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Billet de blog 30 octobre 2013

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La police espagnole arrête un militant de la Phalange pour les attaques contre infoLibre

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Illustration 1
DVG, el supuesto autor de los ciberataques a infoLibre, en una imagen que él difundió a través de Internet.

La police a arrêté un militant de la Phalange espagnole et des JONS (Union d’offensive nationale-syndicaliste), dont les initiales sont DVG, comme responsable présumé des attaques informatiques et des menaces de mort à l’encontre d’infoLibre et d’autres médias en ligne.
Pour procéder aux attaques, il a, selon la police, « utilisé des réseaux botnet, des ordinateurs disséminés au niveau mondial que l’on peut contrôler de n’importe où ».

Le jeune d’extrême droite a été arrêté à son domicile de Torrevieja (Alicante) par des agents de l’Unité d’enquête technologique de la police. Agé de 19 ans, « il avait chez lui des drapeaux nazis et franquistes, saisis par les enquêteurs, ainsi que deux ordinateurs portables et deux disques durs », a expliqué la police ce mercredi.

Revendication de la Phalange

Le 16 octobre dans l’après-midi, la rédaction d’infoLibre a reçu un courrier électronique la menaçant d’une cyberattaque. « La Phalange espagnole des JONS veut que vous arrêtiez de publier et c’est pour ça que j’ai été engagé », pouvait-on lire dans le mail, qui faisait part aussi d’une intention d’obtenir « des informations personnelles » sur les rédacteurs du journal. « Ça sent le feu et la poudre », concluait le message. Quelques minutes plus tard, la première attaque informatique a commencé, qui a réussi à faire tomber le site pendant plusieurs heures.

Le courrier a été envoyé du compte anonyme pandabear77@outlook.com. Le même qui avait été utilisé quatre jours auparavant pour prévenir d’actions contre d’autres médias en ligne, comme nodo50 ou Diagonal, les premiers attaqués. Les actions de l’extrême droite contre ces médias ont commencé le 12 octobre, jour de la fête nationale espagnole. Ce compte mail a servi pour commencer l’enquête et aussi pour baptiser l’opération policière, connue comme Bambú, en allusion au panda (pandabear).

InfoLibre a été la cible d’autres attaques informatiques les 17, 20 et 22 octobre. La dernière a été d’une telle intensité que par moments le trafic reçu par le serveur du journal atteignait 4 Go par seconde. Le site était hébergé par une société connue du Pays basque, spécialisée dans la prestation de services internet. En raison des attaques de l’extrême droite, il a été impossible d’accéder à infoLibre pendant une semaine depuis l’étranger et pendant près de quarante heures au total depuis l’Espagne.

Ce type de cyberattaque est connu sous le nom de DDoS (déni de service) : un grand nombre d’ordinateurs communiquent avec un système informatique de manière simultanée, par exemple ils se connectent tous sur un même site en demandant les mêmes données jusqu’à ce que le site sature et ne soit plus accessible. En plus des médias cités, les sites de Periodismo Humano et El Plural sont également tombés.

« Un explosif près de la rédaction »

InfoLibre a également reçu deux mails de menaces de mort. L’un d’entre eux affirmait que des militants de la Phalange espagnole poseraient un « explosif près de la rédaction ».

Mercredi 23 octobre, des menaces de mort explicites ont été lancées contre un responsable d’infoLibre sur un compte Twitter. Cette fois revendiquées par un groupe se faisant appeler Commando cybernétique fasciste de l’empire espagnol.

La veille, le 22 octobre, l’entreprise éditrice d’infoLibre avait porté plainte pour les faits précédents et quantifié le préjudice économique à 100 000 euros. L’arrestation du coupable présumé s’est produite seulement quarante-huit heures après, jeudi 24 octobre, même si la police ne l’a annoncé qu’aujourd’hui. L’enquête judiciaire est menée par le tribunal de première instance numéro 2 de Torrevieja.

L’opération policière

Un communiqué de presse diffusé par la police indique que le militant d’extrême droite arrêté « avait créé plusieurs profils sur différents réseaux sociaux à partir desquels il a revendiqué les attaques au nom du Commando cybernétique fasciste de l’empire espagnol. Trois réseaux d’ordinateurs infectés dans le monde ont servi à saturer les sites de plus de cinq journaux en ligne espagnols ». En plus du préjudice économique et du déficit d’image soufferts par les médias, la police relève que les faits ont induit « la privation de l’exercice de la liberté d’expression et du droit à l’information des citoyens ».

Durant la perquisition de domicile, ajoute la police, « les agents ont saisi deux ordinateurs portables, deux disques durs et toute une panoplie nazie et d’extrême droite, comme des drapeaux et des vêtements ».