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Billet de blog 6 septembre 2016

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Où va la France en Amérique Centrale

Pour réaliser des économies, ce qui est à prouver, le Quai d'Orsay a supprimé les sections consulaires du Honduras, d'El Salvador et du Nicaragua tout en maintenant des postes d'ambassadeurs dans ces pays. Ainsi les privilèges du corps diplomatique sont maintenus au détriment de l'assistance aux français expatriés.

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En ma qualité d’ancien député, ex-membre de la Commission des Affaires étrangères et ayant présidé notamment les groupes d’amitié « France El salvador et France-Nicaragua », résidant une grande partie de l’année à El Salvador, je peux mesurer les incohérences de la politique de la France dans cette région malgré différents courriers adressés au ministre des Affaires Etrangères (Cf. PJ.).

Ainsi, les récentes décisions du Quai d’Orsay de réduire la représentation française dans ces petits pays, Honduras, El Salvador et Nicaragua, se traduisent par la suppression des consulats et le maintien d’un ambassadeur dans chacun de ces pays avec un effectif réduit (3 personnes dont un chauffeur) ce qui hypothèque largement leurs moyens d’action. Cela traduit davantage la défense d’une corporation dont on connaît les avantages à l’étranger au détriment de l’assistance aux communautés françaises, aux entreprises à l’exportation et aux ressortissants de ces pays attirés notamment par des études en France au travers des postes consulaires.

Mais quelle est la réalité à laquelle est confrontée aujourd’hui un ambassadeur de France avec peu de moyens dans chacun de ces pays pour agir ?

Pour El Salvador et les pays d'Amérique Centrale, les fonctions supports sont réparties entre le Guatemala, le Panama, le Mexique et les Etats Unis. Les questions de défense ou de sécurité intérieure entre le Mexique et la Colombie. La France dispose d'un Conseiller économique et commercial en poste à Guatemala pour les 5 pays d’Amérique centrale, sauf le Panama. L’Agence française de développement (AFD) est basée pour la région à Mexico, sans qu'elle ait des actions dans aucun des pays de la région, où l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie sont très présents (prêts, exécution de programmes sur financements de tiers, dont l'UE...).  La Coopération universitaire (Institut Français régional) à Costa Rica pour les 7 pays, avec des moyens très limités. Notre présence est désorganisée, les découpages administratifs décidés depuis Paris sont souvent irrationnels. 

 En outre la France est observatrice :

1/Auprès du SICA (Sistema de la Integración Centroamericana – 5 pays d’Amérique Centrale + le Belize et la république dominicaine) avec un expert technique auprès du siège à San Salvador

2/ Auprès du CFAC (Conferencia de las Fuerzas Armadas Centroamericanas) 

A l’inverse d’autres pays de l’Union européenne, la France n’a pas engagé de réflexion avant toute restructuration de sa représentation dans chacun des pays pour définir une stratégie régionale et se doter des moyens adéquats. Ainsi, par exemple, l’aide au développement (Programme 209 : Solidarité à l'égard des pays en développement selon la LOLF) ne dépasse pas 10000 €/an pour les 7 pays parmi lesquels les plus violents au monde et, la coopération culturelle (programme 185) se situe autour des 300 000 €/an, pour les 7 pays d'Amérique centrale. Dans le même temps où l’Ambassade de France à El Salvador acquiert un troisième véhicule évalué à 43 000 $ environ, pour un seul ambassadeur, sans numéro 2, l'ambassade conserve 3 voitures ! alors que le véhicule de fonction dont dispose l’ambassadeur est récent.

A l’avenir, sans stratégie cohérente et pour justifier une présence indispensable, je crains des initiatives inopportunes. Ainsi par exemple, à El Salvador, dans une commune qui jouxte la capitale, après une inauguration d’une voie au nom de la République française, l’on s’apprête à nouveau à baptiser en « grande pompe » une place Charles De gaulle. On ne peut qu’approuver. Sauf, que le maire membre éminent d’ARENA, a pour conseil une personnalité locale francosalvadorienne, ancienne ministre d’ARENA. L’initiative reviendrait à l’ambassadeur et au candidat investi par les Républicains pour cette région du monde aux prochaines élections législatives qui est annoncé présent accompagné d’une personnalité des « Républicains ». Je pense que notre République ou Charles De Gaulle mériterait au moins de voir leur nom dans la capitale d’El Salvador compte tenu de l’action passée de la France dans ce pays. 

Jean Lacombe - Membre Honoraire de l’Assemblée Nationale

j.lacombe@orange.fr

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