Jeudi 28 mars, de 14 heures à 16 heures, Stéphane Alliès, Fabrice Arfi, François Bonnet, Ludovic Lamant, Mathieu Magnaudeix, Laurent Mauduit et Martine Orange ont répondu en direct aux questions que se posent les internautes avant l'intervention de François Hollande, le soir sur France 2. Quelle nouvelle politique pour le chef de l'État ? Quelles urgences, quelles priorités ?
Le changement, c'est maintenant ?
Ben. Vous avez fait la preuve que vous savez prendre des décisions importantes concernant notre pays par l'envoi de militaires au Mali, j'attends de vous que vous preniez les mêmes décisions concernant le pouvoir d'achat (augmentation du Smic et du RSA), le vote des étrangers et le cumul des mandats. Vous avez parfaitement raison, le changement c'est maintenant.
Mathieu Magnaudeix. A priori, François Hollande devrait confirmer ce soir une loi contre le cumul des mandats... mais qui ne sera applicable qu'en 2017. Pour mémoire, le PS demande une application dès 2014.
Solange31. La stratégie de Hollande est-elle de faire passer dans les premières années de son mandat des mesures très impopulaires pour ensuite, à la fin de son mandat, essayer de satisfaire ses électeurs à travers des mesures plus sociales ?
Mathieu Magnaudeix. Oui. C'est en tout cas la ligne officielle de l'Elysée et de Matignon depuis plusieurs mois. L'idée est de séquencer le quinquennat en deux temps : d'abord le « redressement dans la justice » avec la rigueur budgétaire, les mesures structurelles type réforme de la protection sociale, etc. Et dans un deuxième temps des réformes estampillées de gauche. Mais ils sont de plus en plus nombreux à se demander dans la majorité si le deuxième temps aura bien lieu au vu du climat social, de la croissance nulle, du chômage.
Marianne. Quelle réaction de l'exécutif suite à la manifestation de dimanche 24 mars contre le projet de loi ouvrant l'adoption et les droits procréatifs aux couples de même sexe ?
Mathieu Magnaudeix. Comme nombre d'observateurs, l'exécutif a été pris de court par le succès de la manifestation de dimanche. François Hollande va être interrogé là-dessus ce soir. A priori, il ne va pas lâcher sur le mariage pour tous, qui est un engagement de campagne. En fait, l'inconnue est sur l'ouverture de la procréation médicale assistée (PMA) pour les lesbiennes. Il l'avait promise pendant la campagne, mais ce n'était pas un engagement gravé dans le marbre. Sur le sujet, Hollande est d'ailleurs personnellement très réticent, comme nous l'avions raconté dans cet article. C'est aussi le cas de nombreux députés et sénateurs PS... Du coup, si la situation politique se complexifie encore, la PMA pourrait passer à la trappe…, au risque de décevoir une partie de ses électeurs de mai.
Altern8. Quand le PS arrêtera-t-il de nous prendre pour des jambons à dire que ce qu'il manque c'est de la pédagogie, de l'explication, de la com... Non mais franchement, comme si on comprenait sa politique alors qu'on n'en veut pas c'est tout, alors franchement leur pédagogie…
Mathieu Magnaudeix. Je suis d'accord, c'est bien la ligne politique difficile à saisir, ou jugée par beaucoup trop en contradiction avec les promesses de l'élection, qui est en cause. Cela dit, il y a aussi un vrai problème de communication dans ce gouvernement…
Votre nom. F. Hollande va-t-il se décider à critiquer son prédécesseur qui se la joue « Président bis » alors qu'il est mis en examen ?
Mathieu Magnaudeix. Jusqu'ici, Hollande s'est refusé à taper trop sévèrement sur Nicolas Sarkozy. Mais les circonstances politiques pourraient en effet l'encourager à rappeler le bilan de son prédecesseur ce soir. Cela dit, il ne pourra pas non plus trop s'étendre sur la mise en examen de l'ancien chef de l'Etat, vu ce qui vient d'arriver à Jérôme Cahuzac.
Marianne. Peut-on s'attendre à l'annonce de grandes décisions type dissolution de l'Assemblée nationale comme l'évoque certaine presse ? Est-ce envisageable et possible ?
Mathieu Magnaudeix. La piste est notamment avancée par Jean-Louis Borloo. Sauf que ça n'aurait aucun sens... à moins que François Hollande (qui seul peut dissoudre) perde tout sens commun ! Il serait assuré de perdre de nouvelles législatives. Et la sanction pourrait venir bien assez vite avec les européennes de l'an prochain...
Votre nom. Quelle marge de manœuvre pour Hollande quand on sait que les chefs d'Etat européens n'ont plus aujourd'hui la maîtrise de leur politique économique.
Martine Orange. Ce sont les politiques qui ont accepté de léguer des pans entiers de leur pouvoir au monde financier et économique. Ce qui a été concédé peut être repris. A condition d'en avoir envie. Les circonstances peuvent y aider.
