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May Skaf naît à Damas le 13 avril 1969.
Elle est influencée par le dramaturge syrien Saadallah Wannous, qu'elle considère comme un père spirituel.
Durant son adolescence, elle embrasse la cause palestinienne et milite dans les Jeunesses Communistes.
Elle suit des études de littérature française à l'université de Damas.
Durant ses études, elle développe un intérêt pour le jeu théâtral et se produit dans plusieurs pièces jouées au théâtre de l'Institut culturel français.
Elle est repérée en 1991 par le réalisateur Maher Kaddo, qui lui offre un rôle dans son film Sahil al jihat, qui sort en 1993.
Entre-temps, elle apparaît pour la première fois à l'écran en 1992 avec un rôle secondaire dans une série syrienne adaptée du roman policier La Dernière Énigme d'Agatha Christie.
Si sa carrière d'actrice n'est pas prolifique d'un point de vue quantitatif, elle marque les esprits pour les rôles souvent complexes qu'elle interprète.
Ainsi, elle incarne notamment une femme qui manifeste pour se rebeller contre son frère conservateur, une guerrière qui résiste à la torture, ou encore une mère qui élève seule sa fille et s'oppose aux abus de son mari.
En 2004, elle crée Teatro, un centre d'enseignement d'art dramatique qui propose des méthodes non traditionnelles qui contrastent avec la rigidité et les contraintes du principal institut d'art dramatique du pays.
Dans une tribune publiée dans plusieurs médias arabes en mai 2011, elle soutient les manifestations contre la dictature de Bachar el assad..
Elle participe ensuite à une manifestation d'intellectuels à Damas.
Le 13 juillet, elle est arrêtée à Damas par les forces de sécurité, parmi trente écrivains, journalistes et artistes ; tous sont libérés quelques jours plus tard.
Elle devient alors un des symboles de la révolte et est surnommée « Fleur de la révolution ».
Elle est à nouveau arrêtée en 2012, ce qui la conduit à envisager un exil.
Par ailleurs, par représailles, les autorités ferment son centre Teatro.
Malgré une interdiction de voyager, elle parvient à quitter son pays en juin 2013 pour la Jordanie et vit à Amman avec son fils jusqu'en 2015.
Ce petit film (en arabe, mais sous-titré en anglais) fut tourné lors des derniers jours que May Skaf passa en Syrie.
Elle avait été informée qu'elle risquait une nouvelle arrestation, et une détention beaucoup plus longue, si elle ne quittait pas son pays.
Elle ne le savait évidemment pas, mais elle ne devait jamais revoir Damas.
Ensuite, elle rejoint la France et s'installe à Dourdan, dans l'Essone.
Elle bénéficie de l'aide de l'association L'Atelier des artistes en exil.
Elle envisage également de reconstituer son centre Teatro pour en faire « un lieu d'espoir et de créativité pour les réfugiés syriens ».
À distance, elle continue à s'opposer au régime de Bachar el-Assad, en participant à des manifestations à Paris ou en publiant des messages sur les réseaux sociaux.
Le 23 juillet 2018, elle meurt à Dourdan où elle s'était installée, sans doute des suites d'un arrêt cardiaque.
Une enquête est engagée pour préciser les circonstances de son décès.
De nombreuses personnalités lui rendent hommage.
(Source: Wikipedia)
On peut réécouter May Skaf dans cet entretien, enregistré en 2013, dans lequel elle s'exprime en français.
Le son n'est pas excellent, et elle cherche souvent ses mots, le français n'étant pas sa langue maternelle, mais ce document est précieux.
Elle y revient sur les débuts de la révolte contre la dictature de Bachar El Assad, en 2011.
May Skaf restera dans les mémoires comme une grande dame, sensible, farouche opposante à la dictature, aimant passionnément la liberté, alors même que seront oubliés les tout petits bonshommes qui apportent leur soutien au criminel Bachar el Assad sous prétexte , croient-ils, de s'opposer aux "Nord-américains".
Ceux-là finiront dans les poubelles de l'histoire, avec leurs nauséeuses armées de trolls.
R.I.P May Skaf .