Dans mon billet précédent, intitulé « A propos de quelques bêtises... », j'ai pointé les erreurs factuelles graves et les rumeurs infondées colportées par un livre intitulé « La bêtise économique » (édition Perrin), écrit par deux publicitaires, Catherine Malaval et Robert Zarader. Mais, avec un peu plus de recul, je découvre des faits nouveaux et des souvenirs plus précis me reviennent à la mémoire, qui discréditent encore plus gravement ce livre.
On se souvient que ce livre évoque trois affaires industrielles, dont celle du plan social envisagé secrètement par Danone et révélé par Le Monde dans ses éditions daté du 11 janvier 2001. La thèse centrale serait grave, si elle était fondée : elle a pour but de démontrer que le quotidien a joué un rôle « manipulateur » et a contribué à « orchestrer » une campagne. Le quotidien ou plus précisément... sa direction, et le rédacteur en chef du service Entreprises, -en l'occurence, moi-même - qui auraient en quelque sorte influencé le journaliste ayant rédigé l'article. « En 2001, Le Monde a beaucoup évolué, écrivent les auteurs, et succombe plus naturellement à la recherche du scoop ; son service Entreprise traverse une situation complexe, sa direction se trouvant "très fortement" influencée par Laurent Mauduit, une des sources originelles de la révélation du passé trotskiste de Lionel Jospin et pourfendeur de la "trahison jospinienne" et de la "nouvelle économie du Parti socialiste" ».
Indigné par ces lignes, qui résume la thèse, j'ai donc dit dans mon billet précédent que je n'avais en rien participé à cet article - au demeurant rigoureux - et que la thèse du complot était stupéfiante. Mais j'avais omis l'essentiel, qui ne m'est revenu à l'esprit qu'ultérieurement, en y repensant : les auteurs me font bien d'honneur en voyant en ma modeste personne le chef d'orchestre d'une manipulation. Et pour une bonne raison : je ne pouvais guère user de mes fonctions de rédacteur en chef du service Entreprises pour influencer « très fortement » la rédaction d'un article publié le 11 janvier 2001, car à cette date j'exerçais mon métier au sein du service... France ! Si j'ai bonne mémoire, je n'ai pris la direction du service Entreprises qu'un mois à un mois et demi plus tard. Tout faux, donc... A la trappe, le chef d'orchestre, en même temps que la thèse du livre!
Allez ! Autant parler d'autres choses, des vrais ressorts de la crise de la presse, des mises en cause de son indépendance. Avec Nicolas Sarkozy aux commandes, et beaucoup de ses amis qui contrôlent tous les grands médias, il y a assez de faits graves pour ne pas avoir à en inventer, pour d'obscures et médiocres raisons.