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Billet de blog 22 août 2024

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Dire les maux : Solution finale - Zone d’extermination - Génocide palestinien

Tout a commencé ce jour de 7 octobre 2023… où tout n’a pas commencé. L’instrumentalisation de cette ultime attaque du Hamas a été savamment gérée, la discrimination et la spoliation de tout un peuple se voient ainsi justifiées et sous nos yeux en mondovision, on observe à l’aboutissement d’un processus génocidaire planifié en toute décomplexion.

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Dire les maux :  Solution finale - Zone d’extermination - Camps de torture - Génocide palestinien

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Palestinians gathering in front of the gate of Rafah border crossing between Egypt and the Gaza Strip during a protest against the Israeli regime’s blockade of the coastal territory. (Photo by Reuters)

« La Haine, c’est déjà un pied à Auschwitz »

Ginette Kolinka, 99 ans, rescapée d'Auschwitz-Birkenau


Tout a commencé ce jour de 7 octobre 2023…

où tout n’a pas commencé.

Je ne suis pas historien ou géopolitologue mais je sais bien que tout a commencé ce jour de 7 octobre 2023… où tout n’a pas commencé.

Tout n’a pas commencé ce 7 octobre parce que l’histoire de la colonisation et de son expansion, des guerres et des massacres, de la répression et de l’oppression, de l’humiliation et de l’apartheid des arabes de Palestine remonte aux prémices de sa partition en 1947 puis, à l’issue d’une guerre civile, de la proclamation en 1948 de l’État d’Israël, qui fut le point de déclenchement des guerres israélo-arabes. Chaque attaque d’ampleur absorbée par l’État Israélien déclenchera systématiquement une riposte encore plus meurtrière qui donnera aussi l’occasion propice à une nouvelle appropriation de territoire.

Tout n’a pas commencé ce 7 octobre parce que la longue histoire de stigmatisation et d’humiliation, de capitation et d’expropriation, de dispersion et de déportation, de persécution et d’élimination des juifs de Palestine remonte à l’Antiquité et s’est poursuivie par vagues dans les pays arabo-musulmans puis en Europe et en Russie (pogroms ) du Moyen-âge à nos jours avec pour apogée l’expulsion des juifs arabes du Maghreb et du Moyen-Orient à la création de l’État d’Israël et l’Holocauste* des juifs d’Europe de 1933 à 1945.

Si rien ne permet de justifier les massacres et les prises d’otages du 7 octobre commis sur des populations civiles israéliennes, rien ne permet non plus de défendre l’usage disproportionné de la force militaire contre les populations civiles dans la bande de Gaza et dans les territoires palestiniens colonisés. Le peuple israélien doit se ressaisir pour exiger la paix, au nom de sa propre histoire et au nom de l’humanité tout entière.

* Holocauste (du grec ancien : holókautos ; hólos, « entier » + kautós, « brûlé ») : sacrifice où l'offrande est entièrement consumée par le feu.


L’instrumentalisation de cette ultime attaque du Hamas

a été savamment gérée.

Plus grave est l’utilisation à nouveau de ces événements par l’État israélien pour faire aboutir ses plans de destruction massive du territoire et du peuple palestinien qui ont été fomentés depuis plusieurs années au sein des rangs de l’extrême droite israélienne dont le Likoud, dirigé par l’actuel Premier Ministre Netanyahu, est la figure institutionnelle.

Ainsi l’instrumentalisation de cette ultime attaque du Hamas a été savamment gérée de bout en bout : après avoir financé pendant des années la montée du parti intégriste islamiste pour affaiblir le Fatah (parti d’opposition), le gouvernement israélien, malgré les alertes pressantes des Égyptiens et des Américains sur l’imminence d’une agression sur son territoire, a laissé se dérouler l’assaut et n’est intervenu qu’avec retard pour le contrer (parfois même en tuant dans la riposte ses propres ressortissants) (source : Haaretz).