LeBruitLaFureur. Emmanuel Todd, lors d'une émission d’Arrêt sur images, « (pré)disait » que le président de la République, la conjoncture aidant, irait vers un « hollandisme révolutionnaire ». Personnellement, j'en doute. Que pensez-vous du point de vue de Todd ?
François Bonnet. Le « hollandisme révolutionnaire » est un concept pour le moins osé, surtout quand on connaît l'ADN centriste social-démocrate de François Hollande et son aversion profonde pour tout ce qui peut, de près ou de loin, apparaître comme révolutionnaire. Mais la bizarrerie du concept ne disqualifie pas pour autant l'analyse de Todd. Dit plus simplement, c'est un peu « les faits sont têtus ». C'est le pari d'Emmanuel Todd : la réalité s'imposera au chef de l'Etat et l'obligera à une gestion soudain « révolutionnaire »... C'est un pari que je ne prendrais pas car il démentirait au passage cet autre invariant de la vie politique : les grandes réformes se font en tout début de mandat. Passée la première année, c'est fini : il faut gérer une majorité, des élections intermédiaires et... préparer le second mandat.
dlsnakos. Il faudra bien un jour un renouvellement complet de la classe politique ! Ils ont tous les mains dans le pot de miel et pour eux tout va bien, ils ne craignent pas les fins de mois difficiles !
Laurent Mauduit. Je ne sais pas s'il faudra un jour un renouvellement complet de la classe politique, mais une refondation démocratique, oui !
popol. Qu'est-ce donc que le socialisme de l'offre ? Belle réflection qui montre que nous sommes en pleine novlangue... tout est devenu pure com, pur détournement de sens, et que la sémantique du discours politique est pervertie.
Mathieu Magnaudeix. Le concept de « socialisme de l'offre » est en effet assez contradictoire... D'ailleurs François Hollande ne l'a pas vraiment défini. En creux, il s'agit vraiment de tourner le dos au keynésianisme. Une sorte de mutation idéologique du PS au pouvoir... le pari est osé !
RobertVaschalde. Raffarin prédit un printemps agité de type mai 68. Pensez-vous que les ingrédients soient réunis pour une révolte populaire ?
François Bonnet. Les prédictions de Raffarin Madame Irma, je m'en méfierais... Les périodes de crise majeure n'aident guère les développements de mouvements sociaux. Quant à Mai 68... quand on voit le résultat de l'élection législative partielle de l'Oise, où le FN arrive 800 voix derrière l'UMP, avec une candidate PS éliminée au premier tour, on peut penser que le climat n'est pas franchement insurrectionnel ;-)
popol. Il me semble que le FDG se radicalise. Mais on ne parle jamais de la radicalisation du Medef...
François Bonnet. Sur la radicalisation du Front de gauche, lire cet article de Stéphane Alliès. Quant au Medef, Laurence Parisot vient d'encaisser une lourde défaite. Elle ne peut se présenter à un troisième mandat, ce qui va entrouvrir le jeu. A suivre.
Santerre. Deux gauches bien distinctes se dessinent peu à peu dans le paysage politique, quoi qu'en dise Harlem Désir. En d'autres termes, le FDG se radicalise-t-il ou bien est-ce au contraire le PS qui se « droitise »?
Mathieu Magnaudeix. A mon avis, les deux!
Stéphane Alliès. @Santerre Marrant votre pseudo, c'était celui de Mélenchon quand il était militant trotskyste à l'OCI ;-) L'histoire des deux gauches est une récurrence dans l'histoire politique française. Peut-être assistons-nous d'ailleurs à un retour de la première gauche mitterrandienne, en lieu et place du Front de gauche (Mélenchon explique vouloir représenter le « socialisme historique », celui d'avant le tournant de la rigueur), face à la deuxième gauche rocardo-jospinienne, désireuse d'assumer une ligne sociale-démocrate. Mais, de fait, depuis l'élection de François Hollande, on assiste à une radicalisation du FDG, et à une droitisation du PS, qui assume désormais le socialisme de l'offre…
Becquet53. Pensez-vous qu'il y a un malaise important au sein du PS ?
Mathieu Magnaudeix. C'est le moins que l'on puisse dire ! Le PS est en plein blues. Il a tous les pouvoirs, ou presque, et pourtant le changement promis ne se matérialise pas... Les députés sont démoralisés et craignent déjà pour leur réélection. Les élus voient bien le mécontentement sur le terrain.
Laurent Mauduit. Le cap est tout de même très clair. C'est celui du néolibéralisme...
Becquet53. Oui d'accord, mais il n'a pas été élu sur ce cap et ses conséquences, d'où la descente aux enfers. Peut-il garder longtemps la même voie sans une fracture dans un premier temps de son électorat (c'est en train de se produire) puis dans un second temps avec une partie de sa majorité ?
Laurent Mauduit. Je suis d'accord avec vous. La politique de Hollande prépare les conditions d'une débâcle de la gauche.
Becquet53. On s'en prend pour dix ans ou plus à se redresser dans cette histoire, et le pire c'est que la droite décompléxée ou forte, on l'appelle comme on veut, ne va plus se gêner lorsqu'elle reviendra au pouvoir.
popol. La droite décomplexée s'affiche de plus en plus. Et ce phénomène devient inquiétant.
