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Billet de blog 31 janvier 2022

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Santé dans le monde, système de santé mondial

Il n'y a pas de système de santé mondial. La pandémie a mis en exergue son absence: les inégalités d'accès au vaccin contre le covid sont immenses. Les problématiques de santé dans le monde sont laissées à l'abandon. Aux ONG. Cela devrait nous poser question car ce ne devrait être du ressort de la charité. Le président indonésien appelle a plus de pouvoir: vers enfin un système de santé mondial?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

D’après la définition de l’OMS, la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. Autant dire tout de suite que peu de pays permettent d’être en bonne santé selon cette définition.

Les pays riches ont pour certains développés des systèmes de santé, comme nous en avons en France, et nous en voyons quotidiennement les limites, bien que nous nous targuons régulièrement d’avoir « le meilleur système du monde ». Dans nombre de pays du Sud… Les systèmes de santé peuvent être en grande difficulté, voire totalement écroulés pour de nombreuses raisons si tant est qu’ils aient réussi à exister un jour. Guerres, climat, famines, le covid depuis 2 ans, sans parler des dégâts causés par le capitalisme, nombreuses sont les causes menant à l’effondrement de systèmes de santé déjà fragiles.

La santé dans les pays du Sud est laissée aux ONG ou à la charité. Avec des succès mitigés et une politique de base critiquable. Nous avons vu l’échec du programme Covax, se basant sur la charité des pays du nord pour fournir des vaccins au Sud.
Les ONG font un travail absolument essentiel mais la nécessité même de leur présence est discutable. MSF avait d’ailleurs tenu une table ronde sur le sujet de l’humanitaire et de l’aspect paternaliste que cela peut avoir lors de son 50ème anniversaire.

En effet, le principe même de se baser sur la charité – en particuliers pour MSF, d’entreprises et particuliers pour MdM par exemple – laisse plus qu’à désirer. Comme pour le programme Covax, ou le don de vaccins par les pays du Nord n’était en rien une solution (tant il est clair depuis le départ que seule la levée des brevets permettrait aux pays du Sud un accès convenable aux vaccins), ne compter que sur la charité pour résoudre des problèmes qui relèvent des politiques publiques pose question.

La santé mondiale intéresse peu dans nos pays riches capitalistes, ou nous pensons à nous et à nous uniquement, même dans un contexte pandémique où il est démontré que cette approche mènera à l’échec pour toustes. Covid, changement climatique, conséquences de guerres par procuration, nous négligeons totalement ces impacts et ne nous intéressons pas où très peu au reste du monde.

La pandémie devrait nous en avoir montré la nécessité face à l’émergence des nouveaux variants. Comme le disait l’OMS dans ces vœux pour 2022 : « certains pays ont fait montre d’un nationalisme obtus et ont amassé les vaccins, ce qui a menacé l’équité et engendré les conditions idéales pour l’émergence du variant Omicron. Or, plus les inégalités perdurent, plus ce virus risque d’évoluer d’une manière que nous ne pouvons ni prévenir ni prévoir. ».

Mediapart a publié hier un article sur un hôpital en Afghanistan. « Depuis plusieurs mois, l’hôpital régional de la principale ville du sud de l’Afghanistan est saturé. Huit à dix enfants y décèdent chaque jour de la famine. D’après l’Unicef, un million d’entre eux risquent de mourir de malnutrition cet hiver dans le pays » commence l’article que je vous invite à lire.

Cette situation est loin d’être isolée. Ces drames sanitaires ne sont pas rares.
Ici c’est la famine. Au Yémen, d’autres causes sont en jeu avec des conséquences pour les populations tout aussi graves.
« The health system in Yemen has been extremely weakened after six years of protracted conflict. About half of the health facilities in the country are out of service while many of the functioning centers have very limited capacities. » dit cet article de la Croix rouge qui liste quelques chiffres sur la situation sanitaire du pays.

Les ONG font ce qu’elles peuvent dans l’indifférence générale. Le capitalisme et la mondialisation économique, censés apporter une « croissance » pour toustes ont bien montré leurs limites.

Mais nous ne réagissons pas. Face à ces situations sanitaires catastrophiques, nous ne réagissons pas. Nous nous contentons de donner quelque peu, comme la France a pu donné les restes de ses stocks de vaccins AstraZeneca dont elle ne voulait plus, satisfaisant à moindre coût nos consciences. Pas de gouvernance mondiale, pas de politiques mondiales, pas d’aides adaptées et non plus de charité, pas de politiques sortant de la logique ultra court termiste et autocentrée du capitalisme.

Il y a quelques jours, l’Indonésie annonçait par la voix de son président Joko Widodo vouloir promouvoir au cours de sa présidence du G20 une nouvelle agence mondiale concernant le système de santé mondial « La présidence indonésienne se battra pour renforcer l’architecture de santé mondiale, qui sera gérée par une agence internationale (…) dont la tâche sera de mobiliser des ressources mondiales dans le secteur de la santé, notamment pour financer les situations d’urgence sanitaire, acheter des vaccins, des médicaments et de l’équipement médical », rajoutant que l’OMS « n’a pas eu la capacité de couvrir de nombreux aspects stratégiques pour le monde » depuis le début de la pandémie.

J’ai été interpellé par ses mots, qui même si selon moi sont encore en deçà des besoins, expriment enfin pour une fois une esquisse de système de santé mondial. Nous serons peu surpris que ces mots soient prononcés par un pays du sud…

Un système de santé mondial est à appeler de nos vœux. Un vrai système de santé mondial. Pas de la charité. Pas par les ONG. Par de la volonté politique, notamment des pays riches dont les responsabilités ne sont qui plus est plus à démontrer.

Alors j’ai vu un peu d’espoir dans ces mots du président indonésien. Je sais que l’espoir est faible tant la force du capitalisme et de notre égoïsme est forte. Mais j’espère. J’espère comme le dit le président de l’OMS qu’en 2022 nous saurons œuvrer pour un système de santé mondial. Pour la réduction des inégalités. Pour des mesures structurelles et non plus de faibles pansements pour lutter dans le monde entier pour que toustes aient accès à des soins de qualité. Toustes, sans exception.

Je rêve sûrement. Espérons.

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