Je parle en tant qu'ancien représentant des livreurs à l'Autorité de Relations sociales des Plateformes d'Emploi de 2022 à 2024 pour la Fédération SUD Commerce. Les livreurs, je les ai connus, on les a connus dès 2017 comme le local de notre syndicat donnait alors sur la place parisienne de la République, lieu de travail comme de socialisation de ces derniers.
Nous avons soutenu leurs grèves pour la rémunération d'abord sur Paris puis plusieurs villes puis au niveau national avec la grève unitaire en décembre 2023. Egalement devant les tribunaux que ce soit aux Prud'hommes qu'au pénal avec la condamnation pour travail dissimulé de Deliveroo en 2023 et celle à venir de Frichti, qui sera examinée en novembre prochain. C'est aussi des reconnexions régulières d'eux auprès de Deliveroo et d'Uber Eats.
Nous nous efforçons à chaque fois de nous mettre à hauteur de guidon des coursiers.
Deux ans de la maison bordelaise des livreurs, ça se fête alors que nous sommes à la croisée des chemins :
- d'abord avec la transposition la mieux-disante possible, l'an prochain, de la directive européenne sur les travailleurs de plateformes,
- puis alors que la situation des livreurs sans-papiers est toujours niée en dépit du formidable coup de projecteur qu'est le film " L'Histoire de Souleymane ",
- enfin le rapport de l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire qui met des mots sur vos maux, vos souffrances, voire vos morts.
Tout cela fait qu'aujourd'hui, le roi est nu et les plateformes obligées de se justifier de leur exploitation forcenée : en effet, l'ARPE a indiqué que vous avez perdu 22 % de rémunération entre 2021 et 2024. Uber Eats, en réponse, a mis en place un tarif minimal de course à 3 euros brut or là où le montant du SMIC, pour les salarié-és, est lui de 9,51 euros. Egalement, attribuer deux millions d'euros pour améliorer votre sécurité or on comptait 120.000 coursiers l'an dernier alors faites la division vous-même... C'est une goutte d'eau d'autant quand on la rapporte au Chiffre d'Affaires en 2021 était de 1,3 milliard d'euros, idem en 2023...
L'année prochaine, ce sont les Municipales alors il faut se donner comme objectif que le modèle de ce qui existe ici et à Paris pour le moment - et bientôt à Nantes - irrigue les autres grandes villes. Là où s'élève le désespoir s'élève la victoire des persévérants a dit le Colonel Sankara. Pourquoi ne pas organiser, l'an prochain, avec l'aide des politiques, des syndicats et des associations qui vous soutiennent une manifestation centrale sur Paris pour mettre en avant tant la question de la régularisation des livreurs sans-papiers, d'une rémunération décente et des moyens à vous attribuer pour vous organiser comme vous le faites déjà ici ? Je vous remercie.
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