Becquet53. Heureusement la seule digue est l'ambition démesurée de ses leaders qui se batttent entre eux, mais pour combien de temps ?
JM JEHANNO. Radicalisation du FDG, est-ce que vous pourriez expliciter ? Vous parlez d'une radicalisation dans son rapport au PS ?
Stéphane Alliès. Oui, une radicalisation par rapport au PS, de la part d'une partie du Front de gauche. Le PG de Mélenchon défend l'idée que « créer du conflit crée de la conscience ». Le PCF, en revanche, reste fidèle à sa culture de ne pas rompre les ponts avec le PS. La question des municipales sera un test pour voir si cette divergence d'appréciation est problématique ou non. Mais contrairement à beaucoup de socialistes qui l'espèrent, je ne vois pas le Front de gauche exploser. Surtout si le penchant social-libéral du gouvernement se confirme…
Saint-Just. D'après vous, la déliquescence à venir du PS profitera-t-elle vraiment à un retour de la droite traditionnelle, ou favorisera-t-elle plutôt une émergence des partis radicaux, avec à la clé un potentiel duel FN-FDG en 2017 ?
Stéphane Alliès. Je ne sais pas, je ne suis pas Christophe Barbier, je ne donne pas dans la prédiction électorale. Mélenchon dit toujours « à la fin, ça se terminera entre eux et nous », en parlant du FN. Au PS, on ne croit absolument pas à une alternative à gauche. En revanche, on craint beaucoup une montée en puissance du FN, à laquelle s'allierait une partie de la droite…
ghislain HOCHART. Que font les députés ? au chômage ?
Mathieu Magnaudeix. Non. Certains, c'est vrai, ne font rien. Mais il y a aussi beaucoup de députés qui travaillent vraiment, à commencer par les non-cumulards. Et il y en a ! Je les avais listés par exemple dans cet article cet automne. Le problème, c'est que, dans la Ve République, le Parlement a très peu de pouvoir. Tout ou presque tient de la volonté présidentielle ! Du coup, beaucoup rongent leur frein...
Becquet53. Que pensez-vous de l'intervention du député Cherki, reflète-t-il la pensée de nombre de ses collègues ?
Stéphane Alliès. L'intervention de Cherki est à l'image du député, qui ne mâche pas ses mots (c'est lui qui, soutien d'Aubry à la primaire, avait redouté qu'elle ne devienne « Mamandreou »). Sur le fond, ils sont un certain nombre à partager l'analyse. D'après un ouvrage qui vient de sortir sur la nationalisation avortée de Florange, Montebourg aurait tenu un discours assez similaire (Ayrault = élu local, pas premier ministre). Sur la forme en revanche, l'intervention de Cherki lui est reprochée par ses collègues…
Becquet53. OK mais on a un peu occulté la première partie de son intervention: «Quand on est le Président de la seconde puissance économique européenne (16% du PIB) on doit se hausser au niveau et arrêter de jouer “petits bras”, et arrêter les discours que personne n’entend, ne comprend : “le redressement dans la justice”, “le nouveau modèle français”. Cette espèce de novlangue invivable, maintenant il faut fixer des objectifs clairs, arrêter avec l’obsession de la réduction du déficit, tous les pays qui l’ont fait, ça ne marche pas. »
Stéphane Alliès. Absolument. Ladite novlangue paraît tout aussi imbitable aux journalistes qui suivent l'exécutif et l'assemblée… Toutefois, d'après nos informations, Matignon voudrait assumer bien plus avant une ligne social-démocrate à la Churchill. Mais l'Elysée s'y oppose, dans la tradition hollandaise de la synthèse permanente, donnant un coup à gauche, un coup à droite, pour pencher finalement à droite, mais sans l'assumer… Dans l'histoire, Ayrault est un fusible bien facile pour accueillir les mécontentements de ceux qui n'osent pas s'en prendre au Président… En même temps, c'est le sort d'un premier ministre dans la Ve République.
Becquet53. A priori, cela ne marche pas, puisque les sondages sont encore plus mauvais pour Hollande que pour Ayrault, et puis les Français sont assez matures pour comprendre certaines réalités. De plus le manque de charisme du Premier ministre ne peut pas confirmer cette possibilité.
Xipetotec. Wow le très conservateur Churchill repeint en social-démocrate par vos soins ! Que dirait Roosevelt.
Stéphane Alliès. Vous avez raison, c'est un peu n'importe quoi comme rapprochement ;-) Mais on entend tellement souvent « la sueur et les larmes » dans la bouche des sociaux-démocrates français, que ça finit par me contaminer…
Thomas M. Par quels moyens/procédés Montebourg s'est-il plié comme un toutou à JM Ayrault et à la ligne politique liberale de Hollande ?