Personne ne peut penser que cette attitude « désinvolte » venant d’un pays surarmé, surprotégé et ultrasurveillé soit fortuite. Le déroulé des événements démontrera par la suite qu’il pourrait s’agir d’une stratégie politique délibérée visant au déclenchement (ou à la poursuite selon le point de vue) de la phase finale du génocide des Palestiniens.

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La discrimination et la spoliation de tout un peuple

se voient ainsi justifiées.

La discrimination et la spoliation de tout un peuple depuis quatre-vingt ans par une politique d’apartheid et de colonisation (documentée par des observateurs internationaux) aussi bien à Gaza que dans les territoires occupés se voient aux yeux de l’État Israélien ainsi justifiées : discrimination au travail (exploitation et privation de droits sur le sol israélien), discrimination au droit de circuler librement (check-point, interdictions d’accès arbitraires), discrimination judiciaire (inégalité de traitement, emprisonnement abusif ou illégal comme celui d’environ 9000 enfants palestiniens entre 2015 et 2022) (source : Palestine Prisoners’ Club), ou spoliation par accaparement de terrains et territoires, de zones de cultures et de cheptels, de  biens mobiliers et immobiliers…

Le travail de stigmatisation et de déshumanisation des arabes de Palestine mené de longue date trouve finalement son accomplissement dans les discours politiques ou médiatiques qui fleurissent dans une surenchère de plus en plus morbides ces derniers mois suite aux attaques du 7 octobre, comparant tout d’abord la population de Gaza à « des animaux humains » à exterminer (Yoav Gallant, Ministre de la Défense), puis qualifiant chaque enfant à naître de « terroriste en puissance » à éliminer et enfin légitimant sur les plateaux télé (journaliste Yehuda Schlesinger, source : Channel 12 - hébreu) ou à la Knesset (député du Likoud Hanoch Milwidsky) l’usage du « viol [par sodomie] des prisonniers » comme « technique de représailles ou de dissuasion efficace » ou celui de la torture (« arrachage des ongles, de la peau, des parties génitales, de la langue, des oreilles et des yeux ») comme moyen de vengeance légitime (source : Facebook de Tzipi Navon, ex-cheffe de cabinet de Mme Netanyahu).

Cette propagande « efficace » alimentera et fera exploser la haine prégnante ou rampante d’une partie des Israéliens pour les gazaouis, et qui se manifestera par des scènes de liesse populaire et des chansons pour célébrer le malheur de ces derniers, par l’attitude indécente des soldats de Tsahal se prenant en selfie ou en vidéo face à leurs œuvres de destruction ou par une amplification et une décomplexion des actes de spoliation, de violence voire de meurtre dans les territoires occupés illégalement par des colons hystérisés (source : Haaretz, ONG FIDH).

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Sous nos yeux en mondovision

l’aboutissement d’un processus génocidaire planifié.

Au fil des mois, le voile s’est levé sur ce que beaucoup d’antennes diplomatiques ou médiatiques internationales, en grande partie influencées par la propagande israélienne ou tenues par une solidarité et des engagements militaro-économiques anciens, ont bien voulu considérer, dans l’émotion suscitée par l’horreur des massacres du 7 octobre, comme une riposte militaire légitime en vue de la récupération des otages israéliens et de la défense nationale d’Israël.

Progressivement, toutes les nations et opinions publiques qui ne continuaient pas à vivre dans le déni ou le soutien aveugle à l’État d’Israël ont réalisé ce qui était en train de se dérouler chaque jour sous nos yeux en mondovision à la télé ou sur les réseaux sociaux : l’aboutissement d’un processus génocidaire planifié. Sur le plan de la justice internationale, ce constat factuel a abouti à l’inculpation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité de Benjamin Netanyahu par le procureur de la Cour Pénale Internationale et le dépôt d’une plainte de l’Afrique du Sud, démarche soutenue par de nombreux autres pays, auprès de la Cour Internationale de Justice pour le génocide des Palestiniens.

