Mediapart met aujourd'hui en ligne sur son site FrenchLeaks les documents Takieddine, du nom du marchand d'armes, principal suspect dans le volet financier de l'affaire Karachi, déjà évoqués depuis la mi-juillet dans nos colonnes. Ces documents jettent une lumière crue sur la proximité de Ziad Takieddine avec le clan Sarkozy, amitié partagée sur son yacht ou dans ses propriétés, intervention dans le cadre d'une diplomatie parallèle en vue de mirifiques contrats avec des régimes aussi peu recommandables que ceux de Mouammar Kadhafi en Libye, ou Bachar El-Assad en Syrie...
Conformément à nos engagements au moment du lancement de FrenchLeaks, ces documents, utilisés par les journalistes de Mediapart dans le cadre de leurs enquêtes, sont en accès libre.
Pour rappel, FrenchLeaks propose avec le renfort d'une participation citoyenne d'élargir les champs d'information en France. Avec un objectif et un seul : réhabiliter le principe d'intérêt public, cet intérêt public que les pouvoirs quels qu'ils soient – politiques ou économiques – s'efforcent trop souvent de dévoyer. FrenchLeaks est donc un site de documents et de lanceurs d'alerte. FrenchLeaks est une base documentaire de textes, images, sons, films, en accès gratuit.
FrenchLeaks est aussi destiné à aider les citoyens à percer les murs de silence injustifiés. Il permet à des sources de nous transmettre, en toute sécurité et confidentialité, des documents d'intérêt public qui seront mis en ligne après une enquête préalable répondant aux règles professionnelles du journalisme.
FrenchLeaks est évidemment un clin d'œil à son «grand frère» WikiLeaks, avec lequel Mediapart a d'ailleurs organisé un partenariat autour des câbles diplomatiques américains. Parmi les derniers articles issus de ce partenariat, citons notamment «Les câbles WikiLeaks dévoilent un défilé français à l'ambassade américaine», une rencension d'une centaine de câbles émanant pour la plupart de l'ambassade américaine à Paris et montrant comment la plupart des élites du pouvoir parisien semblent avoir pris l'habitude de se confier aux diplomates américains.
Citons également cet autre article : «Côte d'Ivoire: quand un conseiller français plaidait pour une union Gbagbo/Ouattara» dans lequel on apprend comment, le 19 février 2010, Laurent Bigot, l'actuel sous-directeur Afrique du ministère français des Affaires étrangères, s'est rendu quelques jours en Côte d'Ivoire et en est revenu avec la conviction que seul un gouvernement d'union, mêlant majorité et opposition, pourrait redonner une certaine légitimité à un processus électoral qui paraissait, à l'époque, totalement bloqué.
Enfin, et comme un écho au projet même de Mediapart, citons cette intervention de Julian Assange, l'un des fondateurs de WikiLeaks, le 29 juillet dernier, qui s'adressait à la génération actuelle qui «est en train de réduire en cendres les médias de masse» : «Nous réclamons nos droits devant l'histoire du monde. Nous déchirons et exposons les archives secrètes de Washington au Caire. Nous réclamons une place partagée pour chacun d'entre nous dans notre époque, d'être les auteurs et les acteurs de notre propre histoire. Nous ne savons pas exactement où nous sommes, mais nous savons où nous allons.»