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Billet de blog 30 septembre 2009

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Rosa Luxemburg, lettres d'en geôle

Quand l'opinion opine, il ne fait pas bon tiquer. En ces temps-là, au temps des périls, tiquer, c'était ne pas consentir au grand équarissage qui couvait et qui allait conduire des millions d'hommes à aller se faire éviscérer gaiement — à la mine, à la baïonnette, à la balle franche ou aux schrapnells — en entonnant des chants patriotiques.

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Quand l'opinion opine, il ne fait pas bon tiquer. En ces temps-là, au temps des périls, tiquer, c'était ne pas consentir au grand équarissage qui couvait et qui allait conduire des millions d'hommes à aller se faire éviscérer gaiement — à la mine, à la baïonnette, à la balle franche ou aux schrapnells — en entonnant des chants patriotiques.

En ces temps-là, s'opposer, c'était engager l'humanité à rester, «malgré tout et le reste», humaine.

Ce sont donc des lettres d'en geôle qui sont rassemblées dans Rosa, la vie. Car à ne pas consentir, Rosa Luxemburg passa l'essentiel de sa guerre mondiale – 14-18 – en prison.

Ce sont des lettres d'en geôle. Pas de longs textes théoriques – elle sut en écrire –, pas des tracts pour inciter la foule à la résistance. Des manifestes de vie plutôt. De simples lettres d'une jeune femme à ses amis, à ses amies – à «Loulou chérie» (Louise Kautsky), «Sonitchka» (Sonia Liebknecht), au «cher H.» (Hans Diefenbach), le dernier homme qu'elle ait aimé...

En septembre 2008, lors d’une soirée unique, Anouk Grinberg portait ce chef-d’œuvre méconnu de la littérature épistolaire, cette ode à la vie d’une femme tout entière tournée vers le bonheur. Jusqu'au 9 octobre, la comédienne lit de nouveau ses lettres, au Théâtre de la Commune, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et jeudi soir, 1er octobre, cette lecture sera suivie d'un débat avec Edwy Plenel.

Pour ceux qui n'auront pas le loisir d'aller l'écouter à la Commune, Mediapart offre deux lettres, lues par Anouk Grinberg et reproduites ici avec l'autorisation de France-Culture. On pourra également les retrouver dans le disque qui accompagne le volume Rosa, la vie, paru aux Editions de l'Atelier.

A Sonia Liebknecht, de la forteresse de Wronke en Posnanie, le 15 janvier 1917:

A Hans Diefenbach, ses doutes au printemps 1917:

Deux ans plus tard, la guerre achevée, épilogue, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht seront arrêtés par une milice de commerçants de Berlin. Conduits à l'état-major, interrogatoire, direction prison. Mais à la sortie de l'hôtel Eden, un soldat fracasse la mâchoire de Rosa Luxemburg, avant que l'officier, Kurt Vogel, ne l'achève d'une balle dans la tête. Corps lesté d'un bloc de pierre, elle sera jetée dans le Lanswehrkanal.

En 2009, on a, peut-être, retrouvé son corps, dans un cercueil de bois à l'Institut médico-légal de l'hôpital de la Charité, à Berlin.