous avons besoin de vêtements, des places pour dormir, d'eau et d'argent pour vivre, sinon on meurt. Je connais des gens qui sont morts. La responsabilité de l'État c'est de protéger les sans-abris.
Immense merci à F-Bali pour l'interview et la traduction en arabe des propos de Rayan
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