Dans la conclusion de L’Etrange capitulation ((Éditions Gawsewitch), je précise quelle était mon ambition en écrivant ce livre : si j’ai jugé utile de tenir la chronique passablement désespérante de cette première année d’exercice du pouvoir de la nouvelle majorité socialiste, c’est d’abord pour inviter à la réflexion et au débat. Pour essayer de comprendre pourquoi, pour la toute première fois dans la longue histoire de la gauche, il n’y a pas une un seul instant de rêve, pas un seul moment de répit ; pourquoi, tout de suite, le gouvernement a appliqué une étouffante politique d’austérité, et mis en œuvre une cascade de réformes d’inspiration patronale ou néo-libérale ; pourquoi, en somme le gouvernement socialiste a poursuivi la politique économique et sociale impulsée par Nicolas Sarkozy et avec laquelle le pays, pourtant, a voulu en finir.
Oui, pour inviter à la réflexion. Et pour inviter aussi à un sursaut.
Dans la floraison des rencontres et des débats qui sont organisés autour de ce livre, je veux donc ici en signaler quelques-uns :
* Débat à la Fnac-Montparnasse le 2 mai. Sur le thème « L’évasion des valeurs républicaines ?», je suis invité à participer à un débat public ce 2 mai à 18H à la Fnac-Montparnasse (136, rue de Rennes, salon André Essel, niveau 3). L’annonce de la rencontre est ici. Le débat sera consacré aux enseignements du scandale Cahuzac et au-delà au bilan de la gauche depuis un an.
* Rencontre à Saint-Quay Portrieux le 4 mai. La Maison de la presse de Saint-Quay Portrieux (Côte-d’armor, 3 Bd du Général de Gaulle), organise le samedi 4 mai, de 9H30 à 12H30, une rencontre-dédicace autour du livre.
* Débat à Bordeaux le 29 mai. Toujours formidablement accueillante la librairie La Machine à lire, ainsi que mon ami Patrick Rödel, m’ont invité à un débat en fin d’après-midi ce jour-là, à partir de 18H30, pour débattre des conclusions de L’étrange capitulation. Un représentant du Front de gauche et un autre d’Europe écologie ont accepté de participer à l’échange et d’apporter leur point de vue. Un élu du Parti socialiste a aussi été approché mais n’a pas encore apporté sa réponse.

Je ne peux par ailleurs évoquer ici les très nombreuses réactions qui me sont parvenues à la suite de la parution de ce livre. Je m’autorise juste à en mentionner une, qui m’a fait particulièrement plaisir. Celles et ceux qui m’ont lu savent en effet que dans ce livre, j’ai pris comme fil conducteur L’étrange défaite du célèbre historien Marc Bloch. Si j’ai fait ce choix, c’est que dans cet essai qui analyse la débâcle de juin 1940, le grand historien s’applique à démontrer que celle-ci est non pas une victoire allemande mais plutôt une défaite française. Une défaite due à l’arrogance et à la nullité de l’état-major mais aussi à la crise morale des élites françaises qui étaient déjà du côté des futurs vainqueurs, avant même la bataille. « Le pis est que nos adversaires y furent pour peu de choses », s’indigne Marc Bloch.
Jouant de cette comparaison, j’ai donc pensé qu’un reproche similaire pouvait être adressé aujourd’hui à François Hollande et au gouvernement socialiste. Car si, dans le passé, les socialistes ont souvent rendu les armes ou se sont reniés, ils ont toujours, accédant au pouvoir, tenu certaines de leurs promesses et ont engagé de fortes réformes. Ce fut le cas en 1936 aussi bien qu’en 1981 ou encore, plus récemment, en 1997. Or, dans le cas présent, les socialistes, pour la première fois de leur histoire, ont rendu les armes avant même d’avoir combattu.

Interrogé lors de plusieurs émissions radio ou lors d’entretiens, j’ai donc souvent justifié ce choix et expliqué combien les enseignements de Marc Bloch – sur la crise morale des élites françaises, sur les dérives de la presse…- gardaient une formidable actualité. Mais l’un de ces entretiens m’a réservé une surprise. Il s’agit de celui que j’ai eu avec Bastamag (il est ici). Esprit visiblement curieux, Mathieu Lapprand, qui m’a interrogé, a découvert que L’étrange défaite était accessible, libre de droits, sur Internet, sur le site Internet de l’Université du Quebec à Chicoutoumi.
A tous ceux, comme moi, qui voue une grande admiration à Marc Bloch, l’un de ces républicains exemplaires qui incarne la vertu, je ne résiste pas au plaisir de leur offrir à mon tour, sur mon propre blog, l’accès à cet essai formidable qui parle de la crise française des années 30 et de la débâcle de Juin 1940 mais qui dit aussi beaucoup de la crise que la France traverse aujourd’hui.
Voici donc, ci-dessous, L’étrange défaite de Marc Bloch: