Cette semaine, le regard de La Revue Dessinée se pose sur deux actus : un retour au stade et une mise sur la touche. Le retour au stade est celui du Red Star, club de foot mythique. La mise sur la touche est celle de patrons d'Uber, start-up dans la tourmente. Ces évènements en disent long sur notre monde tiraillé entre course à l'argent facile et quête de valeurs humaines.
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Après deux ans d'exil, retour à la maison. Le Red Star vient d'annoncer qu'il regagnerait, dès la saison prochaine, Saint-Ouen et son historique stade Bauer. Depuis 2015, glorieuse année de montée en ligue 2, les blancs et verts erraient de stades en stades, du XVIe arrondissement de Paris jusqu’à Beauvais en Picardie. Vétuste, doté d'une seule tribune apte à recevoir du public, leur bastion de coeur n'était plus à la hauteur. Relégués en championnat national en mai dernier, les Audoniens se consolent aujourd'hui en reprenant leurs quartiers.
Une simple histoire de ballon rond et de déménagement ? Pas vraiment. Le Red Star est un club à part. Son histoire est intimement liée à l'enceinte qui l'a abrité dès 1909. C'est ce que racontent le journaliste Pierrick de Morel et le dessinateur Gilles Rochier dans le numéro 16 - en librairie depuis le 8 juin - de La Revue Dessinée.
Épine dans le crampon
Fondé en 1897, le Red Star s'est très vite installé à Saint-Ouen. Fidèle aux idées de son fondateur Jules Rimet - père de la Coupe du Monde - le club recrute dans le quartier, où vit une population pauvre et immigrée. Aujourd'hui bastion du mouvement antifasciste, le Red Star n'a rien perdu de ses valeurs humanistes.
Stade chéri, Bauer est aussi une épine dans le crampon du club mythique. Le problème du Red Star est celui des petits clubs : monter dans le championnat permettrait de gagner plus d'argent et de rénover le stade. Sauf que pour grimper sans se délocaliser, il lui faudrait justement rénover. Dilemme.
Pour l'heure, "ils ont mis un coup de peinture sur la rouille, tondu la pelouse et tué les taupes !", plaisantaient Pierrick De Morel et Gilles Rochier lors de la soirée de lancement de la toute dernière Revue Dessinée à la librairie Atout livre mercredi. Les grands travaux, eux, se font attendre. Alors les supporters prennent les devants. Via une campagne de financement participatif, ils ont rassemblé 25 000 euros. Une autre piste serait d'intégrer le stade dans un projet immobilier avec espace commercial. Déjà, revient la crainte de perdre son âme.
Perdre son âme. La question se pose plus que jamais chez les start-up de la Silicon Valley. Si vous êtes un lecteur de la presse économique, vous aurez sans doute noté, ce lundi 12
juin, la démission d'Emil Michael, numéro deux d'Uber, la plus célèbre des plateformes de VTC. ll ne vous aura pas non plus échappé que le PDG de l'entreprise, Travis Kalanick (ci-contre) a pris temporairement congé de sa fonction. "J’ai besoin de travailler sur moi-même". Pas étonnant… Depuis le début de l'année, le siège, basé à San Francisco, a enregistré plus de 200 accusations de sexisme et d'agressions sexuelles. Résultat : une vingtaine de licenciements pour harcèlement au travail et une remise en cause du modèle managérial. Les égarements de la start-up s'étendent bien au-delà de son pays natal.
Le traitement que réserve Uber à ses chauffeurs, français cette fois, est justement au cœur d'une grande enquête menée, en collaboration avec Les Jours, par la journaliste Alexia Eychenne et le dessinateur Thierry Chavant. Depuis mars, et pour notre numéro 17 à paraître cet automne, le binôme se penche sur une facette méconnue de ce trublion du monde du travail : Uber, premier espoir de débouché professionnel et d’ascension sociale dans les quartiers défavorisés.
À l'origine séduits par des promesses d'indépendance et de revenus frôlant 3000 euros par mois, les aspirants self-made-men d'Essonne, de Seine-Saint-Denis ou du Val-d’Oise déchantent.
Liberté de façade
Au fil des courses et des années, ils découvrent une liberté de façade. La firme est toute puissante : c'est elle qui décide du tarif de base et peut, à tout moment, les déconnecter de l'application. Ainsi, petit à petit, les promesses de prospérité se transforment en nouvelle précarité.
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