Mathieu Magnaudeix. Arnaud Montebourg pense qu'il lui est pour l'instant plus profitable d'être à l'intérieur du gouvernement qu'à l'extérieur. Histoire de se construire un « bilan » et de faire entendre sa petite musique. La question, c'est combien de temps cela va durer. S'il perd tous ses arbitrages, s'il voit que la ligne du gouvernement évolue de plus en plus vers le centre, il pourra à un moment décider de sortir du jeu. Pour apparaître ensuite éventuellement en recours.
Bryce Ecyrb. Est-ce réellement possible pour un homme politique issu du même parti que le Président de se présenter en 2017 « en recours » comme vous dites ? Ça me paraît tellement suicidaire...
Stéphane Alliès. L'hypothèse de se présenter face à Hollande en 2017 est surtout un instrument de rapport de forces. Hollande est traumatisé par la défaite de Jospin en 2002, qu'il juge responsable du 21-avril. Menacer Hollande de quitter le gouvernement, sur la question européenne par exemple, l'inquiète au plus haut point…
La crise économique et la lutte contre le chômage
Swk. Comment Hollande peut-il méconnaître à ce point les bases de la macro-économie ? Pratiquer une politique de rigueur sans croissance quand l'économie tourne déjà au ralenti, est absolument suicidaire.
Martine Orange. Je pense qu'il le sait mais les impératifs européens lui paraissent plus importants.
Baptiste C. Pourquoi continuer à s'embourber dans une austérité inefficace depuis cinq ans, et ne pas appliquer une politique de relance keynésienne ?
Mathieu Magnaudeix. L'Elysée est convaincu qu'une politique de relance serait inefficace en ce moment, et qu'elle ne ferait qu'aggraver les déficits. D'où le clivage grandissant avec une partie de la gauche...
Solange31. Compte tenu de la politique européenne à laquelle la France est liée, d'autres stratégies pour lutter contre le chômage sont-elles possibles ?
Mathieu Magnaudeix. Le problème principal est que le chômage commence à reculer à 1,5 point de croissance du PIB. Là on est à zéro. Et c'est parti pour durer. Toute seule, la France a bien quelques marges de manœuvre, mais elles sont limitées : faire des emplois aidés (mais ça coûte très cher), rénover la formation professionnelle qui est complètement délabrée (mais ce n'est pas politiquement très « vendeur » même si les effets d'une telle réforme pourraient être considérables)... Une solution pourrait être une grande politique européenne de projets industriels par exemple, dans des secteurs innovants, d'avenir. Mais, en Europe, c'est l'austérité qui domine et le budget européen est minuscule...
tranquillou. J'espère que Hollande va annoncer la réforme fiscale promise et tant attendue ? Fusion de l'Impôt sur le revenu et de la CSG.
Mathieu Magnaudeix. Ça n'a pas l'air prévu au programme...
sanawel. Jeudi soir ou « jeudi noir » Mr Hollande ! Quid des logements publics vides alors que des gens vivent dehors ?
François Bonnet. Il est vrai qu'on peut se souvenir des déclarations de Cécile Duflot annonçant des réquisitions d'urgence avant la fin de l'année 2012. Cela ne s'est pas fait. A lire ici : aucune proposition de relogement même transitoire n'a été faite aux familles roms expulsées ce matin d'un immense bidonville dans l'Essonne.
La réforme bancaire
Votre nom. Avez-vous eu connaissance des questions qui seront relatives à la loi sur la finance qui devait être une grande avancée mais qui se résume à « rien » ?
jolemanique. Au Bourget, il promettait la scission des banques de dépôt et d investissement. Dans les faits, il n'a quasi rien fait, pourquoi ?
Martine Orange. Cela m'étonnerait que des questions soient posées sur la réforme bancaire. Le sujet est trop technique et pas assez grand public, va-t-on vous expliquer. Les banques ont très vite mené un puissant lobbying auprès de l'administration de Bercy pour lui expliquer que les banques avaient une fonction vitale essentielle pour l'économie. L'inspection des finances (ils sont tous issus du même moule) n'avait pas besoin de l'argumentaire des banques : elle était déjà convaincue, tout comme la Banque de France. Ce petit monde s'est retrouvé pour écrire la loi. Moscovici, qui lui aussi était convaincu du bien fondé de l'argumentaire des banques, qui de plus n'a aucune vision économique et ne travaille pas, s'est contenté d'avaliser le tout.
François Bonnet. Oui, la réforme a accouché d'une toute petite souris. Parce que le lobby bancaire s'est révélé particulièrement influent, opérant avec la direction du Trésor et certains conseillers de l'Elysée une opération « réduction de têtes ». De cette réforme, il ne reste à peu près rien. A lire les articles de Martine Orange et Lenaig Bredoux.
Soso. Sur la réforme bancaire, pourquoi aurait-on fait en France ce qui fut la cause de la crise aux USA : la séparation obligatoire des activités de dépôt et des activités spéculatives ?
