Sous leur plume, tous les poncifs sur le sujet y passent : banalités économiques (les grandes enseignes ont déjà toutes leur équivalent sur internet qui fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7), contre-vérités (des créations d'emplois et une hausse du chiffre d'affaires là où l’intersyndicale CLIC-P a démontré le contraire en prenant appui sur les bilans de ces mêmes entreprises), prétendu engouement du personnel pour ces ouvertures (les majorations de salaire apparaissent comme une réponse immédiate à sa smicardisation grandissante et une dualité entre ceux qui travaillent régulièrement et occasionnellement le dimanche s’est développée) mais surtout des considérations sur la liberté qui trahissent l'idéologie de ses auteurs.
La liberté ou l’esclavage ?
Celle d'acheter ? Encore faut-il en avoir les moyens − et pas uniquement le dimanche − alors que la hausse de la CSG, entérinée par ces mêmes parlementaires, le décrochage entre les salaires et l'inflation et le projet de désindexation des retraites et de plusieurs minima sociaux sont là pour rappeler tout le contraire. Celle de se divertir ? Là aussi, encore faut-il en avoir le temps alors que la flexibilité en matière de rythme de travail est devenue la norme suite aux ordonnances et ne pas réduire la culture au marchandage de nos désirs.
Nous savons bien que dans une société fondée sur l’argent, il ne peut y avoir de véritable liberté que pour une poignée de possédant-es : la liberté pour les salarié-es, tout comme pour les petites entreprises obligées de s'aligner sur l'ouverture des grandes, ça n'est plus celle de se reposer ou de fermer le dimanche mais celle de pouvoir travailler ou ouvrir ce jour-là ! Cette novlangue libérale a un ton orwellien pour qui " La liberté, c'est l'esclavage."
Pour un front social et politique
En fait, ces élu-es veulent aller au terme de l’entreprise de généralisation du travail dominical et nocturne, accentuée par un certain Emmanuel Macron alors ministre de l’économie. Il est vrai que le gouvernement leur fait la courte échelle : comme suite à l’annulation par la justice administrative de plusieurs zones touristiques internationales, créées par la loi Macron de 2015, il vient de requalifié ou de redécoupé les ZTI ainsi annulées pour que les commerces qui s’y trouvent puissent tout simplement continuer à ouvrir chaque dimanche (de nouveaux recours sont à l’étude) !
En réponse, des conseillers parisiens de gauche ont dénoncé sa banalisation, qui se traduira y compris par la remise en cause des compensations accordées aux travailleurs concernés. Fort des batailles passées, il est urgent de constituer un front commun regroupant syndicats, associations (le travail dans le commerce se conjugue majoritairement au féminin) et forces politiques et ne pas détacher cette lutte de la mobilisation interprofessionnelle que se dessine car mettre le macronisme en échec sur son geste inaugural serait un formidable encouragement pour tous.