Les éléments de preuve étayant cette thèse ont été rapportés par des journalistes ou des observateurs internationaux sur place de l’ONU ou des ONG, par les victimes ou par les bourreaux eux-mêmes grâce à la transmission en flux continu depuis dix mois de nombreux témoignages, de rapports, d’enquêtes, d’images ou de vidéos, parfois virales sur les réseaux sociaux.

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La bande de Gaza : un vaste ghetto à ciel ouvert

piégé entre la Méditerranée et les murs barbelés.

Avant de décider du sort ultime de la population palestinienne, l’objectif initial du gouvernement et de l’armée israélienne était de la séquestrer dans la bande de Gaza, elle-même déjà transformée en un vaste ghetto à ciel ouvert piégé entre la Méditerranée et les murs barbelés, plus grand mais plus peuplé que celui de Varsovie, et où plus aucun endroit ne devait être sûr pour s’abriter : ni les décombres des bâtiments, ni les camps de fortune, ni les hôpitaux, ni les écoles, ni même les bâtiments humanitaires ou de l’ONU, un à un méthodiquement détruits.

Les officiels israéliens ont eux-aussi réfléchi un temps à faire émigrer les Palestiniens vers l’Égypte ou tout autre pays, arabe ou non, qui voudrait bien les accueillir (source : Amihai Eliyahu, ministre du Patrimoine et Daniella Weiss ex-maire de Kedumim et directrice de l’association colonialiste sioniste Nachala). Sans succès. Pour la bonne raison que les pays arabes et les Palestiniens eux-mêmes y verraient une forme de capitulation et d’abandon de leur rêve d’État Palestinien indépendant ou intégré à un État binational. Pour les mêmes mauvaises raisons que les États occidentaux ont refusé d’accueillir en masse les réfugiés juifs fuyant le nazisme lors de la conférence organisée à Évian en juillet 1938 par Roosevelt. Actes de refus que la presse n’a pas manqué d’interpréter dans les deux cas comme la confirmation du bien-fondé de leur politique d’ostracisme à l’égard de leurs minorités respectives.

Sans aucune autre issue initialement que le désert du Sinaï dont la frontière fut ensuite fermée, les Palestiniens se voyaient alors inlassablement ballotés, au gré d’ordres contradictoires communiqués par tracts lâchés du ciel et sous la pression constante des bombardements, d’un endroit à l’autre de la bande de Gaza : tantôt du Nord au Sud, puis de Sud au Nord, puis du Sud au Sud à mesure que les lieux d’habitations ou de campements se réduisaient et que la zone d’exclusion s’étendait. Cette image d’une population errante d’une limite à l’autre du territoire, n’est pas sans rappeler celle des dizaines de milliers de juifs repoussés d’une frontière à l’autre de l’Allemagne à la Pologne, ou de la Hongrie à la Tchécoslovaquie en 1938.

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Leur solution finale de résolution

de la question palestinienne.

Face à cette impasse subie ou souhaitée, les dirigeants israéliens se sont autorisés alors à mettre en place leur « solution finale » de résolution de « la question palestinienne » en menant une stratégie minutieuse d’éradication de la population et de ses moyens de survie (source : Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU).

Il est clair à présent que la récupération des otages n’a jamais été un objectif essentiel pour le gouvernement israélien. Sinon pourquoi dévaster sous un déluge de bombes tous les lieux où ceux-ci auraient pu être détenus ? Netanyahu s’est d’ailleurs acharné à torpiller le processus de négociations qui aurait permis d’avancer sur la libération des otages (source : Haaretz). Non, à ce stade, l’objectif était d’exploiter jusqu’au bout la fenêtre d’opportunité en transformant la bande de Gaza en une vaste « Zone d’extermination » à ciel ouvert qui serait « bientôt transformée en une île déserte » selon Benjamin Netanyahu.

