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- 11 Sept 2020 -
Nous avons reçu en juillet dans le service un patient de la région lyonnaise qui a fait une sale chute dans un ravin … opéré, autonome en fauteuil - a besoin d’une rééducation neurologique rapide. On appelle le centre de rééducation neurologique du centre de rattachement - pour un rapatriement sanitaire, un rapprochement familial (ce qui est la norme dans ce genre de situation) et surtout une rééducation rapide: on nous dit NIET car pas assez de personnels et de lits en été. On appelle le centre de rattachement - chirurgie rachidienne pour un rapatriement sanitaire et un rapprochement familial (ce qui est la norme et une obligation morale et sanitaire dans ce genre de situation): on nous dit NIET car pas assez de lits dans le service
Le patient qui est dans une situation physique très difficile reste d’un calme admirable et d’une gentillesse à toute épreuve, ça en est vraiment troublant. Quelle leçon de vie ! Chaque semaine, nous essayons de discuter livre, musique, moral… il patiente stoïque… Pendant ce temps, nous savons bien que sa prise en charge n’est pas adaptée… il devrait déjà être plus sollicité, verticalisé, remusclé, appareillé, etc etc…et notre kiné seul pour l'été à gérer 40 patients fait ce qu’il peut à l’évidence mais ce n’est pas suffisant… Ce sont 1 mois, 2 mois qui passent, on nous promet "à la rentrée: on va rouvrir des lits, on pourra le prendre"… à la visite, ce 10 septembre, le monsieur est toujours là… et patient, et stoïque, et gentil, et courageux… on décide que s’en est trop… on prend les choses en main. On va voir ce qu’on va voir: on décroche le téléphone et appelle le service de rééducation : ça tombe bien aujourd’hui, c’est la commission des admissions. Jour de chance ? On explique la situation inadmissible du patient…on doit nous rappeler
Pas de nouvelles… on rappelle cet après-midi, certain qu’ils vont enfin le prendre…on tombe sur la secrétaire en charge, très gentille et compréhensive…elle nous explique la décision et là mes bras nous en tombent...
Elle: « On le prendra mais pas pour le moment et je suis désolée de ne pas pouvoir vous donner de date précise... »
Nous: « C’est une plaisanterie ! (on reprend l’histoire: la chute, l’opération, le courage, le délai…) 2 mois et demi qu’il est chez nous, loin de sa famille sans soins adaptés »
Chute finale:
Elle: « Je comprends, je suis vraiment désolée, mais nous avons dû fermer des lits de rééducation à la demande de la direction pour les transformer en lits…COVID… »
BIP BIP BIIIIIIIIIIP…...
Conclusion:
Les applaudissements angoissés de 20h, les manifestations dans les rues, la mascarade du Ségur n’y auront rien fait : Rien n'a changé à l’hôpital !
- manque de personnel
- manque de lits
- manque d’humanité des institutions
et
- le #COVID19 est toujours là, en embuscade
Message pour tout de suite: #UnPetitMasquePeutEtre
Post-scriptum: on précise que le service de Rééducation du CHRU Besancon a dû fermé depuis cet été par manque de personnel médical...Et bien entendu, il ne s’agit pas de stigmatiser les collègues soignants de chacun de ces hôpitaux qui font malheureusement tout ce qu’ils peuvent pour gérer la pénurie, mais de dénoncer la dérive inexorable de nos institutions hospitalières à l’échelle nationale….