Un communiqué de la Société des journalistes de Mediapart.
Dominique Paillé n'est pas n'importe qui.
Porte-parole de l'UMP, il est la voix du parti majoritaire qui gouverne le pays, de l'Elysée à Matignon, de l'Assemblée nationale au Sénat.
Lors de l'émission La Ligne jaune, diffusée le 28 septembre sur le site Arrêt sur images, M. Paillé s'en est pris violemment à Mediapart et à son fondateur, Edwy Plenel, qualifié en quelques minutes à peine de «manipulateur éhonté et scandaleux», de «honte pour le journalisme» et de personnage «nuisible pour la démocratie».
M. Paillé a également affirmé qu'Edwy Plenel «a sur les mains quelque chose qui n'est pas du sang mais s'y apparente».
Invité de La Ligne jaune, le journaliste et co-fondateur de Mediapart Laurent Mauduit a dit sur le plateau de l'émission toute son indignation face à de telles outrances verbales.
A son tour, la Société des journalistes (SDJ) de Mediapart tient à condamner avec la plus grande fermeté ce qui s'apparente ici à une nouvelle illustration de la haine de la majorité présidentielle qui s'abat sur Mediapart depuis plus de trois mois.
Pour ne pas avoir à répondre de nos révélations sur l'affaire Bettencourt, une véritable entreprise de disqualification a en effet été mise en branle à l'encontre d'un média indépendant, qui ne fait pourtant qu'assumer pleinement son rôle citoyen d'information.
Ainsi, Mediapart a déjà été accusé d'utiliser des «méthodes fascistes» (Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP), a été assimilé à «une certaine presse des années 30» (Christian Estrosi, ministre de l'industrie), exhalant des relents «collaborationnistes» (Eric Raoult, député UMP), tandis que ses journalistes ont été ravalés au rang de «trotskistes extrêmes» aux «méthodes fascistes» (Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille).
Au-delà de ces attaques injustifiables, quand elles ne sont pas diffamatoires, dont Mediapart, ses fondateurs et plusieurs de ses journalistes sont désormais les cibles régulières, la SDJ de Mediapart s'inquiète du peu de cas que la majorité présidentielle semble faire, à travers elles, d'un journalisme libre et indépendant en France.
Pour le reste, que M. Paillé se rassure : ce «quelque chose qui n'est pas du sang mais s'y apparente» qu'Edwy Plenel a sur les mains, comme tous les journalistes de Mediapart d'ailleurs, c'est de l'encre.