Martine Orange. C'est l'inverse. Le Glass Steagall Act érigé en 1933 a offert une immense stabilité du système bancaire pendant 60 ans. C'est Bill Clinton, sous la pression des banques de Wall Street, qui a décidé de le supprimer en 1998. C'est à partir de cette date que les dérives bancaires se sont multipliées. De nombreux économistes recommandent de réinstituer un cadre si ce n'est identique au moins aussi contraignant pour remettre le diable de la finance dans sa boîte.
lo. La France ne pourrait-elle pas s'inspirer de ce qu'a fait l'Islande en ne tendant pas la main aux banquiers et aux créanciers ?
Martine Orange. La France n'en est pas encore à la situation islandaise, mais certains pays européens comme l'Espagne, l'Irlande ou Chypre oui. L'expérience islandaise peut être tentée mais il faut alors que le pays dispose de sa souveraineté monétaire, ce qui n'est pas le cas pour les pays dans la zone euro. La BCE de toute façon s'opposerait à toutes les mesures radicales prises par l'Islande. En attendant, la France pourrait s'inspirer de tous les travaux et des discussions ailleurs pour faire une vraie réforme bancaire et séparer les banques de dépôts et d'investissement. Ce serait déjà une énorme avancée qui, de plus, aurait le mérite de ne pas prendre en otage les déposants comme ils le sont à Chypre.
Vers un remaniement ministériel ?
lo. Ne serait-ce pas le moment de changer de Premier ministre et de prendre une figure de gauche pour le remplacer, Martine Aubry, par exemple, ce serait un signe fort pour ceux qui attendent une vraie politique de gauche ?
ykcaj. Qu'attend F. Hollande pour remplacer JM. Ayrault par A. Montebourg, personnalité beaucoup plus combative, volontariste et refondatrice que lui ?
Mathieu Magnaudeix. L'idée semble plutôt d'« user » Jean-Marc Ayrault aussi longtemps que possible.
lo. La patience du peuple français semble s'user plus rapidement que le Sieur Ayrault.
Becquet53. Ne serait-il pas obligé d'appeller Martine Aubry un moment donné lors du quinquennat ?
Stéphane Alliès. Ce serait un choix logique pour des observateurs lambdas comme vous et moi. En un discours au congrès de Toulouse, elle a montré combien elle parvenait beaucoup mieux que les autres à défendre une politique parfois peu compréhensible. En même temps, c'est lors de ce discours qu'elle avait annoncé que l'aide aux entreprises ou l'augmentation de la TVA, ça ne pouvait pas marcher. Hollande n'a guère confiance en elle, mais ses soutiens de la primaire sont encore influents à l'assemblée ou au parti…
Freuderic. Aubry est pour l'instant sous le coup d'une mise en examen. Ça serait une erreur niveau « image ».
Stéphane Alliès. Oui, il y a aussi cette histoire de mise en examen dans le dossier de l'amiante. Mais celle-ci pourrait être levée d'ici juin 2014, date a priori intangible du remaniement « made in Hollande »…
Pierre-Guillaume Loir. Eva Joly a-t-elle une chance de rentrer au gouvernement ?
Stéphane Alliès. Cela fait six mois qu'Eva Joly fait des offres de service. Dans l'entre-deux tour de la présidentielle, elle avait convié des journalistes pour dire son envie d'être haut commissaire à la lutte contre la corruption et l'évasion fiscale. Indéniablement, cela aurait eu de la gueule… Récemment, l'entourage de Cécile Duflot a fait des pieds et des mains pour que Joly soit nommée au Conseil constitutionnel. En vain… Depuis peu, elle a repris sa liberté de parole, sur l'affaire Cahuzac par exemple, en appelant à une « opération mains propres » sur le modèle italien du mitan des années 1990. De toute évidence, le gouvernement a une carte Joly à jouer, s'il entendait faire de la lutte contre l'exil fiscal une priorité. Mais sera-ce le cas ?
Thomas M. Ségolène Royal va-t-elle « atterrir » au gouvernement ?
François Bonnet. Oui,oui, nous l'espèrons tous ! (joke) En fait, on pourrait soutenir qu'elle y est déjà : son ancien bras droit pour la campagne 2007 et premier président de Désirs d'avenir, Christophe Chantepy, est aujourd'hui directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault, et plusieurs de ses très proches sont au gouvernement (Vallaut-Belkacem, Delphine Batho).
LeBruitLaFureur. Et pourquoi ne pas nommer Mélenchon Premier ministre ? Ça serait une sacrée surprise !
Stéphane Alliès. Mélenchon martèle que Hollande n'aura pas d'autre choix, si le FDG passe devant le PS aux européennes. Cela me semble quand même bien illusoire… Le niveau de divergence politique, comme de détestation personnelle, est devenu tel entre les deux hommes que Hollande préfèrerait encore nommer Martine Aubry à Matignon. C'est dire… ;-)
Myrelingues. Envisage-t-il un changement efficace de gouvernement, et non une distribution de maroquins en remerciements à des incompétents. Je veux bien me serrer encore la ceinture, mais pour que cela serve à ceux qui en ont besoin ! Les énarques au pouvoir, vont-ils enfin s'intéresser à la vraie vie, celle du quotidien d'environ 61 millions d'habitants ?
