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Billet de blog 29 août 2015

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Il y a plus de trente ans, la lutte d'un village des Ardennes contre le nucléaire.

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Illustration 1
© 

On a oublié, aujourd'hui, avec quelle violence la construction de centrales nucléaires fut imposée à des populations qui les refusaient.

Certains ont encore en mémoire la lutte victorieuse des Bretons de Plogoff.

On se souvient aussi de la mort de Vital Michalon,  tué en 1977 lors d'une manifestation antinucléaire à Creys-Malville.

Illustration 2
© 

Vital Michalon avait raison: ruineux pour les finances publiques, véritable gouffre budgétaire, le surrégénérateur de Creys-malville n'a jamais fonctionné correctement, et les nucléocrates ont finalement été contraints d'abandonner ce projet délirant.

Aucun d'entre eux, bien entendu, n'a eu quoi que ce soit à rembourser, et ils coulent une retraite heureuse.

R.I.P. Vital Michalon.

Mais qui se rappelle encore la luttre opiniâtre des habitants de CHOOZ, dans la pointe des Ardennes, contre la construction d'une seconde centrale nucléaire, au tout début des années 1980 ?

Illustration 3
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Un film, intitulé L'Explosion, retrace cette lutte oubliée.

Ce film est présenté ici, avec une chronologie:

http://oclibertaire.free.fr/upl/explosion.pdf

Et on peut le visionner, en trois parties, sur Dailymotion:

L'EXPLOSION CHOOZ PARTIE 1 © samych08

Un rappel sur la lutte de Chooz ici:

http://seaus.free.fr/spip.php?article190

Une présentation générale de cette lutte dans une brochure en ligne:

http://fr.scribd.com/doc/146866904/Un-recit-de-lutte-de-Chooz-1998#scribd

Cest de cette brochure que j'ai extrait le croquis géographique reproduit au début de ce billet.

La construction d'une seconde centrale nucléaire à Chooz fut l'une des premières trahisons faucialistes.

Durant la campagne électorale pour l'élection présidentielle de 1981, le candidat François Mitterrand avait affirmé que, s'il gagnait, la construction de centrales nucléaires ne serait pas imposée aux populations qui les refuseraient.

Promesse tenue à Plogoff:le projet de centrale fut abandonné.

Promesse trahie à Chooz: la centrale fut construite, après des mois d'une violence policière dont nous n'avons plus idée.

Voici par exemple (source:https://infokiosques.net/imprimersans2.php?id_article=553) un récit de la répression féroce d'une manifestation antinucléaire à Fumay, en février 1982, par la police "de gauche" d'un Etat contrôlé, déjà, par le PS:

"Samedi 27 février - Fumay (08) [LUTTE CONTRE LA CENTRALE DE CHOOZ B] : Manifestation du dernier samedi du mois, répression brutale

Chooz est totalement occupé par les forces de répression qui empêchent tout rassemblement dans le village. Des antinucléaires de Chooz sont repérés et importunés : intrusions de flics dans les jardins, interdictions de circuler librement dans le village. Un car scolaire ramenant des lycéens de Givet est même stoppé à l’entrée de Chooz. Les jeunes occupants doivent en descendre : bus et cartables (!) sont fouillés.

L’Etat a sorti les grands moyens : 1 200 CRS et gardes mobiles dans la Pointe, 4 hélicoptères dont deux Pumas transporteurs de troupes, deux blindés à roue, etc. C’est au carrefour de Ham, à 2 km de Chooz, que se retrouvent les antinucléaires dont de nombreux Belges. Mais les accès vers Chooz sont bien bloqués. Très vite, des affrontements opposent les manifestants aux casqués. Les blindés entrent en action ; balises et glissières de sécurité sont arrachées pour entraver leurs manœuvres. La manifestation, devant l’impossibilité de parvenir à Chooz, part vers Fumay en voiture. De là, elle prend à pied la direction de la caserne du PSIG [Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie] dont l’installation est due à la centrale. Au quartier du Charnois, devant la caserne, quelques vitres d’appartements et de véhicules privés des gendarmes subissent des dégradations.

Mais immédiatement un fort convoi de flics arrive par derrière.
Les premières grenades lacrymogènes sont lancées sur la manifestation. Dans ce quartier de HLM, la violence policière se déchaîne ; la manifestation est disloquée par la brutalité de l’intervention des mobiles, d’autant plus que le terrain est mal connu des antinucléaires et la retraite vers les véhicules coupée. Des manifestants isolés ou en groupes errent dans le quartier du Charnois et dans cette partie de Fumay quadrillés par 500 flics. Quelques affrontements ont lieu à distance, d’autres au corps à corps. Le rapport de force est totalement déséquilibré entre les 300 à 500 manifestants dispersés dont certains ont déjà réussi à fuir le piège, et les centaines de gendarmes mobiles et les membres du PSIG.


A la nuit tombée : De véritables “ratonnades” se déchaînent pendant de longues heures à Fumay : tabassages en série à coup de pied, de poing, de matraque, de crosse ; gazage à bout portant de manifestants arrêtés ; tabassage aussi dans les locaux du PSIG ; des “bleus” coupent les cheveux de personnes interpellées ; les véhicules des antinucléaires sont systématiquement saccagés ; des passants qui veulent s’interposer sont molestés, matraqués… Un jeune manifestant ardennais est grièvement blessé aux jambes par une grenade offensive. Perdant son sang, se cachant dans les fourrés, il est transporté par un manifestant à l’hôpital de Fumay où il restera trois semaines. Quelques temps auparavant, il avait tenté de trouver du secours dans une maison, où on avait refusé de lui ouvrir…

Mais dans l’ensemble, la population fumacienne est écœurée par la férocité des forces de répression : les portes s’ouvrent pour abriter dans les maisons jusqu’à une douzaine de manifestants ; des Fumaciens, voyant les scènes de tabassage en pleine rue, insultent les flics : “Nazi, SS” et sont eux-mêmes pris à parti… Les journalistes qui assistent à la répression sont empêchés de photographier et menacés violemment par les mobiles. Des pompiers venus porter secours à des manifestants blessés se font matraquer par les “bleus”. Des manifestants arrêtés, après des tabassages très violents, sont largués des cars en rase-campagne après cassage des lunettes et taille des cheveux pour certains. C’est une fois isolée et après bien des difficultés qu’une partie des antinucléaires réussit à se tirer de ce guêpier.


Le bilan est lourd : outre les dizaines d’antinucléaires passés sérieusement à tabac (lèvres ou arcades sourcilières éclatées, yeux pochés, plaies au cuir chevelu, hématomes, etc.), six personnes ont dû être hospitalisées, dont celle gravement blessé entre les jambes. Une vingtaine de véhicules de manifestants et quelques-uns des personnes étrangères à la manifestation ont été saccagés par les mobiles : certains sont hors d’usage.
Un habitant de Chooz est arrêté dans les suites de la manifestation."

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