Agrandissement : Illustration 1
Les thuriféraires de la réforme du collège, confrontés à la réalité d'un refus massif, puissant, polymorphe, à une colère qui gronde dans tous les établissements, à une Intersyndicale unie contre le décret de Manuel Valls, glapissent aujourd'hui que "les syndicats ne sont pas représentatifs".
Ils en proposent une preuve: 40 % de participation, seulement, aux deux dernières élections professionnelles (2011 et 2014).
Ils oublient bien entendu de rappeler que cet effondrement de la participation a été organisé par le ministère, comme le rappelle l'article que je propose en lien.
2008 (dernière élection normale, avec bulletin papier) : 61 % de participation
2011 (premier vote électronique): 38,5 % de participation
2014: le vote électronique est maintenu dans l'Education Nationale, alors qu'il n'est pas imposé aux autres fonctionnaires: 41 % de participation.
C'est que, voter dans les nouvelles conditions imposées par le ministère, c'est à peu près aussi simple que d'obtenir le formulaire A 38...
Extrait du texte mis en lien (qui date de 2011):
"Interrogée par le Café vers 19h le 20 octobre, Bernadette Groison dénonçait "le vol des bulletins de vote" causé par le vote électronique. On est passé de 618 000 à 369 000 électeurs ce qui pèsera également dans les rapports entre ministères. Elle accusait les problèmes informatiques liés au vote, difficultés de fonctionnement, encombrement de la plateforme, bugs. Près de 250 000 électeurs n'auraient pas retiré leur identifiant. Enfin le vote a duré 1 semaine au lieu de 3. La Fsu a prévenu le ministère de ces difficultés. Pour la FSU, le ministère " assume l’entière responsabilité de la chute impressionnante des taux de participation... La démocratie sociale est fragilisée et c’est sans doute cela que le ministre souhaitait, sans bien sûr pouvoir le dire, en cohérence avec la mise en œuvre de choix budgétaires, de décisions et de réformes qui sont rejetés très majoritairement par les personnels". Interrogée par le Café, B Groison estimait que cette situation "ça arrange le ministre.. Je vois comment le gouvernement pourrait utiliser cette baisse du taux de participation".
La question n'est pas de savoir cliquer, la question est de vaincre les multiples obstacles que le ministère met en place pour dissuader les gens de voter, et les bugs à répétition...
Imaginez que, pour avoir le droit de voter, vous deviez d'abord aller retirer un mot de passe dans un bureau lointain (la messagerie professionnelle, que la plupart des professeurs n'utilisent jamais, car le rectorat peut aller lire tous les messages qui s'y trouvent), au moyen d'un laissez-passer obtenu dans un autre bureau (le secrétariat de votre collège ou lycée) puis que, muni de ce premier mot de passe, vous deviez faire la queue devant un troisième bureau (le site où l'on vote), sans succès le premier jour (trop de monde !), puis un deuxième jour (encore raté ! Toujours trop de monde !), et revenir un troisième jour, pour obtenir enfin le papier qui vous permettra de vous présenter au bureau de vote, et d'y refaire la queue, une dernière fois, pour pouvoir enfin voter, s'il n'y a pas, une fois encore, trop de monde...
Voilà ce que donnerait, dans la vie réelle, le système de vote mis en place dans l'Education Nationale...Et seulement dans l'Education Nationale !
Pas beaucoup de rapport avec l'informatique, mais un grand rapport avec la bureaucratie et la volonté évidente de dissuader un maximum de personnes d'aller voter, de manière à pouvoir faire bèler ensuite, par les thuriféraires du Ministère, que les syndicats ne sont pas représentatifs...
CQFD.
Deux autres liens sur ce scandale méconnu:
http://www.sudeducation.org/Elections-professionnelles-fiasco.html