À chaque culte, ses grand-messes. Il y a deux semaines, à Paris, Francfort, New York, Singapour et Tokyo, des files d'attente à l'entrée des boutiques Apple indiquaient, à qui aurait pu encore l'ignorer, la sortie du dernier-né de ses smartphones. Grâce à ces rituels répétés inlassablement depuis dix ans – ingrédients parmi tant d'autres d'un marketing huilé –, Apple vend plus de smartphones chaque année, à un prix chaque fois plus élevé. Ainsi, le petit dernier, l'iPhone X, devrait être écoulé contre une somme pouvant atteindre 1300 euros, à quelque 85 millions d'exemplaires en trois mois si l'on en croit les prévisions d'Apple. Cette frénésie a un prix, que paient des milliers d'étudiants chinois...

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Comme nous le racontions dans Le poids du clic, une enquête dessinée publiée dans le numéro 15 de La Revue Dessinée, Foxconn, le principal sous-traitant d'Apple en Chine, emploie régulièrement des lycéens et étudiants comme force d'appoint dans ses usines d'assemblage.

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Face à la forte demande que suscite l'iPhone X, cette main d'œuvre bon marché est plus que jamais sollicitée. Sollicitée ou plutôt convoquée. C'est ce qu'a révélé ce mardi un article du Financial Times dans lequel on apprend que ces fameux iPhone X étaient assemblés par des milliers d'étudiants, âgés entre 17 et 19 ans, sous-payés et travaillant jusqu'à 11 heures par jour. Ce passage sur les chaînes de montage – soutenu par leurs établissements et les autorités locales – est une condition sine qua non pour l'obtention de leur diplôme comme l'explique le journal le Monde. Sauf que les tâches exigées n'ont pas grand-chose à voir avec les disciplines étudiées.

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« Nous nous sommes assurés qu’ils ( les stagiaires ) ont travaillé volontairement, étaient indemnisés et obtenaient des avantages, mais ils n’auraient pas dû être autorisés à faire des heures supplémentaires » a assuré Apple, dans un communiqué publié après la parution de l'article du Financial Times, en promettant d'y remédier. Mais, sous couvert de « stages d'entreprise » de deux à trois mois, ces étudiants continuent à servir de précieuse variable d'ajustement permettant au sous-traitant de faire face, à moindre coût, aux pics de production.

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Reste que, sur le plan éthique et écologique, les conditions de travail des ouvriers ne sont que l'un des écarts de conduite du géant de la technologie numérique. Pour passer au peigne fin l'envers de nos jouets hi-tech, les auteurs de La Revue Dessinée, le chercheur Vincent Courboulay et le dessinateur Loïc Sécheresse, ont ramené Steeve Jobs à la vie. En voyageant dans les usines de Chine ou dans les mines de la République démocratique du Congo, le fondateur d'Apple découvre, à ses dépens, le véritable poids du clic.

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Cette semaine, nous aurions également pu vous parler des cachotteries d'Uber. L'entreprise de véhicules avec chauffeurs privés est en plein mea culpa après avoir révélé le piratage, en 2016, des données personnelles de 57 millions d'utilisateurs. Noms, numéros de téléphone, adresses e-mail sont concernés par ce piratage qu'Uber a mis un an à avouer.
Au regard de cette actualité, on ne résiste pas à l'envie de vous glisser deux conseils de lecture pour le week-end : l'enquête « Souriez, vous êtes fichez » de Martin Untersinger ( journaliste au Monde ) et du dessinateur Thibaut Soulcié (numéro #4), mais aussi du remarquable reportage « À bout de course » de la journaliste Alexia Eychenne et du dessinateur Thierry Chavant (numéro #17), réalisé en partenariat avec le site Les Jours, qui s'intéresse au sort des chauffeurs Uber, quelque part entre précarité et liberté.

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