Dans l'édito de son numéro #19, en librairie depuis mercredi, La Revue Dessinée s'interroge : Quelle est la valeur du vivant ?
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La question se propage à mesure que la biodiversité s’étiole. Moitié moins de papillons en Europe qu’il y a vingt ans, des extinctions cent fois pls rapides qu’il y a un siècle : on pourrait noircir un numéro entier en égrainant ces chiffres angoissants. À l’origine de cette sixième extinction de masse, ni météorite ni activité volcanique, le phénomène est, pour la première fois, le forfait d’une seule espèce. On le sait, l’homme est gourmand. Le productivisme hérité de la révolution industrielle a alimenté ce penchant glouton. Au large de Terre-Neuve, le destin de la morue en est l’illustration. Les marins, dotés d’outils toujours plus performants, l’ont pêchée jusqu’à en vider l’océan. Ce récit rappelle que notre modèle de développement a la vue courte dès qu’il s’agit de puiser dans les ressources.
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Que vaut le vivant ? Peu de chose, si l’on en croit l’insatiable appétit avec lequel les hypermarchés dévorent des terres. Tels les pêcheurs de Terre-Neuve, à mesure que leur âge d’or s’éloigne, ces géants accélèrent leur fuite en avant. En réponse à cette voracité, un principe se répand : la nature doit être restaurée autant qu’elle est détruite. Cet équilibre sans « perte nette » requiert des comparatifs. Ainsi, les derniers ours polaires sont-ils affublés depuis 2011 d’une « valeur socio-économique » de 6 milliards de dollars. Mais… « la nature n’a pas de prix », s’étranglent les altermondialistes. « Elle a le prix qu’on lui donne », rétorquent certains économistes. En théorie protectrice, la démarche inquiète. Tout comme le PIB d’un pays augmente après un ouragan, la croissance économique se nourrit de ce qui est détruit. Les jeux, pourtant, ne sont pas faits. Lanceurs d’alerte, chercheurs et citoyens démontrent que ces mécanismes délétères ont en face d’eux des vies… qui n’ont pas de prix.
Hétéroclite et décapant, le sommaire de ce nouveau numéro est le reflet de ces préoccupations. Jugez-en :
Nature à tout prix. La finance peut-elle sauver l’environnement ?
Silence au bout du fil. Enquête sur le scandale des parafoudres radioactifs.
Une école malgré tout. Reportage au sein d’une maternelle rebelle.
La folle échappée. Récit d’une errance qui bouleversa la psychiatrie.
L’Effet domino. La fresque des écosystèmes bouleversés suit la piste de la morue.
Combine en béton. Enquête sur l’appétit immobilier des hypermarchés.
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