La publication sur Mediapart, dans la soirée du 19 au 20 octobre, d’un article sur « les premières découvertes des perquisitions Mélenchon » a déclenché des réactions d’une hostilité et d’une agressivité inouïe à l’encontre des auteurs de cette enquête en particulier et, plus généralement, de l’équipe de Mediapart.
En tant que journalistes, nous sommes habitué·e·s à ce que nos publications déclenchent des mécontentements, des critiques, des désaccords et parfois des colères. Mais rarement dans les dix ans d’histoire de Mediapart, les propos à notre encontre n’avaient atteint une telle violence et les insultes un tel paroxysme. Dans ce moment de tempête, nous appelons chacune et chacun à délaisser le registre passionnel et les attaques ad hominem. C’est une indispensable condition à la conduite d’une conversation sensée et argumentée entre celles et ceux qui écrivent des articles, et leurs lectrices et lecteurs.
Journal participatif, nous nous engageons à rendre compte à nos abonnés·e·s de nos choix d’enquêtes et de nos méthodes de travail. Nous sommes plus que jamais prêt·e·s à le faire. Mais nous avons besoin pour cela d’échanger sur les faits, rien que les faits. Pourquoi une enquête préliminaire a-t-elle été ouverte sur la France Insoumise ? Est-il anormal que le domicile de Jean-Luc Mélenchon ait été perquisitionné ? La nature de sa relation avec la bénéficiaire supposée de surfacturations remboursées par de l’argent public n’est-elle pas d’intérêt public ?
Sur le fond, la SDJ de Mediapart dément formellement les assertions les plus grossières que l’on peut lire et entendre sur les réseaux sociaux : non, Mediapart n’a pas acheté ses informations sur les perquisitions de la France Insoumise. Non, Mediapart n’est pas de mèche avec le pouvoir macronien pour nuire à Jean-Luc Mélenchon. Non, Mediapart n’est pas devenu un magazine people brisant les secrets d’alcôve.
Nous tentons, modestement, d’enquêter sur les conditions du financement de l’activité politique de la France Insoumise et de sa campagne présidentielle. C’est un travail que nous conduisons avec la même rigueur et la même pugnacité sur toutes les formations politiques françaises, comme en attestent les innombrables articles que nous avons publiés sur ce sujet depuis dix ans. C’est un enjeu d’intérêt général. Nous ne lâcherons rien de cette exigence. Et nous affirmons tout notre soutien à nos collègues de Radio France qui subissent des menaces inacceptables pour avoir bien fait leur travail.