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Neurochirurgien écrivant de la poésie, militant pour la Démocratie par & pour le Peuple, pour La Sociale, pour l’Hôpital Public et contre les armes (sub)létales

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Billet de blog 26 décembre 2023

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Il est une terre que même la pluie ignore

Personnellement, il m’est impossible, même les jours de fêtes, de ne pas avoir une pensée pour nos soeurs et frères qui souffrent à l’intérieur mais aussi au-delà de nos frontières (quel vilain mot), à quelques pas de chez nous, dans les pays frappés par la misère et la famine ou sur les nombreux terrains de guerres impérialistes qui jonchent notre planète. (poème pour un Cessez-le-feu à Gaza)

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Illustration 1
La femme et l’enfant - Gaza 2023 © Mohammed Jadallah Salem @mohammedsalem85 @Reuters

Je ne sais pas si les mots peuvent faire arrêter l’engrenage fou de cette guerre mais peut-être qu’ils peuvent apaiser, prendre soin ou parfois sauver de l’abandon ou de la déraison.

Il est une terre que même la pluie ignore

Il est une terre

au bord d’une mer calme

où les femmes et les enfants promènent

leurs corps de noyés

emportés au large de la ville

par un tsunami de bombes qui propulsent dans le ciel

et à l’horizon des rues

immeubles et écoles, églises et hôpitaux en dessinant

d’immenses vagues grises aux reflets d’écume sang et or

mixant la terre au feu et la chair au béton

 **** 

Il est une terre

que même la pluie ignore

où les mères qui dorment avec leurs enfants serrés

dans leurs bras de rivière d’épices

blottis contre leurs cœurs tumultueux comme la Besor

ont les membres arrachés de leurs rêves

sous la déflagration de leurs poitrines

écrasées dans le mille-feuille de la nuit effondrée

par le déluge de feu indistinct

de l’armée la plus morale du monde

 ****

Il est une terre

trahie par les promesses du soleil

où les femmes apaisent de leurs mains de menthe fraîche

leurs enfants brûlés vifs

par la caresse envenimée du phosphore blanc tombé du ciel

comme une malédiction divine sur leur peau de miel

et où elles consolent de leurs mains d’onguents

les moignons encore rougeoyants de la chair de leur chair

amputée court de son innocence

comme un crime de guerre sur le grand corps de l’Humanité

 ****

Il est une terre

brisée par la lune des vengeances

où les mères implorent leurs enfants

de ne plus offrir à l’ogre intifada la colère juste du ghetto

de leurs cœurs assoiffés de liberté

de ne plus jeter leur sac de peau et d’osselets gorgé de rage

à la face de l’occupant

de rester près d’elles à jouer à des jeux sages

sans fronde

ni balle dans la tête au bout de l’avenue du jour

 ****

Il est une terre

arasée par la haine coloniale

où les femmes pleurent chaque matin les corps  

de leurs enfants calmes

alignés comme des offrandes drapées de lumière

sur l’autel de la cour de l’hôpital

que les officines inquisitrices

viennent encore tourmenter jusque dans la tombe

en discutaillant le chiffre exact

du décompte de l’horreur

 ****

Il est une terre

barbelée d’oubli occidental

où les mères emmurées dans leur prison de silence et d’azur

voient des bulldozers calmes

ensevelir vivants les ombres allongées

de leurs hommes blessés et de leurs enfants meurtris

dans des charniers bientôt putréfiés par la rancœur

que leurs cris étouffés feront résonner

pour des siècles

et des siècles

 ****

Il est une terre

abandonnée des Nations

où les femmes, les enfants et les hommes

n’ont plus à manger et à boire que la poussière du chemin d’un nouvel exode

sur lequel le corps martyrisé de tout un peuple avance digne

mais affaibli par les stigmates d’un nouveau génocide

que la chair, le sang, les balles et les missiles

gravent au ciel indélébile de la mémoire humaine

sous un nouveau nom

Palestine

 **********************************************

A land that even the rain ignores

There is a land

by a calm sea

where women and children take for a walk

their drowned bodies

washed out to the suburbs

by a tsunami of bombs that propels to the sky

and on the horizon of the streets

buildings and schools, churches and hospitals, creating

immense grey waves covered by blood and gold foam

mixing earth with fire and flesh with concrete

 ****

There is a land

that even the rain ignores

where mothers that sleep with their children clasped

in their arms of spicy river

and huddled against their hearts tumultuous like the Besor

have their limbs torn from their dreams

under the deflagration of their breasts

crushed in the millefeuille of the collapsed night

under the deluge of indistinct fire

coming from the world's most moral army

 ****

There is a land

betrayed by the sun's promises

where women soothe with their cool peppermint hands

their children burned alive

by the envenomed caress of white phosphorus falling from the sky

like a divine curse on their honey skin

and where they comfort with the ointment of their hands

the still-glowing stumps of flesh of their flesh

amputated short of their innocence

like a war crime on the great body of Humanity

 ****

There is a land

shattered by the moon of vengeance

where mothers implore their children

no longer to offer the ogre of intifada the righteous anger of the ghetto

of their hearts thirsting for freedom

no longer to throw their sack of skin and small bones gorged with rage

in the face of the occupier

to stay close to them and play gentle games

without slingshot

or bullet in the head at the end of the avenue of day

**** 

There is a land

flattened by colonial hatred

where every morning women mourn the bodies 

of their quiet children

lined up like offerings draped with light

on the altar of the hospital courtyard

where inquisitive authorities

still come to torment them down to their graves

debating the exact number

of the horror count

 ****

There is a land

barbwired by Western oblivion

where mothers walled up in their prison of silence and blue sky

see calm bulldozers

burying alive the recumbent shadows

of their wounded men and bruised children

in mass graves soon to be putrefied by the rancor

that their muffled cries will echo

for centuries

and centuries

 ****

There is a land

abandoned by the Nations

where women, children and men

have nothing left to eat and drink but the dust of the road to a new exodus

on which the martyred body of an entire people advances with dignity

but weakened by the stigmas of a new genocide

that flesh, blood, bullets and missiles

engrave on the indelible sky of human memory

under a new name

Palestine

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