Ici, la « méthode » élaborée à cette fin est le « carpet-bombing », à savoir le fait de raser patiemment sous un tapis de bombes tous les lieux d’habitations (70% à 80% des bâtiments détruits, source : ONU), toutes les infrastructures publiques, tous les centres économiques, la plupart des écoles (7 sur 10, source : UNRWA) et des hôpitaux (26 sur 36), les lieux culturels ou cultuels ainsi que tous les habitants qui s’y protégeaient. Les ambulances étaient régulièrement visées et plus de 500 soignants tués depuis octobre 2023. Selon Daniel Hagari (porte-parole de Tsahal) « l’accent était mis sur la destruction, pas sur la précision ». Qui en douterait à contempler les photos aériennes de désolation d’une ville en ruine dont ne persistera bientôt plus aucun bâtiment ?

Quels sont les plans cachés de Netanyahu et de son gouvernement pour la bande de Gaza ? Réduire la population palestinienne à sa portion congrue afin de se prémunir de toute possibilité de révolte à venir ? Raser totalement la zone pour s’approprier les ressources énergétiques gazaouies (pétrole, gaz) et la transformer en une zone de libre-échange déjà nommée Gaza-Arish-Sderot, à gouvernance multinationale, et dédiée aux investisseurs israéliens, arabes ou internationaux ? (source : Cabinet du Premier Ministre Israélien et The Architects Newspaper).

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AI-generated renderings show skyscrapers, solar fields, water desalination plants, a new high speed rail corridor, and oil rigs off of Gaza’s shoreline. (Courtesy Israel PMO)

« Il pourrait être juste et moral

de laisser mourir de faim 2 millions de Gazaouis. » Bezalel Smotrich

Dans cette Zone de la mort, l’agonie des occupants se poursuit également insidieusement par la privation de soins ou de nourriture liée au blocage de l’entrée des camions de secours humanitaires ou de vivres au sein de l’enclave (source : groupe d’experts de l’ONU et ONG MSF).

L’actuel Ministre des Finances, Bezalel Smotrich, n’a-t-il pas dit à la télé qu’« il pourrait être juste et moral de laisser mourir de faim 2 millions de Gazaouis, mais [que] le monde ne [les] laissera pas faire ». Il est à signaler que, dans la même perspective, les travailleurs humanitaires sont devenus des cibles privilégiées de l’armée israélienne : 163 ont été tués à Gaza en 2023 et le décompte s’élève déjà à 121 entre janvier et août 2024 (source : ONU).

L’affamement progressif de tout un peuple était déjà en place depuis 2007 (date de prise de pouvoir du Hamas) et avait été dévoilé par l’obtention de la publication du document gouvernemental « Food Consumption in the Gaza Strip – Red lines » (source : ONG Gisha) qui démontrait l’existence préalable d’une planification millimétrée de l’entrée des denrées alimentaires sur le territoire gazaoui afin de la faire correspondre à la distribution d’une ration alimentaire journalière par habitants calculée scientifiquement et permettant la survie minimale de la population mais pas son développement normal.

La destruction délibérée des points d’eau potable contribue également aux décès par déshydratation, par la diffusion d’épidémie comme le choléra ou par la résurgence de maladie que nous pensions éradiquées comme la poliomyélite (source : News.UN).

Enfin, certains observateurs et l’armée israélienne elle-même y décrivent des « campagnes d’expérimentation » visant à tester, peaufiner, valider et promouvoir des façons plus efficaces de tuer par l’usage de nouvelles armes de guerre : chars Barak, missiles « dard de fer », bombes à fragmentation, drones Spark ou kamikaze, algorithmes de sélection de cibles et usage de logiciel d’intelligence artificielle (source : TRTFrancais et BBCNews).

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De la violence signifiée à la violence réelle,

le pas était vite franchi. 

