Après les Journées d'Été d'Amiens, nous nous posions déjà cette question soupçonnant qu'un mouvement comme Nouvelle Donne auquel nous avions accordé notre confiance, puisse sombrer dans les mêmes travers que les partis de la "Vieille Donne". Serait-il capable d'imaginer une structuration différente correspondant à sa promesse de "faire de la politique autrement" et même de métamorphoser la société ou bien aurions-nous encore affaire à l'un de ces "adversaires de la finance" qui, une fois au pouvoir, se couchent à ses pieds et trahissent leurs engagements faisant le lit du FN, des facistes, des xénophobes et autres intégristes qui reviennent en force.
La politique est aujourd'hui discréditée, la démocratie attaquée. Les allées du pouvoir fourmillent de petits aristocrates et apparatchiks avides de richesse et de domination. Faisant fi de la loi et des conflits d'intérêts, ils se mettent au service de l'oligarchie financière. Avec la complicité d'une grande majorité du complexe médiatico-politique, ils parviennent à éloigner les citoyens des choix qui les concernent au premier chef. Comme Mme Thatcher et son "TINA" (There Is No Alternative), ils essayent de nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternative à leur système taillé sur mesure pour servir leurs intérêts et non pour servir le bien commun.
À l’instar de nos amis espagnols de Podemos, nous croyons qu'au contraire, il y a beaucoup de "TAPAS" (There Are Plenty of Alternatives). Podemos est notamment composé des héritiers de Stéphane Hessel : les indignés et il est crédité de plus de 30% des voix aux prochaines élections législatives dans son pays dépassant allègrement les socialistes du PSOE jugés trop conciliants avec les puissants. En Grèce, Syriza est un autre exemple d'une possible embellie démocratique en Europe qui viendrait inverser la tendance jusque là favorable à l'extrême droite et nous ouvrirait des portes afin de reconstruire cette Europe à partir d'une indispensable renégociation des traités.
À condition d’aller débusquer toutes les alternatives dans le plus profond de notre histoire, de nos expériences, de notre imagination, voire de nos rêves, nous pourrons entrevoir, nous aussi, cette embellie démocratique. Face à une démocratie représentative à bout de souffle, il nous faut créer une société plus juste où les citoyens pourront enfin « reprendre la main » à l’opposé de la servitude volontaire dans laquelle la doxa voudrait nous enfermer. D'ailleurs, on parle désormais d'économie "collaborative", un angliscisme, dernier avatar de la colonisation des esprits. Seules des structures coopératives, participatives et égalitaires respectant vraiment la séparation des pouvoirs et alliant notre devise républicaine à un regard résolument dirigé vers l’avenir, nous permettront d’accompagner, voire d'impulser, les mutations en cours dans le monde.
Nouvelle Donne aurait pu être au cœur de ce mouvement citoyen et humaniste soucieux de son environnement. Hélas, il se sera enferré dans des débats sans fin sur une pseudo-concertation ou un consentement mou ressurgit des structures hiérarchiques traditionnelles. Les nouveaux statuts mis en place au terme d'une procédure tout-à-fait contestable reconstituent une oligarchie partisane centralisée permettant à une poignée d'apparatchiks zélés d'accaparer la totalité des pouvoirs, ce qui n'est absolument pas à la hauteur des enjeux, ni de l'éthique annoncée dans sa charte.
Aux antipodes de l’École de Chicago qui a essaimé son venin néo-libéral partout sur la planète, instituant le règne du profit et de l'argent-roi au détriment des ressources naturelles et de la dignité humaine, nous devons réinvestir le champ de la transition sociale et écologique en articulant le global et le local avec les mêmes ambitions que nos prédécesseurs du CNR (Conseil National de la Résistance) dans leur combat héroïque pour le peuple, la culture, la démocratie et tout simplement la beauté de la vie. Comme à la Libération, la constitution d'une 6ème République pour la France est un préalable.
Merci.
Les idées ne reçoivent pas tout d’un coup leur application intégrale ; elles font leur chemin peu à peu et ce n’est qu’en les soumettant à l’examen et à la discussion qu’on ouvre la voie pour l’avenir. Jean-Baptiste André Godin, 1884.
PS. Désolé pour la fermeture des commentaires en raison des insultes que j'ai reçues.