Le diagnostic fait consensus : les prisons françaises ne fonctionnent pas. Gauche et droite n’apportent pourtant qu’une seule réponse à ce constat : il faut en construire plus. Comme si c’était le seul moyen de lutter contre la surpopulation carcérale. Comme si cela pouvait permettre de redonner un sens à la peine. Mais qu’en disent ceux qu’on n’entend jamais alors qu’ils la connaissent si bien : les anciens détenus ? Et qu’en pense un directeur de prison ? Une magistrate qui demande au quotidien des peines d’enfermement ?
Nous les réunissons mercredi 23 novembre pour cesser de nous enfermer dans les stériles confrontations « laxistes vs répressifs », et pour trouver des solutions au-delà de nos frontières. Un live préparé avec l'aide de l'Observatoire international des prisons.
20h-20h30. L'hebdo : Nos adieux à Nicolas Sarkozy
Avec Fabrice Arfi et Ellen Salvi, animé par Edwy Plenel.
Après l'échec de l'ancien président de la République à la primaire de la droite et du centre, retour sur nos enquêtes le concernant, dont la plus longue et la plus lourde : l'affaire libyenne, qui devrait connaître de nouveaux rebondissements judiciaires.
Et nos chroniques “Mediatrap” et “Osons causer”.
20h30-22h30. Les grands débats : La prison, peine perdue ?
Soirée animée par Mathilde Goanec et Michaël Hajdenberg
- 1. Courte peine, courte vue ?
Les magistrats prononcent de plus en plus de courtes peines, dont l’efficacité est sujet à débat. Quand on reste quelques mois en détention, la prison peut-elle être autre chose qu’une école du crime ? Deux anciens détenus nous racontent leur parcours.
Kemso, après une première peine de courte durée, a ensuite multiplié les retours en détention. Un parcours classique de sociabilisation par la prison.
Karim Mokhtari, auteur du livre Rédemption, a connu quinze établissements pénitentiaires entre quinze et dix-huit ans. Depuis 2012, il s’engage pour un changement du monde carcéral. Il est notamment vice-président de l’association Carceropolis, plateforme internet qui donne à voir la prison autrement.
Alexandre Bouquet, directeur du centre pénitentiaire d’Écrouves, secrétaire national du Syndicat national des directeurs pénitentiaires. Il a aussi été directeur-adjoint de la maison d’arrêt de Nice.
Virginie Gautron est maître de conférences en droit pénal à l’Université de Nantes depuis 2007. Elle a soutenu une thèse sur les politiques publiques de lutte contre la délinquance.
- 2. L’appel de Clairvaux, dix ans après.
« Nous, les emmurés vivants à perpétuité du centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (dont aucun de nous ne vaut un Papon) nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous. […] Nous préférons encore en finir une bonne fois pour toutes que de nous voir crever à petit feu, sans espoir d’aucun lendemain après bien plus de vingt années de misères absolues. »
Il y a tout juste dix ans, de la prison de Clairvaux, dix condamnés à de longues peines rédigeaient un texte dans lequel ils disaient préférer mourir plutôt que de continuer à vivre ainsi.
Abdelhamid Hakkar était l’initiateur de ce texte. Certains de ses anciens co-détenus sont morts ou encore enfermés. Lui est sorti de prison en 2012, après vingt-sept années de détention. Quel regard porte-t-il aujourd’hui sur cet appel et sur la prison en général ?
- 3. Et si la solution était ailleurs ?
C’est à la fois une évidence et un non-dit au sein de la classe politique : la prison, telle qu’elle est conçue, ne mène nulle part sinon dans le mur, voire dans les murs. Mais nos voisins à l’étranger ont-ils trouvé d’autres manières de faire ?
Francesca Vianello, sociologue du droit, professeure à l’université de Padoue, travaille sur les inflexions pénales prises par l'Italie après l'arrêt pilote de la Cour européenne des droits de l’homme de 2013 et sa condamnation pour surpopulation carcérale.
Laure Anelli est membre de l’Observatoire international des prisons et rédactrice en chef de la revue Dedans-Dehors. Elle a coordonné le dernier numéro sur la décroissance carcérale, et enquêté sur les pratiques des voisins européens.
Séverine Delacour est vice-procureure au tribunal de grande instance de Meaux, cheffe de service au pôle exécution, application des peines et entraide pénale internationale. Cela fait dix ans qu’elle travaille au parquet et elle est membre de l’Union syndicale des magistrats.
André Vallotton est chargé de cours à l'université de Lausanne et est expert auprès du Conseil de l’Europe sur la question carcérale.