La parole continue d’incitation à la haine et à la violence envers les gazaouis portée au plus haut niveau de l’exécutif israélien et du commandement militaire via leurs relais médiatiques, accompagnée dans le même temps d’une parole de totale déculpabilisation et déresponsabilisation des effecteurs sur le terrain, a abouti à un déchainement d’actes de destruction et de barbarie constituant autant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Processus bien connu de tous les génocides.

Pour preuve, ces photographies du Président Herzog lui-même dédicaçant aux Palestiniens des bombes prêtes à être envoyées sur Gaza. Aussi, le quotidien Haaretz décrit comment le commandement de Tsahal est allé jusqu’à distribuer aux soldats sur le front des recueils de « poèmes » glorifiant le meurtre des gazaouis.

Le déchaînement de violence symbolique s’est manifesté par l’observation de soldats en train de piller, de mettre à sac, d’incendier ou de faire exploser autant de maisons que possible, quand d’autres se sont fait photographier avec comme trophées des jouets d’enfants et des dessous féminins volés, ou encore se sont illustrés dans des actes d’autodafé dans les bibliothèques…

De la violence signifiée à la violence réelle, le pas a été vite franchi avec des militaires qui pour certains avoueront après coup, des actes de viols et de torture réguliers, pour d’autres reconnaîtront avoir tiré dans la tête d’enfants errants dans les rues « pour tuer l’ennui » (source : +972 Magazine) ou encore d’autres qui auront lâché leurs chiens de guerre sur des personnes sans défense, âgées ou handicapées piégées dans leurs habitations.

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186.000 morts potentielles, 93.000 blessés, 10.000 déportés.

Vers un nouvel Holocauste ?

L’ampleur officielle du massacre a atteint à ce jour d’aout (22/08/2024) près de 40.000 morts selon le Ministère de la Santé du Hamas (chiffres confirmés par l’Office humanitaire des Nations Unies - source : France24.Com). Deux-tiers des victimes seraient des femmes et des enfants (et non des hommes en armes). Ainsi, le nombre d’enfants tués à Gaza dépasse largement le nombre d’enfants tués sur l’ensemble des conflits armés mondiaux depuis 2019… (source : ONG Save the Children International).

On se rappellera la vidéo de ces bulldozers de l’armée israélienne qui roulent sur des corps inertes ou des blessés agonisants puis qui les ensevelissent directement dans la terre ou les déposent dans des charniers creusés pour l’occasion. Le 5 août 2024, un container transportant les corps en décomposition de 80 gazaouis détenus par les soldats israéliens a été déchargé à Gaza sans qu’aucune identification personnelle ou explication sur la cause de leur décès ne soient fournies.

Selon les analystes médicaux (source : The Lancet et Médecins du monde) ou militaires (Lieutenant-colonel Ancel), se basant sur le Rapport « Global Burden of Armed Violence » du Secrétariat de la Déclaration de Genève, le nombre de morts directes en lien avec des bombardements massifs en milieu urbain fortement peuplé (officiellement comptabilisées ou ensevelies sous les décombres) et indirectes par retard ou défaut de soins des malades ou des blessés, par déshydratation, par malnutrition voire par famine, approcherait en fait déjà potentiellement les 186.000. Un nouvel « Holocauste » en cours qui représente actuellement près de 8% de la population de la bande de Gaza avant le conflit et qui équivaudrait proportionnellement à la population de la France, à une éradication de 5,6 millions de personnes. Enfin, il ne faut pas oublier de rajouter à ce décompte morbide l’ensemble des 93.000 blessés souvent mutilés ou amputés (source : RFI.fr), qui font l’actualité des journaux et des réseaux sociaux chaque jour de bombardement, c’est-à-dire quasiment tous les jours depuis le déclenchement des représailles il y a 10 mois. Qu’adviendra-t-il de cette génération entière d’enfants sacrifiée et durablement traumatisée, physiquement et psychiquement, par cette véritable boucherie ?

