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Que savez-vous de ce 6 septembre 2013 ?
Eric est allé voir un ami et il est arrêté à un check point. Il était environ 16 heures sachant que le couvre-feu était à 18 heures. Il n’y avait donc aucune raison de l’arrêter pour ça, comme on a pu l’entendre. Mais il n’avait pas ses papiers. Il a donc été emmené au poste de police. On lui a aussi reproché d’avoir une matraque. Il avait ça pour se protéger en raison de la situation sécuritaire. A l’époque, au Caire, tout le monde se protégeait (lire encadré). Le lendemain, un juge égyptien a ordonné sa remise en liberté immédiate puisqu'il n’y avait aucune raison de le garder. Mais pour une raison inconnue, les policiers ont ramené Eric au commissariat et l'ont maintenu en détention. L’ambassade de France était au courant. Le Quai d’Orsay m’avait dit de ne pas m’inquiéter, qu’il était dans une cellule sécurisée, que tout allait bien... Le 13 septembre, mon fils a été battu à mort, torturé dans une cellule. Le dimanche, les gendarmes venaient nous annoncer son décès. On nous a parlé d'une soi-disant dispute à propos de la lumière dans la cellule avec ses codétenus, qui lui auraient alors sauté dessus.
(...)
Vous avez l'impression de ne pas avoir été soutenue par la France ?
Quand mon fils est décédé, j’ai rappelé le Quai d’Orsay pour le rapatriement. Je suis tombée sur la même personne qui m’avait dit de ne pas m’"inquiéter pour sa détention". Elle m’a alors simplement dit que c’était à la famille de s’occuper de ça. J’ai dû crier quelque chose comme « C’est inhumain, comment fait-on pour rapatrier le corps de son enfant, je n'ai jamais fait ça moi ! Mon fils est Français, il vit à l’étranger, normalement, vous devez nous aider ! ». Et elle a répondu : "C’est comme ça". Voilà, ce sont les derniers mots. Et depuis, nous n’avons plus eu de nouvelles. Nous avons tapé partout avec ma fille pour qu’on nous aide et c’est finalement la justice qui a rapatrié le corps d’Eric plus d’un mois après.