Laurent Ripart (avatar)

Laurent Ripart

Professeur d'histoire du Moyen Age à l'Université Savoie Mont Blanc, membre de la direction du NPA-L'Anticapitaliste

Abonné·e de Mediapart

37 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 mai 2016

Laurent Ripart (avatar)

Laurent Ripart

Professeur d'histoire du Moyen Age à l'Université Savoie Mont Blanc, membre de la direction du NPA-L'Anticapitaliste

Abonné·e de Mediapart

De Zimmerwald (sept. 1915) à Kienthal (av. 1916): renaissance de l'internationalisme

Article de Pascal Morsu et Laurent Ripart, paru dans Hebdo l'Anticapitaliste n° 334 du 28 avril 2016

Laurent Ripart (avatar)

Laurent Ripart

Professeur d'histoire du Moyen Age à l'Université Savoie Mont Blanc, membre de la direction du NPA-L'Anticapitaliste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les deux conférences internationales, qui réunirent en septembre 1915 puis en avril 1916 à Zimmerwald et Kienthal, deux villages du canton de Berne (Suisse), quelques dizaines de délégués du mouvement ouvrier européen, constituent un tournant majeur dans l’histoire du mouvement ouvrier. Après la faillite en 1914 de la II° internationale, ces conférences permirent aux socialistes révolutionnaires de construire une véritable opposition à la guerre et de poser les fondements d’une nouvelle internationale, ce qui devait déboucher sur la proclamation en 1919 de la IIIe internationale.

Le mouvement ouvrier en sommeil

On sait qu'en 1914, les principaux partis socialistes (Allemagne, France…) s'étaient alignés sur leur propre bourgeoisie. Seuls quelques partis avaient majoritairement maintenu une position internationaliste - les Russes, mais aussi les Suisses, Serbes ou Italiens. Par ailleurs, depuis le déclenchement des hostilités, l'Internationale socialiste était aux abonnés absents, les dirigeants réformistes d'alors (Vandervelde, Kautsky...) considérant l'Internationale comme inutile en temps de guerre (!).

Mais dès la fin 1914, une opposition socialiste à la guerre emerge :

→ En Allemagne, Karl Liebknecht avait accepté, au nom de la solidarité du groupe parlementaire socialiste, de voter en août 1914 les crédits de guerre auxquels il était personnellement opposé. Mais il changea vite de position : en décembre 1914, il se désolidarisa de la direction du SPD en refusant – seul – de voter les crédits militaires. C’est donc en rupture avec la direction de la social-démocratie allemande que s’organisa, autour de Liebknecht, Luxembourg, Mehring, Jogiches et Zetkin, le groupe Spartakus qui considérant que la IIe internationale avait failli se positionna en faveur de la création d’une nouvelle internationale.

→ En France, la situation était autrement plus dégradée, puisque la direction et le groupe parlementaire de la SFIO (le PS d'alors) avaient dans leur totalité basculé dans le soutien à la guerre.  Guesde, Sembat ou Blum géraient directement la boucherie au sein du gouvernement, tandis qu’une minorité autour de Longuet prenait au nom du pacifisme ses distances avec le gouvernement, sans toutefois s’opposer au vote des crédits militaires. Seule une poignée de militants isolés avaient pu, tel Fernand Loriot, prendre des positions hostiles à la guerre au sein de la SFIO.

Dans ce contexte, l’opposition française à la guerre vint pour l’essentiel de la CGT ou plus exactement du groupe de syndicalistes révolutionnaires qui se reconnaissaient dans le journal La Vie Ouvrière que dirigeaient Pierre Monatte et Alfred Rosmer. Interdite en août 1914, en raison de son opposition à la guerre, La Vie ouvrière avait disparu, mais sa direction parvint malgré les difficultés à maintenir un groupe internationaliste.

→ En Grande-Bretagne, les directions du Trade Union Congress (syndicats) et le groupe parlementaire travailliste participent à l’effort de guerre. L’ILP (Parti Ouvrier Indépendant) -se prononce pour la paix mais sans s’opposer à la défense nationale. L’opposition ouvrière à la guerre reste confinée à des organisations de taille réduite et une minorité de l'ILP.