En parallèle de ces exactions dans la bande de Gaza, s’est mis en place l’arrestation arbitraire de près de 10.000 palestiniens dont plus de 3000 raflés, accusés et emprisonnés sans enquête ni procès selon les chiffres d’août 2024 de l’administration pénitentiaire israélienne. Parqués nus comme des animaux (de fait), les yeux bandés jour et nuit, les mains liées par des serflex trop serrés (responsables de douleurs, nécroses et mutilations), ils ont été déportés dans des camps de « prisonniers » en territoire israéliens, tels que celui de Sde Teiman, où ils ont été soumis à toutes sortes de violences gratuites : humiliations répétées, privation de liberté, de nourriture et de sommeil, viols en réunion par diverses méthodes dont seule la barbarie humaine en a l’imagination, coups et blessures directes ou par le biais de chiens d’attaque, actes de torture répétés jusqu’aux fractures multiples des membres ou à la mort (source : ONU, ONG B’Tselem, Physicians for Human Rights-Israel et New York Times). Le décompte réel du nombre de prisonniers détenus dans ces « camps de torture » et le sort ultime qui leur sera réservé sont à ce jour inconnus.

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Une campagne génocidaire en toute décomplexion

sous les yeux du monde entier. 

Le plus incroyable, vue l’ampleur et la gravité des crimes perpétrés, est que le gouvernement israélien, probablement convaincu de sa domination régionale et de son impunité internationale, mène cette campagne génocidaire en toute décomplexion sous les yeux du monde entier. Enfin, cette affirmation n’est en réalité pas tout à fait exacte puisque, pour limiter la publicité sur ses exactions, l’armée israélienne a déjà assassiné 165 journalistes dans la bande de Gaza depuis le début du conflit (source : syndicat des journalistes palestinien).

Face au soutien diplomatique et à l’aide militaire apportés par notre pays, la France, l’Europe et d’autres grandes puissances internationales (USA, Allemagne, Grande-Bretagne) à ce génocide en cours de réalisation, il est de notre devoir d’humanistes de continuer à le dénoncer par tous les moyens à défaut de pouvoir - individuellement - le stopper. Cela passe en premier lieu par le fait de nommer clairement ce qui se déroule là-bas. Il y a fort à parier qu’un jour les livres d’Histoire parleront de l’Holocauste des Palestiniens par l’État d'Israël et de la coupable passivité de nos « grandes nations ».

Il serait également étonnant dans les mois à venir, si la population israélienne ne se lève pas en masse et ne renverse pas le gouvernement actuel, que celui-ci ne se convertisse pas à un mode de régime dictatorial et totalitaire. Il lui sera en effet difficile de continuer de mener dans la durée et de front cette campagne génocidaire en Palestine et son impérialisme régional (déclenchement d’hostilités militaires contre le Liban, la Syrie et l’Iran en cours) sans obtenir l’adhésion totale de la population israélienne derrière sa ligne politique.

A moins que l’extension du conflit lui-même, comme le soulignait sur LCI récemment l’historienne Anne Kraatz, ne soit un moyen pour le gouvernement israélien de se maintenir au pouvoir et de se légitimer par l’implication croissante d’autres nations. Dans ces conditions, comment envisager à nouveau la possibilité même, pour tous les habitants de la région, au premier rang desquels les Israéliens, d’une paix que la réplique démente de Netanyahu et de son gouvernement aura compromise pour des décennies ou anéantie à jamais ?


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Banksy

J’ai pour apaiser cette colère qui tourne folle sous mon crâne à force de récits terribles, d’images atroces et d’impuissance. L’objectif était aussi de la clarifier, la rationaliser, la poser à côté et la mettre à distance aussi. Si cet état des lieux peut servir d’argumentaire à d’autres, alors tant mieux.

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