Comment, après cela, "sans transition", comme on dit à la radio, faire de l'humour ?
Charline y a renoncé, et a su trouver le ton juste:
En 2014, vingt années après le génocide, Jeanne Allaire avait déjà livré son témoignage à Lyon capitale.
J'extrais ces quelques lignes de cet entretien:
Pendant deux mois, Jeanne et sa sœur ont couru dans la forêt, traquées comme des animaux. Les Hutus en furie massacrent les Tutsis, qu’ils identifient grâce à leur carte d’identité. Et puis, il y a les stéréotypes propres à l’épuration ethnique, qui les définissent comme des êtres grands, à la silhouette élancée. Comme Jeanne. “C’était un génocide de proximité. Les voisins tuaient les voisins. On a toujours su qui était tutsi ou hutu, on avait de bons rapports, on partageait tout, on allait ensemble à l’école…” Pour éviter d’être repérées par les miliciens qui fouillaient les maisons, les deux jeunes filles se cachent alors dans les bananiers. “La question, ce n’était pas de survivre, c’était : Comment je vais mourir et quand ?”
Jeanne ne meurt pas, mais l’après-génocide est tout aussi effrayant. “Ce qui est bouleversant, c’est de se réveiller et de ne trouver rien de ce qu’on connaissait, explique-t-elle. Plus de frères et sœurs avec qui partager des souvenirs, plus de photos, plus d’habits, plus d’enseignants, plus de camarades, plus d’école… Ton histoire est effacée et il faut tout recommencer.” Malgré tout, Jeanne s’estime chanceuse : quand les massacres ont commencé, en avril 1994, sa famille vivait dispersée dans le pays et à l’étranger, ce qui les a sauvés, pour la plupart. “C’est plus difficile de se cacher à cinq qu’à deux. J’ai perdu mon père et une sœur, mais j’ai retrouvé ma mère, mon frère et une petite sœur. Ce n’est pas courant de garder une famille aussi nombreuse.
On trouvera un témoignage plus en longueur de Jeanne Allaire ( vidéo d'une heure) sur ce site.
Jeanne Allaire est aujourd'hui membre du cabinet d'Anne Hidalgo.