Stéphane Alliès. A en croire nos sources parmi les conseillers politiques ministériels, de toutes sensibilités, avec les énarques en ce moment dans les cabinets, le pire est toujours sûr…
Pierre-Guillaume Loir. Hollande va-t-il annoncer sa démission ce soir ?
Mathieu Magnaudeix. Non. A moins qu'il pète les plombs en direct... (ce qui n'est jamais exclu c'est vrai, mais reste hautement improbable).
Quelle place en Europe ?
Votre nom. Pensez-vous que les élections en Allemagne en septempre prochain pourraient changer la donne en Europe ? Autrement dit, si la gauche passe en Allemagne, peut-on espérer un changement de cap et la fin des politiques d'austérité ?
Mathieu Magnaudeix. Pas sûr ! Car au vu des sondages récents, on se dirige tout droit vers une grande coalition entre le parti d'Angela Merkel et les sociaux-démocrates. Qui eux-mêmes sont dans un cadre idéologique assez orthodoxe...
Swk. Est-il d'accord avec Merkel sur la politique économique à mener en Europe ou n'a-t-il pas le courage d'engager le rapport de force avec elle ? Car qu'on le veuille ou non, tout vient de là, à commencer par la politique de réduction des déficits « à marche forcée ».
Ludovic Lamant. Sur le fond, non, il n'est pas d'accord avec Merkel, sur la rigueur budgétaire, la réforme des traités ou le retour de certaines barrières commerciales. Toute la question, c'est comment s'y prendre pour faire bouger l'Allemagne à Bruxelles, alors que l'équilibre de l'Europe penche à droite. A l'origine, dans la foulée de son élection, Hollande avait tenté un donnant donnant : oui au pacte budgétaire de Merkel, contre un supposé « pacte de croissance ». Depuis, il a arrondi les angles et plaide pour des compromis (par exemple sur le budget européen). Encore une fois, je me permets de renvoyer à l'entretien que l'on a fait avec Bernard Cazeneuve il y a deux semaines, assez clair sur la stratégie de Hollande : il explique en quoi, à ses yeux, le compromis européen ne signifie pas qu'il s'agit d'une capitulation face à Merkel... Mais, vu de France, ce n'est pas si limpide.
Swk. Merci pour ces précisions. Mais je n'ai pas obligatoirement la même lecture que vous de sa stratégie européenne. Certes, Hollande n'est pas aussi à droite que Merkel, mais l'excuse de la dette lui permet d'imposer les réformes libérales dont il a toujours rêvé : sur les retraites, sur la supériorité du contrat sur la loi, etc. Il ne faut pas oublier que ces réformes ont été réalisées par de nombreux socio-libéraux européens avant lui : Blair, Schroeder, etc. L'excuse du « compromis européen » est à mon sens un peu grosse.
Ludovic Lamant. J'entends votre analyse, mais j'aurais du mal à être aussi catégorique, dix mois après l'élection de Hollande... La Canadienne Naomi Klein, par exemple, va dans votre sens : elle défend l'idée que la « crise financière » a servi d'excuse pour faire passer en force une batterie de réformes « néolibérales » –privatisation de la santé (cf. Espagne ces jours-ci), réforme du marché du travail (cf. Italie, Espagne, etc.), etc. Difficile d'établir, pour l'instant, que la France emprunte tout à fait ce chemin-là...
muro. Sait-on si Hollande évoquera ce soir son projet pour l'UE (s'il existe), c'est-à-dire s'il souhaite de vraies réformes institutionnelles, et lesquelles, pour sortir de la crise ?
Martine Orange. Au moment de son élection, Hollande avait évoqué un plan de croissance pour accompagner l'austérité. Sa proposition a été très vite enterrée face au refus allemand et de l'Europe du Nord. Quant aux réformes institutionnelles, le sommet européen de fin juin 2012 avait avalisé la supervision bancaire et le fonds européen de sauvetage des banques. L'un et l'autre sont enterrés. Il serait étonnant que Hollande s'aventure beaucoup sur le terrain européen ce soir.
RenéZ. Dans le contexte européen actuel, si Hollande voulait sortir du « vous inquiétez pas, bientôt cela ira mieux » que pourrait-il faire ? S'il reconnait que nous sommes dans une récession qui s'auto-entretient, il faut qu'il puisse en tirer une proposition politique crédible, au niveau européen. Crédible, pas forcément parce qu'elle est acceptée tout de suite, mais crédible parce qu'elle pose question et entraîne un vrai débat. Quelle pourrait être cette proposition ?