→ Et puis il y a bien sur les russes. Avant tout les bolchéviques, bien sûr. Mais au-delà, Martov (menchévique) ou les dirigeants du Bund (PS juif) sont hostiles à la guerre. Sans parler de Trotsky et de ses partisans du groupe Naché Slovo (revue éditée à Paris)...

Maintenir la continuité du socialisme

On le sait, l'alignement du gros des forces socialistes sur un camp ou un autre fut un choc pour les internationalistes russes ou allemands. Mais dès l'automne 1914, le bilan commence donc à  être tiré. Trotsky écrit :

« Le krach de la IIe Internationale est un fait, et ce serait de l'aveuglement ou de la lâcheté de fermer les yeux sur cet événement. Des tentatives purement diplomatiques pour remettre sur pied l'Internationale au moyen de la soi-disant «amnistie» ne nous feront pas avancer d'un pas. Il ne s'agit pas ici d'un simple différend provisoire ou fortuit, mais de querelles concernant «la question nationale» et de la capitulation des vieux Partis dans cette épreuve historique imposée par la guerre »[1].

Partant de là, il en conclut à la nécessité d'une nouvelle Internationale. Depuis sa prison berlinoise de la Barnimstrasse, Rosa Luxemburg ne dit pas autre chose quelques mois plus tard :

« (...) la tâche essentielle du socialisme consiste aujourd'hui à rassembler le prolétariat de tous les pays en une force révolutionnaire vivante et à créer une puissante organisation internationale possédant une seule conception d'ensemble de ses intérêts et de ses tâches (...) »[2].

Enfin, cette perspective va bien sûr avant tout être portée par les bolchéviques. Dès novembre 1914, Lénine écrit :

« La II° Internationale a accompli, pour sa part, un utile travail préparatoire d'organisation des masses prolétariennes, pendant une longue époque « pacifique » qui a été celle de l'esclavage capitaliste le plus cruel et du progrès capitaliste le plus rapide : le dernier tiers du XIX° siècle et le début du XX°. A la III° Internationale revient la tâche d'organiser les forces du prolétariat en vue de l'assaut révolutionnaire contre les gouvernements capitalistes, de la guerre civile contre la bourgeoisie de tous les pays pour le pouvoir politique, pour la victoire du socialisme ! »[3].

« La scène a changé fondamentalement »

En 1915, chacun prend conscience que la guerre ne se soldera pas une campagne courte mais fait basculer le monde dans une barbarie d’une horreur jusque-là impensable.

Afin de trouver une solution à l’enlisement de leurs armées dans les tranchées, les puissances impérialistes mettaient alors au point une nouvelle industrie de la mort, à l’exemple des gaz de combat, pour la première fois utilisés en mars 1915. Loin d’offrir une solution militaire, ces nouvelles armes n’apportaient qu’un surcroît de cruauté à une guerre qui prenait de plus en plus l’allure d’une vaste boucherie.

Pour débloquer la situation, les puissances impérialistes s’attachent aussi à ouvrir de nouveaux fronts, en imposant aux états jusque là neutres de participer à la guerre, ce qui amena l’Italie (mai 1915), la Bulgarie (octobre 1915) puis le Portugal (mars 1916) à entrer dans le conflit. La guerre impérialiste étendait aussi ses ravages dans le monde entier, de l’Afrique au Proche-Orient, jusqu’à l’Extrême-Orient.

La légèreté et la résignation qui avaient permis en août 1914 le départ en masse pour le front faisaient désormais place à l'hébètement face à la froide bestialité d’une guerre totale. Rosa Luxembourg écrit alors :

« La scène a changé fondamentalement. La marche des six semaines sur Paris a pris les proportions d'un drame mondial ; l'immense boucherie est devenue une affaire quotidienne, épuisante et monotone, sans que la solution, dans quelque sens que ce soit, ait progressé d'un pouce. »

Pour la poignée de militants révolutionnaires, la période permettait de relever la tête et de poser les bases d’une opposition à la guerre. Ayant échappé à la mobilisation de masse, les femmes y jouèrent un rôle central. Le 8 mars 1915, Alexandra Kollontaï organisa à Christiana, près d’Oslo, une manifestation des femmes contre la guerre, tandis que Clara Zetkin parvint à organiser en avril 1915 à Berne une conférence de femmes contre la guerre qui réunit 70 déléguées socialistes.

