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Billet de blog 27 septembre 2025

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Vers un affrontement central avec la macronie

Depuis août dernier et le départ de Bayrou, la crise de légitimé du pouvoir macroniste n'en finit pas de croître mais les obstacles pour que cette crise de régime engendre le meilleur et non le pire sont nombreux. Les quelques réflexions qui suivent sont là pour les recenser et, qui sait, peser sur son issue.

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Août

CELUI QUI NE SAIT PAS DEFENDRE LES VIEILLES CONQUETES N'EN FERA JAMAIS DE NOUVELLE !

Le 3 juillet dernier, le Sénat a voté une proposition de loi visant à permettre aux salarié-es de certains établissements et services de travailler le 1er mai... En cas de confirmation de ce vote, les travailleurs du commerce, pour qui le repos dominical, nocturne et des jours fériés relève déjà de l'exception se verraient dépouillés du seul jour chômé et payé de notre calendrier.

Cette régression, le gouvernement prétend l'étendre à l'ensemble du monde du travail en supprimant 2 jours fériés et en rendant possible la monétisation de la 5ème semaine de congés payés. Ce n'est pas une politique économique ultra-libérale qui se dresse devant nous, c'est à un hold-up sur plus d'un siècle de conquis sociaux que nous avons à faire. Après leur victoire à la Pyrrhus lors de la réforme des retraites, leur projet de budget poursuit le démantèlement de notre système de protection sociale et vise à cristalliser la domination des ultra-riches, ébranlée par les mobilisations successives depuis l'arrivée au pouvoir de Macron.

Ce même Sénat a évalué que les aides aux entreprises ont atteint 211 milliards d'euros en 2023. Dans le même temps, le patrimoine des 500 plus grandes fortunes françaises a été multiplié par 14 depuis 30 ans alors la pauvreté n'a jamais été aussi forte depuis ! Leur société apparaît davantage chaque jour pour ce qu'elle est aux yeux du plus grand nombre, un talon de fer.

Leur opulence n'est faite que de nos renoncements et leur morgue que de notre résignation : quel choix avons-nous hormis celui de nous unir le plus largement possible et cesser de fragmenter les mobilisations par journée, par secteur, voire par localité ce qui s'est révélé inefficace ces dernières années ? Les faire plier est le moyen de se défaire de l'emprise de l'extrême droite dont le rôle n'est que de permettre la poursuite du règne de l'extrême argent. Rien n'est inéluctable, l'histoire le montre et si l'ombre du Soleil, symbole de puissance, est longue, il n'en demeure pas moins qu'il est au plus bas à l'horizon.

CETTE FOIS-CI, C'EST LA BONNE ?

En dépit de luttes sans précédent depuis la loi Travail de 2016, la tentative d'instauration de la retraite par points en 2019-2020 et du passage de l'âge légal à 64 ans en 2023, la macronie turbule mais ne rompt pas. Mais la censure de la disposition la plus contestée de la loi Duplomb par le Conseil constitutionnel, obligé de prendre en compte les plus de deux millions de signatures d'une pétition en ligne, est là pour nous rappeler que la mobilisation n'est jamais vaine.

En affichant vouloir s'en prendre aux actifs, aux privé-es d'emploi, aux malades et aux retraité-es, le gouvernement n'a-t-il pas commis un péché d'orgueil vis-à-vis d'un corps social remonté bien qu'essoré ? Les moments de bascule d'une société, c'est quand ceux d'en bas ne veulent plus et ceux d’en haut ne peuvent plus : nous y serons à partir du 10 septembre. En effet, la mobilisation prévue à cette date, née sur les réseaux sociaux en réaction aux annonces du Premier Ministre, n'est pas sans rappelée la dynamique des Gilets jaunes, une révolte inédite par sa composition, ses formes d'actions et sa durée qui a obligé l'exécutif à reculer.

Les syndicats ont fait savoir qu'ils se réuniront le 1er septembre prochain " pour examiner ensemble les moyens de réagir pour contrer ce nouvel accès de brutalité. " Ce n'est pas d'une énième journée de manifestations et de grève dont nous avons besoin mais d'un plan de bataille qui combine actions locales et nationales, dont la nécessité d'organiser une montée sur Paris alors que le budget sera présenté le 1er octobre prochain, de grèves continues et simultanées dans plusieurs secteurs d'activités, de blocages et d'occupations, bref de sortir des sentiers battus à l'image des grands mouvements sociaux qui ont réussi à arracher des acquis en apeurant puissants et possédants. Nous voulons encore moins d'un calendrier de journées étalées de manifestations : le principe de la vapeur, c'est qu'elle doit s'échapper une fois condensée pour produire une force d'entrainement. Pas question non plus d'accepter d’arrêter le choix de sacrifier tel jour férié plutôt qu'un autre : il n'y a rien à garder dans cette affaire !

C'est pourquoi nous ne serions rester à l'écart de l'exaspération qui monte des profondeurs de la société : nous appelons à participer aux initiatives prévues mercredi 10 septembre et couvrons par le présent appel à la grève les salarié-es de nos secteurs d'activités.