Ludovic Lamant. Oui, l'un des enjeux pour Hollande à Bruxelles, c'est de parvenir à dégager des marges de manœuvre dans les négociations, tout en étant ultraminoritaire –il est contraint de négocier avec des capitales massivement à droite. Ses alliés à gauche sont rares (Belgique, Danemark, Autriche...) et il peine, du coup, à imposer l'agenda. Il y était parvenu en parlant de la « réorientation de l'Europe » vers plus d'investissement et de croissance au moment de son élection au printemps 2012, mais, depuis, l'élan est retombé. Concernant les négociations sur le budget européen, en février dernier, par exemple, il y avait deux options : accepter un compromis a minima, mais difficile à défendre devant des électeurs de gauche, ou claquer la porte, et provoquer la rupture des négociations, qui aurait débouché sur une crise politique –et qui aurait aussi permis de rediscuter des équilibres à Bruxelles. Il a choisi le compromis. C'est tout le sens de la politique de Hollande à Bruxelles, que Bernard Cazeneuve, son ancien ministre des Affaires européennes, avait théorisée dans un entretien à Mediapart il y a deux semaines en forme d'éloge du compromis social-démocrate.
Becquet53. On peut supposer de plus en plus une sortie de l'Europe de la Grande-Bretagne lors d'un référendum, la sortie de certains Etats (Chypre ?) dans les mois à venir. Quid de l'Europe telle que nous la connaissons ?
François Bonnet. Il faut déjà que le référendum soit organisé au Royaume-Uni, ce qui n'a rien d'évident, et ensuite que les électeurs optent pour une sortie de l'UE, ce qui l'est encore moins malgré l'Europe-bashing permanent des médias britanniques. L'UE demeurera sans doute mais pour des politiques délimitées : c'est la fin du grand rêve fédéral... Quant à la zone euro, c'est tout l'enjeu de la crise actuelle : peut-elle survivre à périmètre constant ?
Ludovic Lamant. Le scénario d'un référendum à partir de 2017 est sur les rails et, en l'état, les sondages laissent penser que le oui pourrait gagner... Sauf que ce référendum est une promesse de campagne de Cameron, au pouvoir, pour faire taire l'opposition du UKIP, parti à droite de la droite, très euro-sceptique. Et que, d'ici à 2017, il y a des élections générales, où la droite de Cameron ne part pas favorite du tout. Lire notre dernier article sur le sujet. Plus globalement, plus que la sortie d'un membre de la zone euro ou de l'UE, c'est une tendance à l'effritement, à la différenciation entre un noyau dur d'Etats membres très motivés pour plus d'intégration, et d'autres Etats, dont le lien avec Bruxelles resterait plus lâche (GB, Finlande, Danemark, etc). Ce qu'on appelle l'Europe à plusieurs vitesses, vieille affaire que la crise a fortement relancée... Lire notre article.
Martine Orange. L'Europe telle que nous la connaissons a déjà pris de sacrés coups depuis le début de la crise. La solidarité entre les pays n'est plus qu'un vain mot ; les divergences politiques, économiques et financières ne cessent de s'accentuer entre le Nord et le Sud, la démocratie est à deux vitesses : certains Parlements ont le droit de voter sur tout en Europe tandis que d'autres sont priés de se taire ; comme on le voit sur l'affaire de Chypre, où le Parlement allemand va se prononcer sur le plan mais Chypre n'a pas le droit. La crise devient si forte que l'euro n'est plus une monnaie unique puisque Chypre a instauré un contrôle des capitaux, ce qui signifie que l'euro à Chypre n'a plus la même valeur que dans le reste de l'Europe. La crise est désormais politique et le malaise est si grand, notamment par rapport à l'Allemagne, que les tensions vont s'accentuer. Quant à la sortie d'un pays de la zone euro, elle est déjà inscrite avec Chypre : l'explosion de son économie ne peut que la conduire au dehors puisque l'Europe, tout en décidant de la destruction de son système bancaire, ne lui apporte aucun soutien par ailleurs. les 10 milliards de crédit sont juste pour garantir les 10 milliards de prêts accordés par la BCE.
Freuderic. L'Europe était une belle idée mais une fois de plus, les plus riches ont la mise dessus. C'est devenu un relai du FMI.
Martine Orange. Ce sont les gouvernements européens qui ont décidé d'imposer le FMI en Europe, afin de contraindre les pays à appliquer les réformes libérales.
Becquet53. @martine orange, d'accord avec l'ensemble de votre analyse à 100%, et même à 110%, mais cela peut aussi déboucher vers une autre Europe, moins ultralibérale pour quelques pays, encore faut-il un pays leader ! et malheureusement je n'en vois pas !
Martine Orange. Même la presse britannique s'inquiète du silence de la France, qui a complètement disparu des écrans radars de l'Europe pour laisser le champ libre à l'Allemagne. C'est dire ! Les hommes politiques français n'ont jamais prêté une grande attention à l'Europe et ont laissé le champ libre à une conception défendue par la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Mais je pense aussi qu'un certain nombre d'entre eux partagent cette vision, et cela les arrange de voir imposer à la France une politique qu'ils souhaitent mais n'ont pas le courage de défendre, surtout après le référendum de 2005. Le silence des socialistes français à Bruxelles s'explique aussi en partie pour cela : les sociaux-démocrates qui ont vu l'Europe comme leur idéal ne veulent pas admettre qu'ils se sont fait voler l'idée européenne par les libéraux.
Fizzzico. Je pense que Hollande souhaite intimement réorienter l'Europe vers plus de social et d'écologie... Son impuissance n'est-elle pas avant tout liée à l'absence de gouvernement partenaire (i.e. non conservateur) autour de lui ?