Zimmerwald

Travaux d'approche

Dans ces conditions, diverses initiatives ont lieu pour renouer les fils du socialisme international. Dès septembre 1914, les PS suisse et italien se rencontrent. Ils caractérisent la guerre comme impérialiste, se prononcent pour l'arrêt immédiat des hostilités. En janvier 1915, le PS danois prend une initiative similaire, avec les hollandais et les suédois.

Le même mois, R. Grimm, représentant le PS suisse (hostile à la guerre) se rend à Paris pour une mission d'information. Le contact est établi avec les internationalistes présents – français, mais aussi russes, polonais... Puis vient un représentant italien pour exiger la convocation d'une conférence sur l'attitude des socialistes face à la guerre - c'est peu dire qu'il fut fraichement accueilli par les social-chauvins français et belges… A la suite de ce voyage, le PS Italien prit position pour la convocation d'une conférence anti-guerre, qu'il pensait pouvoir se tenir en Suisse.

5-8 sept. 1915 : la conférence se tient

La réunion projetée eut donc lieu à 10 km de Berne. Trotsky commente :

« Les délégués eux-mêmes plaisantaient, disant qu'un demi-siècle après la fondation de la première Internationale, il était possible de transporter tous les internationalistes dans quatre voitures. Mais il n'y avait aucun scepticisme dans ce badinage. Le fil de l'histoire casse souvent. Il faut faire un nouveau noeud. C'est ce que nous allions faire à Zimmerwald »[4].

La conférence avait une représentativité encore limitée : 38 délégués venus de 11 pays. Y participèrent des représentants officiels de quelques petits partis socialistes : hollandais, suédois, italien, bulgare (Rakovsky)… Mais l'essentiel des participants provenait de divers regroupements anti-guerre européens.

En ce qui concerne la France, les participants étaient surtout issus du mouvement syndical (Bourderon, Merrheim, …). La figure la plus marquante de la délégation allemande était le député « centriste » Ledebour, proche du « pape de la social-démocratie », Kautsky. La présence de ce dernier à la conférence fut d'ailleurs envisagée jusqu'au dernier moment. Et puis bien sur, il y avait les russes : socialistes-révolutionnaires, social-démocrates de toutes tendances (le menchévique Martov et Trotsky y participèrent, ainsi que le Bund, le PS juif). Mais, comme on le sait, c'est Lénine qui va peser de tout son poids.

Pacifisme ou anti-impérialisme ?

Une telle réunion était toutefois difficile à mettre en place - la conférence de Berne avait  montré que les opposants à la guerre étaient très hétérogènes. La question du « défaitisme révolutionnaire », notamment, divisait profondément l’opposition socialiste à la guerre.

Pour les bolchéviques et leurs alliés, l'action contre la guerre ne pouvait être isolée d'une agitation anticapitaliste :

« A bas la niaise sentimentalité des vœux pieux sur « la paix à tout prix » ! Levons le drapeau de la guerre civile ! L'impérialisme met en jeu le destin de la civilisation européenne : d'autres guerres suivront bientôt celle‑ci, à moins qu'il ne se produise une série de révolutions victorieuses. La fable de la « dernière guerre » est un songe creux et nuisible (...) »[5].

Et :

« Dans une guerre réactionnaire, la classe révolutionnaire ne peut faire autrement que de souhaiter la défaite de son gouvernement »[6].

