
Si la loi ne prévoit pas de différence de traitement sur le seul fondement de la nationalité, de fait les personnes étrangères sont, en prison encore plus qu’à l’extérieur, invisibilisées, discriminées, abandonnées, et surtout victimes de politiques migratoires répressives.
Elles subissent un parcours pénal discriminatoire qui, à infraction égale, punit davantage les étranger·e·s que les français·e·s. Plus soumises aux contrôles et victimes de sur-interpellations, les personnes étrangères ont plus de risques d’être placées en détention provisoire, puis de passer en comparution immédiate et, par la suite, d’être condamnées à une peine plus sévère, que les personnes françaises.
La prison des étranger∙e∙s révèle de plus un vécu carcéral plus dur : barrières de la langue et de l’écrit, éloignement géographique des proches, ineffectivité des mécanismes d’accès au droit, pressions opérées par l’administration préfectorale sur les agent·e·s pénitentiaires, etc. L’incarcération constitue un obstacle trop souvent insurmontable pour enregistrer une demande d’asile, déposer une demande de titre de séjour ou contester une mesure d’expulsion. L’accès aux aménagements de peine est négligeable. La sortie de prison se solde le plus souvent par un nouvel enfermement, en centre de rétention administrative.
Active en prison depuis 1946, La Cimade agit pour l’accès effectif au droit des personnes étrangères détenues. Dans toute la France, 170 bénévoles entrent dans 75 prisons afin de lutter contre toutes les formes de double peine. Elle est donc le témoin privilégié des réalités vécues par les personnes enfermées qui sont décrites dans ce rapport d’observation. Préfacé par Jean-Marie Delarue, ancien Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté, illustré par des cartes, des infographies, des photographies et des témoignages, il appelle les différent∙e∙s responsables à cesser les amalgames et les contre-vérités, et plaide pour un changement radical de cap face à ces logiques discriminatoires qui visent à surveiller, punir et expulser.
Télécharger le rapport « Etranger∙e∙s en prison : surveiller, punir et expulser »
Afin d’accompagner cette publication, nous avons le plaisir de vous inviter à deux rencontres en ligne.
Première rencontre : "Prison et personnes étrangères" le jeudi 3 mars à 19h.
Déjà les personnes étrangères n'ont pas le vent en poupe mais leur surreprésentation au sein de la population carcérale, c'est du pain béni pour celles et ceux qui érigent l'immigration en mal du siècle.
A l'occasion de la sortie de son rapport « Personnes étrangères en prison : surveiller, punir et expulser », La Cimade vous invite à interroger ce qui les conduit entre les murs, le sort qui leur y est réservé et leur horizon à la sortie.
Pour poser le cadre et répondre à vos questions nous avons invité Claire Bruggiamosca avocate, Éric Codron devenu écrivain public, Marion Peyre bénévole à La Cimade, Marc Duranton, responsable nationale du pôle Prison de La Cimade et sous réserve une victime de la double peine.
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Deuxième rencontre : Projection-débat du documentaire "La voie d'Henriette" de Safia Kessas le jeudi 10 mars à 19h.
Dans le cadre des manifestations autour du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous vous proposons de découvrir ce beau documentaire belge de 26 minutes lors d’une projection-débat en ligne. Pour vous donner envie : "Henriette est une jeune mère célibataire, et c’est aussi une personne sans papier qui est porte-parole du collectif de la voix des sans papiers. Tous les jours, elle se bat avec le soutien de son avocat, Maitre Lurquin, pour loger les familles sans papier au cœur de Bruxelles."
A l'issue de la projection, nous aurons le plaisir de vous inviter à échanger avec :
- Merlie Kiang, bénévole au groupe local de La Cimade à Caen
- Violaine Husson, responsable nationale Genre et Protections à La Cimade
- Sous réserve, une personne ayant participé au film
Je m'inscris à la projection-débat du jeudi 10 mars

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