J'écris ce souvenir en réponse :
1) à une observation publiée le dix avril, et faite durant la manifestation de la veille, par deux journalistes de Médiapart, observation que j'avais relevée:

Agrandissement : Illustration 1

2) à un commentaire publié hier:

Agrandissement : Illustration 2

Fin novembre, début décembre 1986.
Manifestations contre la loi Devaquet, dont Malik Oussekine fut une victime collatérale.

Chaque fin de manifestation est marquée par des affrontements très violents entre "casseurs" et policiers.
Je me trouve, un soir, après la dispersion de l'une de ces manifestations, boulevard Saint Germain.
Où j'assiste à ce curieux spectacle.
Un petit groupe d'une douzaine d'individus, pas même masqués, renverse méthodiquement des voitures, puis les incendie.
Ils agissent sous les ordres d'un personnage plus âgé, d'une quarantaine d'années.
Les CRS, dont le cordon se trouve cinquante mètres plus loin, laissent faire.
C'est seulement lorsque la voiture brûle qu'ils avancent, tranquillement, sans charger, sans disperser les incendiaires, sans interpeller personne, pour permettre aux pompiers d'éteindre l'incendie; la voiture est évidemment irrécupérable.
Pendant ce temps, le groupe d'incendiaires, qui a avancé de cinquante mètres, fait subir le même sort à un autre véhicule.
Tous les ponts sur la Seine sont barrés par des cordons de CRS, que personne ne peut franchir.
Mais, plus tard dans la nuit, je revois l'homme de quarante ans, discutant, sur un pont, avec le gradé qui commandait le cordon de CRS, puis passant tranquillement sur l'autre rive...
Le lendemain, France-Soir titrait, photos de véhicules calcinés à l'appui, sur les voitures brûlées à Paris, dans la soirée ...
Et pas sur l'impressionnante manifestation qui avait précédé, dans le calme, tout l'après-midi...
Fortuitement, quelques mois après, j'ai revu le quadragénaire.
Il descendait d'une voiture de police, avec des policiers en tenue.
Et il ne venait pas d'être interpellé...
😀

Agrandissement : Illustration 4