Tout ceci ne pouvait que heurter les courants pacifistes et « centristes » pour qui la conférence devait se limiter à organiser l'action pour l'arrêt des hostilités. Merrheim, parlant pour cette majorité pacifiste, précisa d'ailleurs qu'il défendait seulement la lutte pour la paix et l'organisation de la propagande en ce sens. Même dans la gauche révolutionnaire, les positions de Lénine restaient très minoritaire, Rosa Luxembourg et Trotski se refusant à faire du « défaitisme révolutionnaire » le fondement de leur propagande anti-guerre.

A ceci s'ajoute le fait que les courants les plus droitiers n'envisageaient que l'inflexion de l'orientation « social-chauvine » de la social-démocratie internationale. Pour Martov, Axelrod et les Français, il n'était ainsi aucunement question de rompre avec la II° internationale comme l'envisageaient ouvertement Luxemburg ou Lénine.

Le déroulement de la conference

Comme à son habitude, dés la conférence réunie, Lénine sortit ses arguments le premier, sous la forme d'un projet de motion et d'un projet de manifeste de la conférence. Les discussions furent souvent vives. Ainsi le député allemand Ledebour avait voté les crédits de guerre « par discipline ». Ceci provoqua un vif incident avec Lénine, accusé de prodiguer ses oukases à partir du confort de la Suisse où il résidait alors… Quant à Merrheim, il déclara au cours du débat :

« Camarade Lénine, vous n'êtes pas motivé par un désir de paix, mais par la volonté de poser les fondations d'une nouvelle internationale ; c'est cela qui nous divise. »[7]

Au final, les projets de Lénine furent rejetés par la majorités des délégués. Trotsky et Grimm furent chargés de rédiger un nouveau projet, plus modéré, finalement adopté à l'unanimité. Ce texte caractérisait la guerre en cours « comme un produit de l'impérialisme ». Il insistait sur la responsabilité des dirigeants « social-chauvins » :

« À Stuttgart, à Copenhague, à Bâle, les congrès socialistes internationaux ont tracé la voie que doit suivre le prolétariat. Mais, partis socialistes et organisations ouvrières de certains pays, tout en ayant contribué à l'élaboration de ces décisions, ont méconnu, dès le commencement de la guerre, les obligations qu'elles leur imposaient. (...) C'est à cause de ces faits que la classe ouvrière, qui n'avait pas cédé à l'affolement général ou qui avait su, depuis, s'en libérer, n'a pas encore trouvé, dans la seconde année du carnage des peuples, les moyens d'entreprendre, dans tous les pays, une lutte active et simultanée pour la paix (...) ».

Enfin, il en appelait à la « lutte pour la paix » :

« Cette lutte est la lutte pour la liberté, pour la fraternité des peuples, pour le socialisme. Il faut entreprendre cette lutte pour la paix, pour la paix sans annexions ni indemnités de guerre. Mais une telle paix n'est possible qu'à condition de condamner toute pensée de violation des droits et des libertés des peuples. (…) Le droit des peuples de disposer d'eux‑mêmes doit être le fondement inébranlable dans l'ordre des rapports de nation à nation ».

Par contre le texte ne disait rien sur la nécessité de rompre avec la IIe internationale. Même le refus de voter les crédits de guerre n'était pas réaffirmé. Par ailleurs, une « Commission socialiste internationale » fut mise en place, comme « centre  de liaison et d'information », publiant un bulletin.

Un tournant decisif

Commentant les résultats de Zimmerwald, Lénine écrit bientôt :

« Le Manifeste adopté marque un pas en avant vers la rupture idéologique et pratique avec l'opportunisme et le social-chauvinisme. Mais en même temps, comme l'indiquera son analyse, il pèche par inconséquence et insuffisance »[8].

Les insuffisances visées par Lénine étaient essentiellement le refus de se prononcer nettement pour la rupture avec le « social-chauvinisme », pour la construction d'une nouvelle Internationale. Il y avait aussi le refus de combiner lutte contre la guerre et contre le capitalisme :

« (…) la lutte pour la paix sans lutte révolutionnaire est une phrase creuse et mensongère (…) la seule voie permettant de nous délivrer des horreurs de la guerre est la lutte révolutionnaire pour le socialisme »[9].

