L'actu dessinée : kwassa kwassa, chamboule-tout scolaire et état d'urgence permanent

D'abord la petite phrase. « Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien ». Jeudi 1er juin dans le Morbihan, le président Macron faisait une très mauvaise blague, amplement relayée. Ce qui a choqué, c'est autant le sourire en coin que le cynisme de la formule. Car il suffit de penser aux migrants - entre 7 000 et 10000 - qui ont trouvé la mort dans le naufrage de ces embarcations de fortune pour faire passer l'envie de ricaner. Ces scènes ont de tristes airs de traversée de la Méditerranée mais se passent au large de Mayotte, dans l'océan Indien…

Mayotte est une île sous tension. Système de santé saturé, racisme, frictions : la réalité dépeinte par le dessinateur Cyrille Pomès montre à quel point la situation du 101e département français est explosive. Il raconte, entre autres, l'existence des "décaseurs", ces groupes de mahorais devenus spécialistes des expulsions collectives - presque festives - de migrants comoriens. Le début de cette bande dessinée est ici, c'est cadeau ! La suite est à retrouver dans le numéro 15 de la Revue Dessinée.

Quête d'égalité

Si la situation de Mayotte mérite qu'on s'y intéresse, on ne va pas se contenter de tiquer sur une petite phrase. Surtout quand la semaine a été riche en annonces, pas toujours maitrisées. 

 Voyons ce qu'il se passe du côté de l'école. Cette semaine, elle a été au coeur d'une avalanche d'annonces : possible retour à la semaine de quatre jours, fin du caractère exceptionnel du redoublement, rétablissement des classes bilangues : au ministère de l'Education, les dossiers sont ré-ouverts les uns après les autres.

Une réforme qui réformera la réforme en somme. À croire que l'école se cherche. Certains pourtant semblent avoir trouvé la recette. Pour le vérifier, nous avons passé un an au microlycée de Vitry-sur-Seine, qui donne aux "décrocheurs" une seconde chance. Depuis dix ans, dans une poignée d'établissements, des équipes d'enseignants expérimentent d'autres voies au coeur du système. Coûte que coûte, ces obstinés refusent d'abandonner leur quête d'égalité.

Dans le nouveau numéro de La Revue Dessinée, en libraire depuis le 8 juin, la dessinatrice Gaëlle Hersent et la journaliste Amélie Mougey vous font revivre une année scolaire riche en rebondissements dans ce lycée inspirant.

Et puis on ne pouvait pas vous quitter sans dire un mot de l'état d'urgence. Déjà, le 24 mai, on apprenait son imminente prolongation jusqu'au 1er

novembre tandis que le premier ministre Edouard Philippe annonçait "un projet de loi qui inscrira dans le droit commun les dernières mesures de  renforcement de l’arsenal existant", entendez la normalisation des perquisitions, assignations à résidence et autres dispositifs légaux - sans juge - prévues par ce régime d'exception.

Discours va-t-en guerre 

Cette semaine, ce dessein s'est précisé : le gouvernement semble prêt à relever le délicat défi politique de sortir de l'état d'urgence... en le rendant permanent. Ce recul des libertés ne serait pas possible sans l'existence d'un imaginaire guerrier. D'où viennent ces représentations martiales qui imprègnent nos modes de pensée ? L'historien Sylvain Venayre et le dessinateur Vincent Sorel se penchent sur cette question dans le même numéro - le tout nouveau - de notre trimestriel de reportage en BD. Au prochain discours va-t-en guerre, promis on vous en dit plus ! 

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