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Billet de blog 23 juin 2017

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L'actu dessinée : "biens mal acquis" et thérapie au LSD

Cette semaine, l’œil de La Revue Dessinée s’arrête sur le procès des «biens mal acquis». Premier prévenu à comparaître devant le tribunal correctionnel : le richissime TNO ou Teodoro Nguema Obiang, dont la fortune et les frasques confinent à l’hallucination. Et en parlant d’hallucination... la thérapie au LSD de Cary Grant sera peut-être bientôt remise au goût du jour.

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Illustration 1
© Julien Solé

Évidemment, il ne viendra pas au procès. Depuis sa mise en examen dans l’affaire des «biens mal acquis», Teodoro Nguema Obiang, surnommé TNO, n’a pas remis les pieds en France. Il fut un temps pourtant où Paris était l'un des terrains de jeu privilégiés du flambeur. Son style de vie ? Le triptyque «alcool, putes et coke», selon les termes de son ancien majordome. On aurait pu y ajouter «faste et démesure». À elle seule, la valeur de ces deux yachts d’hyper-luxe équivaut à dix fois le budget de l’éducation en Guinée équatoriale, pays dont la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. 

Illustration 2
Teodoro Nguema Obiang © Julien Solé

TNO encourt jusqu'à 10 ans de prison et 50 millions d'euros d'amende. Les biens saisis depuis le début de l'enquête en 2010 - d'une valeur estimée à plus de 100 millions d’euros - sont aussi en jeu. Parmi eux, plusieurs hôtels particuliers, dont un immeuble de 4000 m2 Avenue Foch.

Illustration 3
© Julien Solé
Illustration 4
© Julien Solé

Entre-temps, le bâtiment a été innocemment racheté par le gouvernement de Guinée Equatoriale et transformé en... ambassade. En tentant la carte de l’immunité diplomatique, les avocats de la famille Obiang espèrent sauver les meubles - et les robinets en or massif de la salle de bain. Légère variation d’une même stratégie, les fameux yachts de TNO sont eux, classés «bâtiments militaires» guinéens. Qu'importe l'image que ces petits arrangements renvoient, la continuité du pouvoir guinéen repose sur d'autres mécanismes.

Illustration 5
Omar Bongo © Julien Solé

Car le procès des «biens mal acquis» est un peu celui de la Françafrique. Les avocats de TNO le rappellent à demi-mot : «Vinci, Total et autres entreprises françaises ont gagné en Guinée-Equatoriale des contrats pour dix milliards d’euros, et on veut remettre tout cela en cause ? On les met mal à l’aise et nous sommes sincèrement gênés…». Dans le numéro 7 de La Revue Dessinée, le journaliste Xavier Harel et le dessinateur Julien Solé exploraient les ramifications multiples de ce sulfureux dossier. Dans leur récit, on croise toutes sortes de personnalités interlopes : barbouzes, aventuriers ou avocats jouent les intermédiaires. Après des années à faire le sale boulot, certains de ces porteurs de valises rôdent toujours dans les zones grises de la politique. Parmi eux, l’avocat Robert Bourgi :

Illustration 6
Robert Bourgi © Julien Solé

L'homme n'est autre que celui qui a offert des costumes provenant du très chic tailleur Arnys à un certain François Fillon… L'ancien premier ministre a bien tenté de prendre ses distances avec cet intermédiaire douteux, mais l'avocat n'est pas de ceux que l'on écarte. Mardi, dans un entretien au magazine Vanity Fair, Robert Bourgi s’est targué d'avoir «appuyé sur la gâchette». Il y raconte comment les costumes à 40 000 euros sont devenus son instrument de vengeance, le coup fatal faisant imploser la campagne de Fillon, déjà bien abîmée par les autres affaires.

À l’image de Robert Bourgi, les systèmes de la Françafrique semblent indéboulonnables. Le procès qui s'est ouvert cette semaine, et qui doit durer jusqu’au 7 juillet, pourrait changer la donne. S'il débouche sur des condamnations, il pourrait faire émerger une nouvelle jurisprudence dans les affaires de corruption internationale. Pour vous faire patienter en attendant le verdict, et vous donner les clés de compréhension des plaidoiries, toute l'enquête est à (re) découvrir en accès libre.

Traitement anti-anxiolytique au LSD

Si l'actualité vous angoisse, pourquoi ne pas envisager un traitement au LSD ? Blague à part, la dessinatrice Cécily vous racontait dans le numéro 14 de La Revue Dessinée l’histoire de l'acide lysergique ou LSD. La substance, on le sait, a inspiré John Lennon pour son célèbre Lucy in the sky with Diamonds. Ce que l'on sait moins c'est qu'elle a fait l'objet d'expérimentations anxiolytiques dans les années soixante.

Illustration 7
© Cécily

En la matière, Cary Grant fait figure de pionnier. Comme le raconte un documentaire diffusé sur Arte, l'acteur y a eu recours pour soigner sa dépression. Ces expériences, stoppées dans les années quatre-vingt, pourraient être remises au goût du jour : plusieurs études viennent d'être à nouveau autorisées aux États-Unis. En attendant les résultats, on ne saurait que trop vous conseiller de laisser à la science le temps de faire son chemin...

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