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Billet de blog 7 janvier 2017

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Jérome Leroy évoque Frédéric Fajardie

La vie aurait dû changer. Et pourtant on avait l’impression que le monde n’avait jamais été aussi dur, que l’amour du fric, l’ambition entrepreneuriale étaient les seules vertus. Les idoles de l’époque s’appelaient Bernard Tapie et Yves Montand. Ils osaient dire « Vive la crise ! » dans des émissions grand public alors que les premiers « nouveaux pauvres » s’entassaient dans les bouches du métro.

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Une évocation d'un auteur de romans noirs disparu le 1 er mai 2008, à retrouver sur le site europolar:

http://www.europolar.eu/index.php?option=com_content&task=view&id=34&Itemid=34

Pour davantage d'informations sur Frédéric Fajardie: http://fajardie.free.fr/

Illustration 1

A relire, en plus de ses nombreuses nouvelles et de ses romans, ce livre dans lequel Frédéric Fajardie dénonçait, déjà, en 1992, après Guy Hocquenghem, les trahisons des politiciens prétendument de gauche:

Illustration 2

 Un livre de colère, la colère d’un homme de gauche, d’un révolutionnaire,  contre ce qu’était devenue la gauche au pouvoir. Il montrait, déjà, l’incroyable arrogance des socialistes gouvernementaux, la déculpabilisation devant le fric, la conversion à l’économie de marché à coup de knout, les Tapie érigés en modèle pour la jeunesse des banlieues.

Ce  livre lui a coûté cher. Les hiérarques  rose pâle des médias, dans les R 25 de fonction, ont décidé de punir l’insolent. Frédéric, qui était un scénariste recherché pour la télé et le cinéma, Frédéric qui avait inventé le personnage du flic motard David Lansky  joué par Johnny Hallyday s’ est retrouvé soudain, brutalement, victime d’une véritable interdiction professionnelle. J’ai été témoin de ce maccarthysme social-démocrate qui essaya de soumettre Frédéric en l’asphyxiant financièrement. Car il faut bien comprendre qu’à de rares exceptions, les écrivains, dans un système capitaliste comme le nôtre, sont les seuls dans la chaîne du livre à ne pas pouvoir vivre de leur travail, ce qui est paradoxal quand on sait que l’éditeur, l’imprimeur, le distributeur et le libraire, eux, le peuvent. D’où le nombre d’écrivains obligés de trouver un second métier. C’est Frédéric, le premier, qui m’avait fait remarquer cette anomalie, véritable cas d’école pour la théorie  marxiste de la plus value, autour d’une bouteille de grappa que lui avait offerte le cinéaste Robert Enrico, le seul qui ne l’ait pas lâché dans cette période.

Pour Robert Enrico, Fajardie écrivit, cette même année 1993, le scénario du film Vent d'Est:

VENT D'EST © Ina Culture

La presse « amie » aussi l’ignora méchamment, avec une mention spéciale pour Télérama, l’hebdo  pseudo intello de ceux qui font semblant de ne pas aimer la télé et qui passent leur temps devant ou Libération, à l’époque encore le journal de July. Pour July et quelques autres maoïstes reconvertis dans les universités d’été patronales, Frédéric était un remords vivant. 68, il l’avait fait en première ligne, en grenadier voltigeur de la Gauche Prolétarienne, prenant les coups de matraque quand l’état-major (July, entre autres) théorisait les lendemains qui chantent dans  les murs de  l’école normale supérieure de la Rue d’Ulm. Ça le faisait rigoler, au bout du compte, Frédéric. Et puis il se vengeait dans ses nouvelles, pleines de personnages à clefs aisément reconnaissables (Tapie, July, Séguéla, Attali et j’en passe des plus nauséabonds…)  ou dans ses chroniques à l’Humanité.

(extrait du billet de Jérôme Leroy).

Fajardie est également l'auteur d'un "petit traité de la chasse":

Illustration 4

« Combien de citoyens renoncent à une balade en forêt parce que la chasse est ouverte et qu'une meute d'alcoolos enfouraillés a quasiment droit de vie et de mort sur les malheureux promeneurs, hommes, femmes et enfants ?
  Comment se fait-il qu'à l'instant longtemps espéré où une bonne fortune se dessine pour un couple qui, en quête d'amours discrètes et bucoliques, a stoppé sa voiture en forêt, et tandis que l'atmosphère devient torride, il faille rengainer (si l'on ose dire !) ses désirs parce que les chasseurs, ces immondes chacals, ont sorti leurs fusils, transformant les lieux en Forêt de la Frustration ? »

HENRI TACHAN "La Chasse"

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