Ceci étant dit, Lénine considérait nécessaire de soutenir le manifeste zimmerwaldien car

« C'est un fait que ce dernier constitue un pas en avant vers la lutte effective contre l'opportunisme ».

Avec le recul du temps, on ne peut que partager cette appréciation. Avec tous ces tâtonnements, Zimmerwald fut la première étape de la construction de la nouvelle Internationale qui s'imposait. 

De Zimmerwald à Kienthal

Au-delà des maigres forces présentes, la conférence de Zimmerwald eut un réel écho au sein du mouvement ouvrier. Ainsi, en France, c'est sous l'impulsion de cette conférence que put se constituer le « Comité pour la Reprise des Relations Internationales ». Ce CRRI se fixa initialement pour tâche de faire connaître au sein du mouvement ouvrier (SFIO et CGT) les positions internationalistes. Son écho fut suffisant pour que la direction de la SFIO soit obligée de condamner son activité. Ultérieurement, le CRRI aura un rôle important lors de la constitution du PCF (1919).

Parallèlement la Commission Socialiste Internationale constituée à Zimmerwald travaillait et convoqua une seconde conférence du 24 au 30 avril 1916, à Kienthal, à 50km Berne. On notera dès la circulaire de convocation une nette progression par rapport à Zimmerwald :

« Toute tentative de ressusciter l'Internationale par une amnistie réciproque des chefs socialistes compromis, persistant dans leur attitude de solidarité avec les gouvernements et les classes capitalistes, ne peut être en   réalité  que dirigée contre le socialisme et aura pour effet de briser  le  réveil révolutionnaire de la classe ouvrière ».

A Kienthal, une fois de plus, la direction bolchévique soumit un document, une fois de plus rejeté. Mais le fait est que l'audience des léninistes s'élargissait, que la tonalité du manifeste issu de la conférence est bien plus radicale. Et tout ceci, n'était pas sans effet dans les pays belligérants eux-mêmes.

En guise de conclusion : questions théoriques autour de Zimmerwald-Kienthal

Un siècle après Zimmerwald-Kienthal, on mesure l'acquis théorique que nous ont laissé ces épisodes. En fait, c'est à cette occasion que le mouvement communiste naissant a pu formuler les bases d'une orientation face aux guerres impérialistes, en confrontation avec les pacifistes. Le cœur de cette orientation, c'est le refus de toute forme d'Union Nationale. La question est toujours actuelle – il suffit de penser à la question des interventions françaises en Afrique ou au Proche-Orient.

Ceci étant, le fait de disposer d'un tel acquis ne dispense pas de le questionner. Ainsi, la toute jeune IV° Internationale eut-elle une politique en 1940-45 qui n'était pas une simple répétition des principes formulés par les bolchéviques en leur temps (on est même en droit de se demander si ce n'est pas une correction).

« L'attention de l'aile révolutionnaire était centrée sur la question de la défense de la patrie capitaliste. Les révolutionnaires répondaient  naturellement négativement à cette question. C'était tout à fait juste. Mais quand cette réponse purement négative servait de base à la propagande et à la formation des cadres, elle ne pouvait gagner les masses, qui ne voulaient pas d'un conquérant étranger »[10].

Trotsky rappelait d'ailleurs que lors de la révolution russe, jamais le refus de la défense « nationale » n'aurait permis aux communistes de conquérir la majorité.

Un siècle après Zimmerwald, le débat relatif au défaitisme révolutionnaire – ce qu'il est, ses modalités – se poursuit, et c'est normal.


[1]Trotsky,  La guerre et l'Internationale  (oct. 1914).

[2]Rosa Luxemburg, La crise de la social-démocratie (1915).

[3]Lénine : La situation et les tâches de l'Internationale Socialiste (nov. 1914).

[4]Trotsky : Ma vie (1930).

[5]Lénine, op. cit.

[6]Lénine, De la défaite de son propre gouvernement (juillet 1915).

[7]T. Cliff, Lénine.

[8]Lénine, Un premier pas (11 oct. 1915)

[9]Lénine, op. cit.

[10]Trotsky : Bonapartisme, fascisme et guerre (août 1940).

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.