dans l'industrie, c'est le fabricant de pneumatiques Michelin qui confirme la fermeture, début 2026, de ses usines de Cholet et de Vannes, provoquant la colère du millier de salariés concernés qui font grève, voire bloquent les sites. Dans le commerce, c'est Auchan qui prévoient la fermeture de plusieurs établissements et des suppressions de poste dans la plupart des autres à hauteur de plus de 2.000 au total, mettant ainsi un coup de couteau dans le contrat social spécifique à cette enseigne de la grande distribution dont 15 % du capital est détenu par le personnel, dont 98 % des membres détiennent des actions.
Ces plans de licenciements collectifs ne font que confirmer le mouvement de destruction d'emplois, dont nous avons déjà parlé en septembre dernier, à l'œuvre depuis la sortie de la pandémie de covid. Alors que devrait être confirmée ce mois-ci la fermeture de l'usine Stellantis de Poissy, après celle d'Aulnay en 2012 qui a donné lieu à une lutte syndicale intense, et une réduction d'effectif de l'usine Valeo d'Amiens, il faut s'attendre à son intensification dans les mois qui viennent... Les larmes de crocodile du Ministre de l'Economie, qui se dit préoccupé par la situation, et les rodomontades du Premier Ministre, qui s'interroge sur l'utilisation faite par les deux entreprises de l'argent public qui leur a été grassement octroyé, ne changeront rien à la situation de ces milliers de travailleurs et de leurs familles.
Mieux, là où les responsables politiques au pouvoir se prêtent au concours Lépine pour faire renflouer par les salariés les comptes publics à coups de jours de carence supplémentaire, de retour aux 39 heures ou de l'instauration d'une nouvelle journée de solidarité, il y a quelque chose d'indécent dans ces annonces qui vont aboutir à la perte de leur travail de milliers d'entre eux. La timide convergence entre boites organisée le mois dernier par la CGT, seule ou presque, à l'occasion du Mondial de l'Auto ne suffit donc pas ; c'est d'une réponse globale dont nous avons besoin, comme en 2001 autour de Lu/Moulinex puis de Continental, de Goodyear ou, plus récemment, des TUI. Alors que les confédérations reprennent le chemin du sempiternel dialogue social avec un gouvernement illégitime, il est temps que les équipes syndicales concernées, quelque soit leur secteur d'activité, se retrouvent pour discuter d'une riposte commune à la hauteur des enjeux de la situation plutôt que de s'en remettre à des bagarres séparées.

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