Martine Orange. Vous avez raison sur l'isolement de Hollande. Il fait le pari de patienter jusqu'aux élections allemandes d'octobre, en espérant une victoire du SPD face à Merkel. Il risque d'être déçu. Même en cas de victoire du SPD, il n'est pas sûr que les orientations de l'Allemagne sur l'Europe changent radicalement.
lUMPmatuer. Moi j'ai été choqué par Hollande qui propose « l'expérience des entreprises françaises pour la privatisation » en Grèce !
Mathieu Magnaudeix. Pour les lecteurs de Mediapart, l'article de Lénaïg Bredoux auquel vous faites référence.
L'affaire Cahuzac
Jean Jolly. Quelles sont les chances, d'après vous, pour que le Président réponde franchement sur le cas Cahuzac ?
Laurent. Le président de la République va-t-il évoquer l'affaire Cahuzac ?
Fabrice Arfi. Je ne sais pas quelles questions David Pujadas va poser ce soir au président de la République et j'espère que ce dernier non plus ! Sur le cas Cahuzac, Le Canard enchaîné a rapporté hier que le ministère de l'Intérieur avait communiqué une note à l'Elysée, à Noël, validant l'authenticité de l'enregistrement dans lequel Jérôme Cahuzac montre qu'il est encore celui qui parle le mieux de son compte en Suisse. Il serait intéressant de savoir ce que François Hollande répondrait si la question lui était posée. Je dis bien « si »...
Jean Jolly. En réalité je me doutais de la réponse, mais c'était pour faire avancer le schimimi...!;-)
lUMPmatuer. Vous pouvez revenir sur la tentative par Moscovici de blanchir Cahuzac avec les moyens de l'Etat ? Hollande savait ?
Laurent Mauduit. Bien sûr qu'il savait et c'est pour cela que c'est inquiétant.
Fabrice Arfi. Depuis plusieurs semaines, Mediapart tente en effet de savoir quel était le degré de connaissance qu'avaient l'Elysée et Matignon de l'étonnante tentative de blanchiment de Jérôme Cahuzac, avec les moyens de l'Etat, par Bercy fin janvier. Figurez-vous qu'il est impossible d'obtenir une réponse claire à une question simple : savaient-ils, oui ou non ? Depuis le début, Mediapart a dénoncé cette opération comme une tentative de déstabilisation de l'enquête préliminaire qui était ouverte depuis le 8 janvier. Je crois savoir que les magistrats et les policiers ont très peu goûté cette manœuvre, en réalité ce piège dans lequel, malheureusement, quelques journalistes sont tombés, allant jusqu'à titrer : « Les Suisses ont blanchi Cahuzac ». On voit ce qu'il en est aujourd'hui...
Pourquoi France 2 et David Pujadas ?
Votre nom. Pourquoi choisir un support médiatique comme cette chaîne du service plus pudique que public en matière de politique et de pluralisme des idées ? quand une interview sur Mediapart à l'heure de grande écoute aurait le mérite de démontrer au peuple français l'estime que ce président de notre République accorde à un journalisme vraiment indépendant, à la liberté d'expression...
François Bonnet. Mediapart invite régulièrement François Hollande à venir s'expliquer. Il l'avait fait durant la campagne présidentielle, le 13 avril 2012, comme plusieurs autres candidats avant lui. Ce peut être regardé ici. Et tout notre dossier sur nos « soirées live » sont ici.
Perplexe Marie. A qui FH doit-il parler ? Aux spectateurs de France 2 ? Quel est le conseiller qui a eu cette riche idée de l'envoyer sur ce plateau ?
François Bonnet. L'un des conseillers communication de François Hollande est Claude Sérillon, jusqu'à récemment journaliste à France Télévisions. Plus globalement, cet exercice convenu montre l'extrême conformisme, sur la forme, de cette communication politique. Il faut maîtriser image et message, éviter toute prise de risque, contrôler jusqu'à la couleur de la moquette. C'est à la fois dérisoire et malvenu à l'heure d'Internet, à un moment où les stratégies d'influence comme les vrais débats se développent sur le numérique.
marie. Hollande lit-il médiapart ?
Laurent Mauduit. Avant la présidentielle, oui. Depuis, je ne sais pas...
Laurent. Avez-vous postulé ou est-ce possible de postuler pour poser des questions au Président ? Pourquoi ce serait toujours Pujadas et consort ? Ne serait-ce pas logique que tous les courants médiatiques soient représentés et puissent poser de « vraies » questions à nos dirigeants ?
François Bonnet. Eh oui, seul Pujadas interrogera le chef de l'Etat. Il y a un précédent : c'était en juillet 2010 quand Sarkozy s'est exprimé pour la première fois pour tenter d'éteindre l'incendie Bettencourt. Pujadas fut convié dans les jardins de l'Elysée pour demander de manière très prudente quelques explications au chef de l'Etat. Faut-il voir un signe en ce fâcheux précédent ?
L'intégrale du débat est à retrouver ici