Septembre

LES TROIS GLORIEUSES ?*

Le 8 septembre dernier, nous étions des dizaines de milliers rassemblés devant les mairies pour fêter la première victoire du mouvement, à savoir le départ de Bayrou donc l'abandon (provisoire) d'un budget d'ultra-austérité.

Le 10, nous étions des centaines de milliers dans les villes, petites et grandes, à fièrement bloquer, manifester et palabrer non sans dédain pour la nomination, la veille, d'un nouveau Premier Ministre issu du sérail comme les précédents.

Le 18, nous serons des millions en grève et en manifestation, tout comme en 2023, pour imposer les exigences populaires.

Une force s'est levée qui ne s'arrêtera plus :

- elle est large comme elle va de la jeunesse aux actives/actifs mais aussi à celles/ceux qui sont exclus du travail ou en ont fini avec lui ;

- elle combine la grammaire d'actions des luttes précédentes pour mieux en dépasser les insuffisances ;

- elle vient désormais d’obtenir le retrait des deux jours fériés travaillés gratuitement ;

cette fois-ci, on doit, on peut, on veut gagner !

Note motion de censure, c'est dans la rue et par la grève que nous l'imposerons, pas à l'Assemblée Nationale alors que le gouvernement en place, en charge des affaires courantes bien qu'avec un nouveau chef à sa tête, ne peut être à nouveau renversé... Macron, bien décidé à ne rien changer à sa politique, joue la montre, prenons-le de vitesse !

* Insurrection du prolétariat parisien du 27 au 29 juillet 1830 qui a poussé Charles X, monarque libéral devenu réactionnaire, à abdiquer.

MENANGER LA CHEVRE ET LE CHOU ? CA SUFFIT COMME CA !

Après les mobilisations du 10, que Solidaires a appuyé à juste titre, et du 18 septembre, qui a permis de passer un cran dans le rapport de force, l'intersyndicale a pourtant décrété le lendemain, sous couvert d'un ultimatum adressé au Premier Ministre, une trêve. Reçue hier par lui, c'est sans surprise qu'elle est ressortie bredouille de ce rendez-vous et a appelé à une nouvelle journée de grève et de manifestations le 2 octobre prochain.

Lecornu, ainsi légitimé bien qu'à la tête d'un gouvernement fantoche qui réprime des lycéen-nes et des syndicalistes mobilisés, a depuis déclaré être prêt à la recevoir de nouveau pour recueillir ses propositions sur, de fait, l'ampleur des coupes sociales dans les années a venir... Nous le disons solennellement : si Solidaires se prêtait à cette farce en se rendant de nouveau auprès de lui, nous n'appellerons non seulement pas à la grève jeudi prochain mais exigerons de se dissocier de l'intersyndicale !

Ce slogan, scandé en manifestation, ne doit pas rester une imprécation mais une réalité. Comme de nombreux autres militant-es syndicaux, nous refusons la répétition de la tactique mortifère de l'intersyndicale de journées d'actions plus ou moins proches, qui nous a conduit à la défaite en 2023. Nous savons bien que faire grève, qui plus est de manière reconductible, est exigeant : c'est pourquoi nous pensons que l'organisation d'une montée nationale à Paris donnerait une impulsion en ce sens ; discutons-en à la base !

GREVE ET MANIFESTATION LE 2 OCTOBRE : ET APRES ?

" Le roi ne lâche que quand le peuple arrache. "

Victor Hugo

Après avoir soutenu celui du 18 septembre dernier, nous avons décidé de relayer l'appel intersyndical à faire grève et à manifester ce jeudi 2 octobre. En effet, Lecornu est depuis sorti de son mutisme face aux dirigeant-es syndicaux, reçus à Matignon le 24 septembre dernier : sans surprise, il n'y aura pas de taxation des très riches, qui vont même avoir l'impudence de tenir un meeting le 13 octobre prochain pour défendre leurs privilèges, ni d'aménagement, même timide, de la réforme des retraites.

Il faut ne rien changer pour que rien ne change

C'est donc un budget à peine moins dur que celui envisagé par Bayrou qui se dessine, dont on voit mal comment il ne serait adopté autrement que par le 49-3. Quand à la censure, elle est subordonnée au bon vouloir du RN, qu'on entend plus quand la rue gronde, qui privilégie la tambouille politique et multiplie les contacts avec le patronat... Pourtant, qui ne sera pas écœuré quand sera nommé, dans les jours qui viennent, un nouveau gouvernement à l'image ou presque du précédent ?

Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes !

Même si la grève générale accompagnée d'un blocage prolongé de l'économie, à même d'augmenter le rapport de force là où les journées d'actions à répétition le dilue, ne se décrète pas, elle se prépare : nous pensons ainsi que l'organisation d'une manifestation nationale sur Paris en direction des lieux de pouvoir avant la discussion du budget, loin de constituer une fin en soi, est de nature à y contribuer.

Nous mettons cette perspective en débat dans Solidaires, avec ou sans l'intersyndicale, dans les collectifs Bloquons Tout !, auprès des syndicats qui s'y impliquent etc. : la spontanéité du 10 septembre et la massivité du 18 septembre ont ouvert des brèches, il est urgent de les élargir !

Le déni de démocratie, ça suffit ! Rupture du dialogue social, à fond les revendications !

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