L’association Femmes égalité, née en 1987, se bat pour permettre aux femmes françaises et étrangères de défendre leurs droits.
« Salariées, retraitées, au chômage ou au foyer, françaises ou immigrées, avec ou sans papiers, nous défendons les intérêts et les aspirations des femmes travailleuses, des milieux populaires. » En rappelant cette phrase de la plate-forme de l’association, sa présidente, Ana Azaria, souligne un principe essentiel de Femmes égalité : ne pas perpétuer le ghetto auquel la société assigne les femmes étrangères, mais inscrire leur action dans un ensemble plus large de luttes contre toutes les discriminations dont les femmes sont victimes.

Agrandissement : Illustration 1

« Les femmes qui viennent nous voir dans nos permanences, dit-elle, sont confrontées à toutes sortes de problèmes – séjour, travail… – que nous traitons avec nos partenaires qui sont, selon les cas, les syndicats ou des associations comme La Cimade. La plupart sont des femmes seules qui travaillent dans les services à la personne. C’est un secteur très dur ! Beaucoup de travail au noir, sans contrats de travail ni feuilles de paye, des employeurs – surtout des particuliers – très dispersés, d’où la difficulté des régularisations, et de l’ensemble des conditions de travail. Nous nous battons – avec les syndicats – pour négocier des conventions collectives dans le secteur, en prenant en compte les différents types d’employeurs : entreprises, associations ou particuliers. »
Il faut se battre
« Un autre axe très important de notre action, c’est le travail pédagogique vis à vis de ces femmes pour mettre en avant leur force, leur courage, et les valoriser ! Notre association est un lieu d’échanges, où chacune peut exprimer ses difficultés. Notre principal objectif est de faire connaître aux femmes leurs droits, en montrant que c’est une conquête, même pour les Français. Ces droits ne sont pas tombés du ciel ! Ils ont été conquis grâce à des luttes. Pour les avoir, il faut se battre (il y a parfois chez certaines l’illusion que ça va venir automatiquement). Beaucoup de ces femmes cherchent à évoluer professionnellement, beaucoup ont des diplômes et de l’expérience qu’elles ont beaucoup de mal à faire reconnaître. C’est donc aussi notre combat de les aider à faire valider ou à acquérir compétences et formation. »
Kheira

Agrandissement : Illustration 2

Cela fait 8 ans que Kheira a quitté l’Algérie, renonçant à une situation – notamment professionnelle – plutôt aisée. Mais, ne supportant plus la manière dont la situation des femmes évolue dans son pays, elle a choisi de venir en France, seule, tout à fait lucide sur les difficultés qu’elle aurait à affronter, mais pleine de courage et d’espoir. Une énergie dont elle a eu vraiment besoin pendant toutes ces années, à la fois pour travailler, parfois jour et nuit, pour un tout petit salaire, comme femme de ménage et aide à domicile et pour obtenir « des papiers. » D’abord un contrat de travail « la clé de tout », et le fameux Cerfa1 signé par ses employeurs, puis le récépissé de demande de régularisation et un titre de séjour (encore renouvelable et non définitif ). Avec Femmes égalité, elle continue aujourd’hui à se battre, aux côtés de celles qui n’ont pas eu sa « chance » (c’est le terme qu’elle-même utilise !) et pour améliorer sa propre situation, avec l’espoir d’un emploi plus qualifié, valorisant ses compétences.
Célia Bonnin et Françoise Ballanger
Un article publié dans Causes communes
1 Formulaires que les administrations de l’État et les organismes placés sous leur tutelle utilisent dans leurs relations avec les entreprises et les particuliers.